Anesthésies
Plus de 11,5 millions d'anesthésies sont réalisées chaque jour en France. ©saint_Pixabay

Parfaitement maîtrisée et de plus en plus pratiquée, l’anesthésie suscite pourtant toujours quelques interrogations. Face aux idées reçues, le Dr Jean-Philippe Rey, anesthésiste-réanimateur au centre hospitalier de Valence, démêle le vrai du faux, notamment en ce qui concerne les risques et effets secondaires.

L’anesthésie s’utilise dans le cadre de certaines interventions médicales et chirurgicales pouvant être douloureuses pour le patient. En fonction de l’opération à réaliser, les professionnels peuvent choisir de pratiquer une anesthésie locale ou loco-régionale (au niveau de la zone à opérer) ou alors générale (sur l’ensemble du corps). 

Il s’agit de réaliser un « endormissement » ressemblant à celui de l’hypnose, ciblé ou étendu à l’ensemble du corps, selon les cas, pour faciliter la pratique d’une opération pénible pour le patient ou contraignante. Cet état est possible à l’aide de solutions médicamenteuses, administrées par voie intraveineuse ou parfois par voie respiratoire dans le cas d’une anesthésie générale.

L’anesthésie locale 

L’anesthésie locale consiste à injecter un produit anesthésiant au niveau de  la zone à traiter pour bloquer la réaction des nerfs. Elle devient donc insensible. Le patient reste conscient et éveillé durant l’opération, seule une partie de son corps est endolorie. 

Les professionnels de santé (dentistes, obstétriciens, gastroentérologues…) pratiquent généralement ce type d’anesthésie en cabinet médical. La partie du corps à opérer devient insensible, juste avant une intervention banale (dévitalisation ou extraction dentaires, coloscopies…). 

L’anesthésie loco-régionale 

Seul un anesthésiste peut pratiquer l’anesthésie loco-régionale dans un bloc opératoire. L’injection du produit anesthésiant se fait à une certaine distance du site à opérer et non directement sur celui-ci. La zone endormie est donc plus importante que pour une anesthésie locale et concerne toute une partie du corps (jambes, bras…).

L’anesthésie générale ou l’état d’inconscience

L’anesthésie générale est la plus couramment pratiquée en France. Le patient est entièrement plongé dans un état d’inconscience et l’insensibilité de ses membres est généralisée. Cet état peut s’apparenter à un sommeil profond durant lequel le patient n’est plus attentif à ce qu’il se passe autour de lui et ne ressent plus la douleur. 

L’anesthésiste la pratique pour des opérations éprouvantes et pouvant être traumatisantes pour le patient (chirurgies internes par exemple). Ce procédé facilite également le travail des professionnels-chirurgiens en immobilisant le patient dans certaines interventions complexes à réaliser.

Chaque intervention médicale comporte son lot de risques. Les conséquences des anesthésies locales et loco-régionales sont moindres, la zone concernée étant limitée. Une insensibilité ou un engourdissement des endroits traités peut tout de même persister quelques heures après l’opération. 

Dans le cas d’une anesthésie générale, des effets secondaires peuvent apparaître dès le réveil (nausées, vomissements…). Des maux de gorge, enrouements, dysphagies ou de légers problèmes dentaires peuvent également survenir. Ceux-ci peuvent être les conséquences de l’introduction d’un dispositif respiratoire pendant l’anesthésie. Certains patients peuvent également être victimes de troubles de la mémoire ou de la concentration les jours suivants ce type d’intervention. Ces perturbations disparaissent généralement au bout de quelques jours. 

Des idées préconçues à démanteler 

Les conséquences immédiates ou post-opératoires de l’anesthésie ont connu de nombreuses améliorations au fil des décennies. Si l’appréhension de ne pas se réveiller après une anesthésie générale est répandue, dans la réalité ce type de cas est quasi inexistant. Une possible absence de réveil serait le résultat d’une complication (hémorragie, état de choc…) empêchant le médecin d’arrêter l’anesthésie.

Se réveiller en pleine opération, autre crainte fréquente, n’est pas ou plus probable. L’injection du produit anesthésiant étant continue, le patient se réveille lorsque celle-ci est stoppée. 

Les principaux accidents postopératoires sont cardiovasculaires. Les personnes à risques sont donc celles ayant des pathologies cardiaques et des antécédents médicaux comme certaines personnes âgées, par exemple.

Depuis 1994, la mise en place de réformes a révolutionné l’anesthésie. La  prise en charge du patient s’est nettement améliorée permettant de réduire les risques au maximum. On réalise ainsi l’anesthésie des enfants de moins de 1 an dans les centres médicaux habilités en chirurgie infantile. 

Le patient bénéficie ainsi d’une surveillance durant toute l’intervention. Avant une anesthésie générale ou loco-régionale, une consultation est obligatoire. Cet examen avec l’anesthésiste lui permet d’évaluer l’état de santé du patient via un questionnaire sur ses allergies et antécédents personnels et familiaux. Objectif : adapter les interventions et la formule anesthésiante en fonction des risques pour le patient. 

À la fin de l’opération et de l’administration du médicament (générale ou loco-régionale), le patient se rend en salle de réveil.  Les professionnels surveillent ainsi son état de santé et l’accompagnent à son réveil (une dizaine de minutes après). 

À SAVOIR

La France compte environ près de 11 500 anesthésistes-réanimateurs, cette pratique étant de plus en plus répandue (plus de 11,5 millions par an). L’expertise autour de ce domaine s’est également beaucoup développée et les complications possibles rigoureusement appréhendées. 

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Diplômée d'un master 2 de journaliste à l'Université Lyon II, Mélissa Gajahi a mis son talent de rédactrice et son esprit de synthèse au service du Groupe Ma Santé pendant près de trois ans, avant de partir exercer ses nombreux talents sous d'autres cieux journalistiques.

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