Demain dimanche, aucun joueur ne devrait rater le choc OL-OM pour cause de coronavirus. Avant cet Olympico, l’effectif lyonnais a toutefois été beaucoup moins touché par l’épidémie que l’équipe marseillaise. Pourquoi ? Les explications du Docteur Franck Pelissier, directeur médical de l’OL.
Le match OL-OM entre l’Olympique lyonnais et l’Olympique de Marseille aura lieu dimanche soir, à 21 heures, Groupama Stadium. A la veille de ce choc de Ligue 1, et dans un contexte d’épidémie de coronavirus, tous les regards se tournent vers les effectifs des deux équipes. En effet, depuis la fin du confinement, les clubs sportifs de haut niveau s’organisent pour reprendre leur activité et organiser les matchs malgré le Covid-19.
Comment mettre en place un protocole sanitaire dans un sport collectif ? Comment concilier performance sportive et protection individuelle dans un club professionnel ? Ce jeudi 1er octobre, l’émission « Votre Santé » sur BFM Lyon recevait le Dr Franck Pelissier, directeur médical de l’Olympique Lyonnais. Le médecin de l’OL a notamment répondu aux interrogations d’Elodie Poyade (BFM LYON) et de Pascal Auclair (Ma Santé) sur la gestion et le dépistage du coronavirus en cette période épidémique.
Dépistage coronavirus : les joueurs de l’OL testés deux fois par semaine
Elodie Poyade : Les entrainements de l’OL ont repris début juin. Quel a été le protocole mis en place pour cette reprise ?
Franck Pelissier : Dès la reprise, des protocoles ont été instaurés pour toutes les équipes professionnelles du training center du Groupama stadium. Cela concerne 3 équipes. L’équipe masculine, mais aussi l’équipe féminine, championne d’Europe, et l’équipe réserve. Ces protocoles sont conçus autour de 2 axes. D’abord, la recherche systématique du virus, de manière hebdomadaire voire pluri hebdomadaire quand il y a plusieurs matchs. Avec l’équipe professionnelle et son staff, cela représente environ 50 personnes à tester par équipe. Soit, au total, environ 150 personnes qui ne sont plus mélangées ni avec le public, ni avec les intervenants extérieurs. Puis, nous avons aussi mis en place des mesures concernant le nettoyage répétitif de toutes les zones occupées par les joueurs. De cette manière, nous avons pu limiter le nombre d’infectés durant cette période.
Avant OL-OM, test de dépistage systématique dans les sinus
Pascal Auclair : Avant OL-OM, combien de tests ont ainsi été réalisés par semaine ? Et quel type de test ? Est-ce un test sérologique ou nasopharyngé ?
FP : On privilégie le test simple, nasopharyngé, avec un écouvillon pour faire un prélèvement au fond du sinus. On a aussi des laboratoires qui prélèvent dans les deux sinus. Et lorsque nous étions à Lisbonne pour les préparations de la Ligue des champions, nous avions droit aux deux sinus et aux deux amygdales. Ce qui, par aparté, devient franchement désagréable !
PA : Et ces derniers tests s’effectuent tous les jours ?
FP : Non, ces tests-là sont effectués 1 à 2 fois par semaine. Concrètement, la réglementation de la fédération de l’UEFA oblige à un test 4 jours avant un match. Et pour les matchs européens, on ajoute un test la veille du match. Donc, on peut avoir 1 à 2 test(s) par semaine pour l’ensemble des équipes.
L’Olympique Lyonnais plutôt préservé du coronavirus
EP : En cas de résultat positif, quelles sont les règles à l’OL ? Isolement du joueur, du reste du groupe, du staff ?
FP : Ce ne sont pas les règles de l’OL mais des règles édictées par la Fédération pour la France et pour l’UEFA pour les Coupes d’Europe. En cas de test positif, le jouerur est immédiatement écarté du groupe professionnel. Il est isolé à son domicile pendant 7 jours. L’ensemble du groupe, lui, est (re)testé dans les 48h qui suivent. Enfin, au fur et à mesure, si d’autres joueurs sont positifs, ils sont isolés. Heureusement, depuis le début de la pandémie, la prévention mise en place a été efficace puisqu’on a eu beaucoup moins de cas positifs que la moyenne nationale.
PA : Quand on suit l’actualité sportive, on s’aperçoit que, du côté de basketteurs de l’ASVEL par exemple, comme chez les rugbymen du LOU, il y a pas mal de joueurs impactés par le virus. Avant OL-OM, on a le sentiment que, finalement, il y a eu très peu de joueurs ayant contracté le coronavirus. Est-ce le cas ? Et pourquoi ?
