Le mésusage des antibiotiques est responsable de 5500 décès chaque année en France. Comment faire face à cet abîme et que signifie l’antibiorésistance ? Ma Santé vous donne les clés pour comprendre cette problématique qui prend de plus en plus d’ampleur dans notre société.
« Les antibiotiques, c’est pas automatique. » Cette campagne de communication du Ministère de la Santé en 2012 faisait déjà état d’une surconsommation. Si cette opération a permis de diminuer les usages, la menace pour la santé reste forte. Les pronostics pour 2050 sont alarmants. La résistance aux antibiotiques, liée à une consommation excessive ou inadaptée, pourrait devenir la première cause de mortalité dans le monde, devant les cancers, avec plus de 10 millions de victimes en France.
Les explications du Dr Soraya AIOUAZ, médecin de santé publique et chargée de mission AntibioRésistance à l’Agence Régionale de Santé Auvergne-Rhône-Alpes.
Antibiorésistance : de quoi parle t-on ?
La prise abusive ou inadaptée (traitement injustifié, mal suivi ou arrêté trop tôt) des antibiotiques n’est pas sans incidence sur la santé. Les bactéries, celles responsables de l’infection tout comme celles naturellement présentes dans notre corps (le microbiote), peuvent développer des nouveaux mécanismes de résistance aux antibiotiques. Cette antibiorésistance contre ainsi l’efficacité des antibiotiques comme solution thérapeutique pour soigner les infections bactériennes.
Résistance aux antibiotiques : en quoi est-ce dangereux ?
Les antibiotiques sont conçus pour lutter contre les infections d’origine bactérienne. Lorsqu’ils sont utilisés à tort, pour essayer de traiter un virus par exemple, ces médicaments sont non seulement inefficaces mais surtout dangereux. Ils peuvent en effet perturber l’équilibre du microbiote principalement au niveau de la flore digestive, gynécologique voire cutanée. Des pathologies plus ou moins graves peuvent ainsi se développer (mycoses, troubles intestinaux, maladies inflammatoires…).
Conséquence plus dramatique, le risque premier de l’antibiorésistance est l’échec des traitements antibiotiques, quels qu’ils soient, sur les infections bactériennes. Devenant alors incurables, ces infections auparavant bénignes pour certaines, peuvent être mortelles. Cette issue fatale concerne 5500 personnes chaque année en France.
Antibiorésistance, les bonnes attitudes pour s’en protéger
Cela concerne tout le monde. Adopter quelques comportements plus responsables et adaptés peuvent cependant permettre de s’en prémunir.
- N’utiliser des antibiotiques que lorsqu’ils sont nécessaires. Seul un professionnel de santé peut certifié le diagnostic d’une infection bactérienne et aviser la thérapie adaptée.
- Surveiller la composition et l’origine des aliments que vous consommez. Le mesurage des antibiotiques concerne également les animaux des élevages destinés à la consommation.
- Respecter rigoureusement l’ordonnance de votre médecin et ne pas décider de l’arrêt d’un traitement antibiotique seul, même après amélioration de votre état de santé.
- Ne pas consommer d’antibiotiques sans l’avis d’un professionnel de santé. En effet, les signes d’une infection d’origine bactérienne ou virale sont souvent les mêmes, comme pour l’angine, seul un dépistage peut permettre de les différencier.
- Limiter l’utilisation des antibiotiques de manière raisonnée et quand cela est possible.
- Privilégier les vaccination permettant de prévenir les maladies concernées et limiter l’usage des médicaments pour leur traitement.
La région Auvergne-Rhône-Alpes moins touchée
Les chiffres régionaux sur la consommation des antibiotiques sont parmis les plus faibles de France. En 2018, le nombre de prescriptions d’antibiotiques était de 2,10 par habitant (soit une baisse de 15% en neuf ans) tandis que la moyenne nationale est d’environ 2,40.
Les personnes vivant en milieu rural consomment en général moins que les urbains. La majorité des antibiotiques, soit 93%, sont délivrés en ville.
À SAVOIR
Les bactéries ayant développé des mécanismes de résistance à plusieurs familles d’antibiotiques sont appelées bactéries multi-résistantes aux antibiotiques (BMR). Les principales bactéries concernées par l’antibiorésistance sont le staphylocoque doré ainsi que les entérobactéries présentes dans le tube digestif.