Arthrose
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En matière de traitement de l’arthrose, l’arsenal thérapeutique est encore limité. Voilà pourquoi il est essentiel de connaître et limiter au maximum les facteurs de risques. Les explications avec le Dr Muriel Piperno, rhumatologue praticien hospitalier au CHU de Lyon.

La douleur ressentie par les personnes souffrant d’arthrose va-t-elle crescendo ? Comment handicape-t-elle les personnes qui en souffrent au quotidien ?

L’arthrose est communément définie comme une dégénérescence du cartilage. Le cartilage est un tissu non innervé. De ce fait, la douleur ne vient pas directement de la lésion du cartilage, mais de l’articulation, des tendons, des ligaments, des os ou de la membrane synoviale.

L’arthrose est une maladie qui évolue par poussées inflammatoires  : la poussée est douloureuse mais lorsqu’elle est terminée, les gens ne souffrent plus, en général jusqu’à la prochaine poussée. La durée d’une poussée peut varier de quelques jours à quelques semaines. La douleur ne va donc pas forcément s’intensifier avec le temps. Cependant, dans les formes d’arthrose très évoluées, la douleur devient permanente  : il s’agit d’une douleur mécanique, c’est à dire aggravée par l’effort et soulagée par le repos.

L’arthrose, une douleur incommodante au quotidien

Quelle est l’évolution de la maladie ?

L’arthrose est une maladie qui évolue par crises. On peut distinguer différentes sortes d’arthrose.

-La première est une forme rare et très destructrice. En un ou deux ans, on voit  le cartilage s’user, le plus souvent au niveau de la hanche. La plupart du temps, cela conduit à la pose d’une prothèse. C’est ce que l’on appelle l’arthrose destructrice rapide.

-La seconde est l’évolution par poussées. Quand la poussée se termine, le patient n’a plus mal jusqu’à la poussée suivante. C’est la forme la plus fréquente avec une usure progressive sur 10 à 20 ans.

-La troisième est l’arthrose très progressive. Elle ne fonctionne pas vraiment par crises, peut évoluer sur des dizaines d’années et ne jamais conduire à une prothèse.

-Une forme particulière est l’arthrose érosive des doigts. Là, la douleur est très forte et cette forme est très destructrice et entraîne un handicap majeur. Les gens sont extrêmement gênés dans leurs activités quotidiennes, et il n’y a pas beaucoup de solutions pour les soulager.

Que peut-on faire pour lutter contre la douleur ?

Dans un premier temps, on peut mettre l’articulation au repos quand on est en crise, cela atténue la douleur. On peut aussi appliquer soit du chaud, soit du froid, il n’y a pas de règles, cela dépend du patient. On peut utiliser des crèmes ou des patchs anti inflammatoires sur l’articulation douloureuse. On dispose également de médicaments antalgiques, et celui à privilégier est le paracétamol. Pendant les grosses crises, il est possible de prendre un anti-inflammatoire non stéroïdien, mais uniquement sur prescription médicale. Enfin, l’acupuncture, la mésothérapie ou encore la sophrologie peuvent aider à gérer la douleur surtout quand elle devient chronique.

Pas de traitement pour guérir l’arthrose

Quels sont les traitements ?

Peut-on guérir l’arthrose ? Malheureusement, la réponse est non car il n’existe pas actuellement de traitement capable de stopper ou même de ralentir l’usure du cartilage. En revanche, il existe des traitements symptomatiques, c’est-à-dire qui vont soulager la douleur et améliorer la fonction et on distingue deux catégories  :

-Les traitements non spécifiques de l’arthrose  : il s’agit  des anti-inflammatoires et des antalgiques qui  luttent contre l’inflammation et la douleur.  Ces traitements ont une action rapide mais n’agissent qu’à court terme. Ils s’administrent par voie générale ou locale. L’infiltration de cortisone (le plus puissant des anti-inflammatoires), pour traiter les crises aiguës fait partie des traitements non spécifiques de l’arthrose  : par exemple lorsqu’un genou est gonflé, on peut le ponctionner pour retirer le liquide puis injecter de la cortisone.

-Les traitements spécifiques de l’arthrose ou anti-arthrosiques symptomatiques d’action lente pour lutter contre la douleur  et améliorer la fonction : il s’agit de traitements de fond, dont l’effet qui se fait sentir au bout deux ou trois mois, persiste quelques mois après l’arrêt. Ils s’administrent par voie générale ou locale. Les traitements par voie générale ont  été récemment dé-remboursés car les preuves concernant leur efficacité (et notamment la baisse de la consommation d’anti-inflammatoires) ont été jugées insuffisantes.

Les traitements locaux sont encore remboursés, mais cela est en réexamen  : il s’agit de l’infiltration  d’acide hyaluronique, appelée  aussi viscosupplémentation  : l’acide hyaluronique est l’un des composants du cartilage et a un effet anti-inflammatoire et antalgique. Il s’agit d’une injection dans le genou, mais contrairement à l’infiltration de cortisone,  l’effet n’est pas immédiat, mais dure plus longtemps.

Existe-t-il également des prises en charge non médicamenteuses ?

Tout d’abord, il est recommandé de pratiquer une activité physique régulière. Quand on a de  l’arthrose, il faut bouger  ! J’ajoute qu’il faut perdre du poids quand cela est nécessaire.  Non seulement, cela contribue à diminuer la douleur, mais cela limite aussi les risques d’aggravation. Il existe des programmes d’éducation thérapeutique dont l’objectif vise à aider les patients à gérer au mieux leur vie avec une maladie chronique.

