Temps d’attente pour les tests PCR excessifs, saturation du système, dérives… Les laboratoires d’analyse sont sous le feu des critiques depuis la généralisation des tests. Dans l’émission “Votre Santé” sur BFM Lyon, Hervé Jouve, le président d’Unilians Biogroup, répond aux questions
Les temps d’attente pour les tests PCR ne cessent de s’allonger. Est-le signe d’une saturation du système ? Combien de temps faut-il attendre avant d’avoir le résultat ? Cette semaine, sur BFM Lyon, Elodie Poyade et Pascal Auclair recevaient Hervé Jouve, président du groupe Unilians Biogroup dans l’émission Votre Santé. Entre temps d’attente parfois excessif pour les tests de dépistage, soudoiement de certains laboratoires ou encore arrivée annoncée du test antigénique, l’expert fait le point sur la situation dans les laboratoires de Lyon et de la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Temps d’attente pour les test PCR trop long: une demande supérieure aux capacités des laboratoires
Elodie Poyade : Hervé Jouve, on voit depuis plusieurs jours et même depuis plusieurs semaines maintenant, des files d’attente interminables devant tous les laboratoires. Vous, au groupe Unillians, vous faites combien de tests par jour dans vos laboratoires ?
Hervé Jouve : On fait environ 5000 tests par jour dans nos laboratoires (1). La semaine dernière, on a eu 38 000 enregistrements de patients Covid sur la région Rhône-Alpes.
EP : On sait que les résultats sont un gros débat en ce moment. Le temps d’attente pour les tests PCR est de plus en plus long. Il faut attendre combien de temps pour les avoir ?
HJ : Il y a une priorisation des patients. Le délai des résultats dépend de la priorité du cas. Pour les patients prioritaires, nous rendons les résultat entre 24 h et 2 jours après le test. Pour les patients non-prioritaires, nous sommes actuellement à 6 jours car nous avons pris un peu de retard sur la fin août et le début du mois de septembre. Néanmoins, nous avons prévu de doubler nos capacités de production dès la semaine prochain. Donc, ces temps d’attente devraient chuter.
Les tests PCR pris en charge par la Sécurité Sociale
Pascal Auclair : Prendre du retard, est-ce que cela signifie qu’il y a aujourd’hui saturation du système. Est ce que le temps d’attente pour les tests PCR est de plus en plus long ?
Je pense que l’attente ne sera pas de plus en plus longue. Elle va même diminuer parce qu’on a atteint notre pic de différence entre la demande et notre capacité de production. Ce retard sur les patients non-prioritaires va se réduire dès la semaine prochaine.
Justement cette priorisation des patients a été faite sur la demande de Jean Castex la semaine dernière. Depuis, Olivier Veran (le ministre de la Santé) l’a confirmé. De votre coté, voyez-vous un changement depuis cette annonce. Est-ce que vous pouvez nous rappeler comment se passe cette priorisation ? Qui est prioritaire pour aller se faire tester aujourd’hui ?
Il y a 3 catégories de prioritaires :
- Les gens qui ont des symptômes, des symptômes constatés par un médecin.
- Les personnes contacts. Celles qui ont été en contact avec une personne validée cas positif par l’ARS et qui a été prévenue par les autorités sanitaires.
- La dernière catégorie, ce sont les professionnels de santé qui exercent dans le milieu libéral.
Donc, pour être clair, aujourd’hui, toutes ces personnes peuvent se rendre dans votre laboratoire et la Sécurité Sociale prend en charge tous ces tests ?

Le remboursement dépend d’une nomenclature. Elle a été mise en place au début de la crise, quand les laboratoires avaient une capacité importante de réalisation des tests par rapport à la demande qui était à l’époque plus faible. À l’époque, on nous imposait de tout rendre en 24h pour avoir un remboursement. Depuis, les demandes du gouvernement ont un petit peu changé mais le texte n’a pas bougé. Néanmoins, je pense que les tests sont désormais remboursés bien qu’on ne puisse pas les réaliser en 24 h.
Fraudes chez certains laboratoires : attention aux dérives
On voit apparaître (notamment en région parisienne) des laboratoires qui “profitent” de la crise en proposant d’avoir les résultats en 2h seulement contre la somme de 100€. Est ce que vous savez si ce genre de pratiques a cours dans la Métropole de Lyon. Vous en avez entendu parler ?
C’est strictement interdit. En région Rhône-Alpes, Unilians Biogroup est leader. Or, il n’est pas question pour un leader d’avoir recours à une pratique interdite. J’ai entendu parler de ces dérives dans les médias mais jamais auprès de mes confrères. Cependant, cela a pu arriver, comme tout peut arriver…
On évoque aussi les accros aux tests PCR qui viennent se faire tester tous les jours. Ces hypocondriaques contribueraient à saturer le système de dépistage. Est ce que ça existe ?
HJ : Ils existent peut-être mais cela reste extrêmement marginal. Donc, non, ce n’est pas eux expliquent la saturation des laboratoires.
Le test antigénique moins sensible et moins automatisable
Est-ce que vous pouvez rappeler rapidement la différence entre les tests PCR et la sérologie ?
En deux mots, le test PCR est une recherche directe du virus à l’endroit de l’infection. C’est à dire dans le rhinopharynx, par un écouvillonnage. La sérologie est une prise de sang. Elle cherche la trace du virus à travers la réponse de l’organisme, c’est à dire les anticorps.
On entend beaucoup parler du test antigénique ces dernier temps. Olivier Veran a expliqué qu’il voulait le mettre sur le marché : qu’est ce que c’est ? Comment cela va arriver ? Et finalement, est ce que c’est mieux que le test PCR ?
Le test antigénique est un test qui utilise le même prélèvement que le test PCR. C’est à dire rhinopharyngique. Ici, on ne recherche pas l’ARN (NDLR: Acide Ribonucléique, molécule très proche de l’ADN) du virus, c’est à dire son génome. Avec le test antagonique, on cherche l’antigène, c’est à dire, une caractéristique externe du virus. C’est quelque chose de beaucoup moins sensible et de moins automatisable.
Retrouver l’intégralité de l’émission en replay.
(1) En région Auvergne-Rhône-Alpes, Unilians Biogroup compte 115 laboratoires dont 70 dans le Rhône, 3 plateaux techniques Covid. Le groupe emploie plus de 140 biologistes.
À SAVOIR
“Votre santé”, le nouveau magazine de BFM Lyon, est diffusé en direct tous les jeudis à 17h45. L’émission est rediffusée le jeudi soir à 21h45, 23h45, 2h45, 3h45, 4h45 et 5h45. Elle est aussi programmée le samedi à 9h45, 12h15, 15h45 et 19h45. Enfin, le dimanche, « Votre santé » est diffusé à 9h45, 12h15, 17h45 et 22h45.