Seul hôpital lyonnais à assurer une mission de service public en plein centre-ville, Saint-Joseph-Saint-Luc sort gonflé à bloc d’une crise sanitaire à laquelle il a largement apporté son écot, accueillant 1580 patients Covid +, dont 260 en réanimation. Touché dans une moindre mesure par la pénurie de personnel, l’établissement regarde l’avenir avec confiance et investit massivement dans l’amélioration de son offre de soins, entre agrandissement des urgences, modernisation de ses plateaux chirurgicaux, création d’un service de médecine gériatrique et mise en service de la Maison Saint-Martin, dédiée à la prise en charge des maladies chroniques, au coeur de la Presqu’Île lyonnaise.
On pensait l’hôpital, et plus largement le système de santé français, profondément exsangue. À Lyon, l’hôpital Saint-Joseph-Saint-Luc semble bien déterminé à prouver le contraire. L’unique établissement assurant un service public en centre-ville s’extirpe avec une certaine sérénité de ces deux ans d’épidémie de Covid-19. Ses équipes ont tenu le choc et lui sont restées fidèles, dans une proportion qui ferait pâlir d’envie bon nombre d’établissements publics.
“Il y a de la fatigue, mais sans doute moins de pénurie qu’ailleurs, grâce à une notion de qualité de vie au travail particulièrement développée”, confirme la nouvelle directrice générale, Sophie Léonforte. “Nous avons bien sûr quelques difficultés sur certains segments, mais elles existaient déjà avant la crise”. En tête de liste, sans surprise, les infirmières anesthésistes et infirmières de bloc, véritables denrées rares. “Ces quelques postes vacants nous contraignent à garder 10 à 15% de nos blocs fermés depuis la levée du plan blanc, début février, mais nous n’avons aucun service entièrement fermé”, précise le Dr Emmanuel Vivier, président de la Commission Médicale d’Etablissement.
L’hôpital redimensionne les urgences les plus “urbaines” de Lyon
Cette base solide autorise Saint-Joseph-Saint-Luc à aborder l’avenir avec une certaine confiance. Voire avec ambition, comme le révèle son nouveau projet d’établissement 2022-2025, et ce malgré les aléas de son passé et une dette récurrente que 9 millions d’euros, attribués dans le cadre du Ségur de l’Investissement, vont en partie contribuer à soulager.
L’hôpital, dans ces trois prochaines années, active plusieurs leviers susceptibles d’assurer une offre de soins compatible avec les nouveaux besoins des patients. Premier enjeu, poursuivre la réadaptation d’un service d’urgences (ultra!) fréquenté par près de 40 000 personnes chaque année (dont une grande majorité de Lyonnais), quand il était dimensionné à l’origine pour 25 000. Plusieurs millions d’euros vont être investis d’ici deux ans dans son extension et un travail de fond sera mené pour réduire les délais d’attente. “10 à 15% des patients viennent pour des raisons mineures et doivent pouvoir repartir plus rapidement. Ce doit aussi être le cas des patients amenés à être hospitalisés, dont le nombre est estimé à 20%, et qui doivent vite gagner les services adéquats”, explique le Dr Vivier.
Une maison dédiée aux maladies chroniques
La Maison Saint-Martin verra le jour en octobre 2023 au coeur de la Presqu’Île lyonnaise, rue Franklin. Cet établissement médicalisé “hors les murs”, géré par des équipes pluridisciplinaires de Saint-Joseph-Saint-Luc, sera intégralement dédié aux maladies chroniques (insuffisance cardiaque ou rénale, diabète, pathologies vasculaires cérébrales…) Il sera notamment doté d’une unité de dialyse médicalisée.
L’enjeu ? Répondre à l’augmentation de l’incidence de ces maladies chroniques, à travers des parcours de soins spécifiques permettant une meilleure articulation entre professionnels de santé et l’instauration de programmes d’éducation thérapeutiques efficaces. Situé à l’extérieur de l’hôpital, cet établissement favorisera aussi l’autonomie du patient et son implication dans sa prise en charge.
L’hôpital ajuste et améliore son offre de soins
Le projet d’établissement de l’hôpital Saint-Joseph-Saint-Luc prévoit plusieurs autres aménagements notables destinées à hausser le niveau de ses prises en charge :
- Création d’une unité de court séjour gériatrique de 10 lits, pour répondre plus efficacement aux problématiques grandissantes du vieillissement de la population.
- Modernisation de ses plateaux techniques, via notamment la mise en service d’un robot chirurgical Da Vinci.
- Confortement de la maternité, avec un objectif de 2500 naissances annuelles (2350 en 2019) et de l’obtention du label ”hôpital ami des bébé”.
- Développement d’un service de soins continus, contigu au service de soins critiques, pour renforcer la capacité de l’établissement de s’adapter à un afflux brutal de patients graves.
- Création d’un hôtel hospitalier pour les patients dont l’accueil ambulatoire est compliqué (veille d’opération, etc.), “au plus tard en juin 2023”.
- Renforcement de l’expertise de l’hôpital, à travers le statut de centre de référence (endométriose, grands brulés, incontinence et, prochainement, en chirurgie réparatrice et prise en charge des plaies chroniques).
L’hôpital du centre-ville lyonnais est en pleine ébullition. Pour le plus grand bénéfice de ses patients, et du système de santé lyonnais en général, comme le résume le président de son conseil d’administration, Jacques de Chilly : “Oui, l’hôpital sort renforcé de ces deux années, avec des ambitions et de nombreux moyens”. Un message loin d’être neutre dans la grisaille sanitaire ambiante.
À SAVOIR
Le centre hospitalier Saint-Joseph-Saint-Luc résulte de la fusion en 1993 des deux hôpitaux Saint Luc (fondé en 1869) et Saint Joseph (fondé en 1894). Etablissement privé à gestion associative et à but non lucratif, l’hôpital fait bénéficier à ses patients d’une tarification publique, sans dépassements d’honoraires.