FP : Merci pour cette question ! Cela permet de vous démontrer que le travail effectué a été plutôt bien dirigé ! Je ne vous le cache pas, il a été très appuyé par notre président et toute l’équipe administrative. Effectivement, on a axé sur la prévention et les moyens mis en place ont été beaucoup plus importants que pour l’ASVEL. La prévention a payé et c’est pourquoi les cas positifs ont été moins importants.
Face au coronavirus, modifier ses habitudes pour limiter la contamination
EP : Justement, est-ce que la prévention entraîne de nouvelles règles ? On sait que les sportifs de haut niveau ont des petits astérisques dans leur contrat. Pas le droit de faire du ski par exemple. Avec l’arrivée de ce virus, leur demandez-vous de ne pas sortir, ne pas aller au restaurant, de rester à la maison après les entraînements ?
FP : Effectivement. Comme pour les épidémies de gastro-entérite et de grippe, on a demandé aux joueurs de limiter les contacts avec l’extérieur durant l’épidémie de coronavirus. De limiter les restaurants. Heureusement, les boîtes de nuit sont fermées ! Mais il y a toutefois les bars. Ainsi, depuis début mars, on leur a demandé de limiter toutes ces sorties. Et on a constaté que chaque fois qu’ils dérogeaient à la règle, il y avait des conséquences néfastes au niveau de la contamination.
PA : On explique régulièrement que les jeunes sont moins impactés par le coronavirus que les adultes, notamment les personnes âgées. Est-ce que les sportifs de haut niveau, eux aussi, sont moins sensibles à ce virus ? Est-ce qu’ils luttent plus efficacement contre le coronavirus ?
FP : Ce sont des athlètes de très haut niveau. Ils ont une diététique extrêmement stricte. Ce qu’on appelle le wellness est également très suivi. Ils ont donc toutes les conditions pour ne pas être des cibles faciles pour une attaque virale. En pratique, s’il y a eu des cas positifs, que ça soit chez les filles ou chez les garçons, nous n’avons eu aucun malade. Que des cas asymptomatiques.
Une préparation physique bouleversée par le coronavirus
EP : Avant OL-OM, le confinement a-t-il eu un impact sur la condition physique des joueurs ? On sait que l’OL est le premier club de ligue 1 à avoir repris début juin. Deux mois sans aucune activité. Est-ce que votre préparation a été différente ? Est-ce que vous avez été un peu plus méfiant envers les blessures ?
FP : Je vous rassure. Le confinement n’a pas été des vacances. Ni pour nous, ni pour les joueurs. Ils ont eu des programmes de préparation physique quotidiens, par tous les moyens télévisuels qu’on a aujourd’hui. Donc, ils n’ont pas été deux mois sans rien faire. Par contre, effectivement, c’était un travail individuel. Rien à voir avec un travail collectif.
En revanche, depuis la reprise, c’est une autre histoire ! Le président et l’équipe administrative ont souhaité une reprise précoce. Il fallait une préparation physique anticipée pour être au mieux pour la reprise des compétitions. On a vu que le protocole était le bon avec la demi-finale de Champion’s League. On verra maintenant après OL-OM…
Retrouvez le replay intégral de l’émission sur BFM Lyon
“Votre santé”, le nouveau magazine de BFM Lyon, est diffusé en direct tous les jeudis à 17h45. L’émission est rediffusée le jeudi soir à 21h45, 23h45, 2h45, 3h45, 4h45 et 5h45. Elle est aussi programmée le samedi à 9h45, 12h15, 15h45 et 19h45. Enfin, le dimanche, « Votre santé » est diffusé à 9h45, 12h15, 17h45 et 22h45.
A SAVOIR
Depuis la reprise de LigUe 1 et avant OL-OM, l’Olympique Lyonnais n’a enregistré qu’un seul cas de coronavirus dans l’équipe professionnel masculine. Houssem Aouar a subi un test positif fin août sans avoir développé de symptômes de la maladie. Par ailleurs, d’autres joueurs – dont Memphis Depay et Joachim Andersen – avaient été contaminés par le Covid-19 durant le confinement. Du côté de l’Olympique de Marseille, le bilan a été beaucoup plus lourd, au point de forcer le report du match d’ouverture OM-ASSE. Au total, huit joueurs de l’OM ont été contaminés par le coronavirus dont le gardien Steve Mandanda, Dimitri Payet, Jordan Amavi et Maxime Lopez.