Les cures thermales peuvent aussi aider la prise en charge de la douleur, et permettre de limiter la consommation de médicaments. Les semelles orthopédiques peuvent être bénéfiques dans le cas de l’arthrose du genou. On peut citer le port d’une canne du côté non malade pour décharger la hanche ou le genou, l’attelle de repos pour l’arthrose du pouce. Enfin  l’acupuncture, la kinésithérapie (à visée de renforcement musculaire) et la pratique de du tai chi chuan peuvent aider à la prise en charge de l’arthrose.

Des prothèses de la hanche et du genou pour les arthroses sévères

Quand opérer et quelles sont les opérations les plus courantes ?

Les opérations vont s’adresser essentiellement aux personnes souffrant d’arthrose de la hanche et du genou.

Ce qui va motiver ou non une opération, ce n’est pas ce que l’on va voir sur la radio mais la douleur et l’impotence fonctionnelle ressenties par le patient, deux éléments que l’on va évaluer  par des échelles et des scores. Ainsi c’est le patient qui avec l’aide de son  médecin décidera de se faire opérer. Pour qu’il soit satisfait de la chirurgie, il faut bien définir ce qu’il en attend.

-Au niveau de la hanche, il s’agit de la prothèse totale. Elle permet une vie quasi normale et d’avoir une pratique sportive en dehors des sports à niveau d’impact élevé comme le squash ou le ski nautique.

-Au niveau du genou, on peut proposer avant la prothèse l’ostéotomie. Il s’agit de ré-axer la jambe afin de  décharger le compartiment abimé (interne ou externe) sur l’autre compartiment intact. Elle permet de faire gagner 10 ans sur la prothèse mais n’est pas possible dans tous les types d’arthrose.

– La prothèse de genou est soit totale, soit uni-compartimentale. Cette dernière n’est possible que s’il n’y a pas de lésion des ligaments. La prothèse permet de marcher sans douleur et pour ma part, j’attends que le patient soit vraiment gêné pour marcher avant de la proposer car elle ne permet pas de reprendre toutes les activités physiques et sportives souhaitées.

-Enfin pour l’arthrose du pouce, la rhizarthrose, on peut proposer une intervention chirurgicale, notamment pour les jeunes patients qui travaillent et sont très gênés.

Pas de solution miracle pour vaincre l’arthrose

Y a t-il eu de récentes avancées dans la recherche au sujet de l’arthrose ?

Il y a eu des avancées, même si cela reste du domaine de la recherche, notamment dans la prise en charge de la douleur. Un traitement, le Tanezumab, a fait l’objet de plusieurs études chez l’homme, mais n’est pas encore commercialisé. Ce traitement n’est pas spécifique de l’arthrose mais cible une voie de signalisation de la douleur. C’est intéressant car nous sommes assez limités avec les antalgiques  : le dextropropoxyphène a été supprimé, le tramadol et les dérivés morphiniques ne sont pas toujours bien tolérés. Nous avons vraiment besoin d’un nouvel antalgique.

Au niveau de la recherche fondamentale, on n’a pas encore trouvé de traitement qui ralentisse la progression de l’arthrose, et c’est sur cela que travaillent les chercheurs.

En revanche, cela bouge du côté des thérapies cellulaires. La greffe de chondrocytes  est une approche séduisante. Comme le chondrocyte est capable de fabriquer tous les éléments de sa matrice, il pourrait refabriquer du cartilage. Malheureusement les essais sont peu concluants pour le moment.

On travaille aussi avec les cellules souches  : elles ont la particularité de pouvoir se transformer en n’importe quel type de cellule. On les trouve dans le placenta, le sang de cordon, la moelle osseuse, la graisse… En Europe, il existe un vaste programme «  ADIPOA  » qui travaille avec les cellules souches des tissus adipeux. Des études sont en cours dans l’arthrose chez l’ homme  : il s’agit de greffe autologue (on greffe au patient ses propres cellules).

Enfin, des Coréens ont réalisé une étude avec les cellules souches de sang de cordon. Il s’agit de greffe hétérologue. Pour le moment, on vise le traitement des lésions isolées du cartilage, mais les Coréens veulent développer cette thérapeutique pour l’arthrose.

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A savoir

L’arthrose est en nette augmentation ces dernières années : elle touchait 15% de la population en 1990, contre 18% prévus à l’horizon 2020. Source : Université Lyon Sud.

2 Commentaires

  1. Mon Epouse a eu un accident du travail en 1995 elle était suivie jusquà son décès il y a 2 mois la cause !!!!
    Médicaments sur médicaments !!!
    Celebrex !!! Art 50 !!!! Di-Antalvic !!! S

  2. Je reprends mon précèdent message !!car il est parti par erreur !!
    Donc Celebrex 500 !! Art 50 !! Di-Antalvic !!Structum!!!Chondrosulf !! Doliprane 1000 !! et autresz ceci depuis son opération suite à son accident.
    Ceci n’est pas pensable 20 ans !! tous les jours Non et Non ma chérie Tu nous a quitté faute aux médicaments qui t’ont perforé ton ESTOMAC!! jamais il t’a donné des Gélules pour refaire la Pellicule!! Ton genou partait en déconfiture !! il aurait pu te faire mettre une Prothèse
    Je veux que justice te soit rendue.
    Dors en paix.Je ne fais que de penser et ton Chat est perturbé
    Merci

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