image d'une femme allergique en train de se moucher ma santé
En Auvergne, on estime que la prise de médicaments contre les allergies a augmenté de 50% entre 2005 et 2015. © Freepik

Fléau des beaux jours et allergie la plus courante, le rhume des foins touche aujourd’hui plus d’un quart de la population. Quels sont les symptômes ? Y a-t-il des personnes plus à risques ? Quels sont les astuces pour passer un printemps confortable ? Peut-on vraiment échapper aux pollens ? Décryptage avec le Dr Elena Lungoci, allergologue au Puy-en-Velay, et le Dr Richard Sillam, allergologue à Grenoble.

Le printemps, avec ses températures douces et ses fleurs épanouies, est une saison que beaucoup adorent. Mais que certains redoutent, aussi… Pour tous ceux qui souffrent d’allergies, cette période peut être très pénible à vivre. En effet, le retour du printemps marque également le retour des pollens, déclencheurs fréquents des allergies respiratoires. Pourquoi le printemps est-il propice aux allergies ? Quelles sont les périodes précises où ces allergies sont les plus courantes ? Peut-on échapper aux pollens ? Les réponses du Dr Éléna Lungoci, allergologue au Puy-en-Velay, et du Dr Richard Sillam, allergologue à Grenoble.

Comprendre les allergies printanières : période, éternuements, nez qui coule…

Quelle est la période exacte des allergies ?

Pour résumer, il y a trois saisons polliniques qui se succèdent pendant l’année. La première saison (mi-février à fin avril) est celle des pollens d’arbres (olivier, platane, bouleau, chêne, etc).

Ensuite, arrive la saison des pollens graminées (début mai – fin juillet) qui correspond à la période du « rhume des foins ».

Puis la saison se termine avec les pollens des herbacées (début août – jusqu’aux premières gelées).

Allergies aux pollens : gare aux graminées !

Dans notre région, les graminées, responsables du « rhume des foins », représentent l’allergie la plus fréquente devant les pollens des arbres (noisetier, bouleau), les pollens des herbacées (ambroisie, armoise) et les moisissures (alternaria, aspergillus). Dans les prairies, sur les rochers, dans l’eau, les fossés et le bord des routes. Le risque allergique atteint son paroxysme pendant les périodes de fort ensoleillement.

Quels sont les symptômes des allergies aux pollens ?

L’allergie aux pollens ou “allergie aérienne” peut se manifester par une rhinite allergique ou “rhume des foins”, c’est à dire des crises fréquentes d’éternuements, le nez qui coule ou se bouche régulièrement, et des démangeaisons au niveau des narines.

Mais elle n’est pas aussi banale qu’elle en a l’air. En plus d’avoir un impact important sur la qualité de vie, les allergies non traitées peuvent entraîner diverses complications : sinusite, conjonctivite, otite, bronchite, difficultés respiratoires et asthme.

À cause de ses symptômes très peu confortables, la rhinite allergique peut aussi engendrer des problèmes de sommeil. D’ailleurs, la rhinite allergique est l’une des premières causes d’absentéisme à l’école et au travail.

Que faire en cas de persistance des symptômes ?

Un bilan allergologique avec des tests ciblés afin de confirmer le diagnostic et mettre en place une prise en charge adaptée. Chaque patient est différent en allergologie, d’où l’intérêt d’un traitement « personnalisé » : il s’agit de l’immunothérapie spécifique allergénique (ITA), connue sur le nom de désensibilisation. Pour les graminées, un traitement par comprimé est possible et doit être entrepris quatre mois avant le début de la saison.

Quel impact les allergies peuvent avoir sur les asthmatiques ?

L’asthme et l’allergie sont deux états étroitement liés. L’allergie peut être l’une des principales causes de l’asthme. Ces deux termes ne doivent pas être confondus. L’asthme est une maladie chronique qui consiste en une inflammation des bronches qui s’irritent et s’étrécissent tout en entraînant des difficultés respiratoires. Dans l’asthme allergique, cette inflammation bronchique est une réaction de bronches qui tentent de se défendre contre un élément extérieur, qu’on appelle l’allergène, dans notre cas les pollens.

Comment diminuer les symptômes des allergies aux pollens ?

Plusieurs astuces doivent être mises en place pour arrêter ou au moins diminuer les symptômes des allergies aux pollen : aérer les espaces intérieurs plutôt le soir, ne pas laisser les fenêtres ouvertes la journée, ne pas sécher le linge en plein air, porter des lunettes de soleil, ne pas conduire avec les fenêtres ouvertes.

Allergies respiratoires: de plus en plus de personnes concernées

Observe- t-on de plus en plus de personnes touchées par les allergies ?

Oui, effectivement, il y a des plus en plus de personnes allergiques. Environ 20% à 30 % de la population est actuellement atteinte d’une allergie respiratoire, alimentaire, de contact, médicamenteuse, etc. Actuellement, les maladies allergiques sont classées au quatrième rang par l’OMS, derrière le cancer, les maladies cardio-vasculaires et le SIDA.

Peut-on agir en prévention contre les allergies ?

Pour agir en prévention contre une maladie, il faut en connaitre les causes. Il est difficile de connaitre toutes les causes des allergies, mais on peut déjà préciser que la pollution, le réchauffement climatique, une alimentation déséquilibrée et un mode de vie stressant sont quatre des principales causes qui peuvent être responsables de l’augmentation des allergies.

Depuis quelques années, les chercheurs se posent la question des progrès accomplis en matière d’hygiène. A vivre dans un univers trop propre, une hygiène quotidienne excessive, notre système immunitaire est sous-employé pour ses vraies fonctions et en conséquence il s’activerait contre des choses banales, comme les pollens, les acariens ou autre (théorie hygiéniste).

Quels sont les traitements médicamenteux ? Peut-on se faire désensibiliser ?

Le premier traitement que l’on peut proposer à un patient allergique, après avoir mis en place des mesures d’éviction – ce qui n’est pas évident pour les allergies respiratoires- c’est le traitement symptomatique (traitement antiallergique) : les antihistaminiques et les corticoïdes. En fonction de la gravité des symptômes, on va privilégier l’un ou l’autre. Ces médicaments vont soulager les symptômes pendant la période de la prise, mais cela ne l’empêche pas d’évoluer dans le temps. Dès l’arrêt de ce traitement, les troubles reprennent.

Le traitement le plus intéressant est la désensibilisation (immunothérapie spécifique). Cette désensibilisation est finalement le seul traitement curatif qui s’attaque à la cause même des symptômes allergiques. Ce qu’on attend d’une désensibilisation, c’est d’être moins allergique, donc moins gêné, afin de diminuer voire d’arrêter les médicaments symptomatiques (antihistaminiques, corticoïdes, etc ).

À SAVOIR

Chaque période pollinique est différente, et chaque région de France est différente. En réalité, tout dépend du climat. Il est très important de suivre le calendrier et la cartographie des pollens pour éviter au maximum les symptômes. Le réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA) met à jour de manière hebdomadaire une « carte de vigilance » pour prévenir les patients concernés du risque d’allergie selon la région et selon chaque type de pollen. Un site internet en accès libre (www.rnsa.fr), ainsi que des applications mobiles (« alertes pollens ») sont mis à la disposition des personnes allergiques.

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