Autisme Asperger
L'autisme d'Asperger est une spécificité du spectre des troubles autistiques. ©freepik

Décrit pour la première fois par Hans Asperger en 1944, l’autisme Asperger continue de questionner. Difficultés sociales, intérêts spécifiques, routines et rituels… Mais quelle différence avec l’autisme ? Le point sur l’autisme Asperger et ses particularités avec Sophie Giraud, psychologue spécialisée dans les troubles du spectre autistique à Chambéry.

L’autisme Asperger n’existe plus officiellement. Inclus dans le spectre des troubles autistiques, il n’est désormais plus question que de « spécificités » autistique. Une forme d’autisme désormais dite de niveau 1. Toutefois, on continue à expliciter cette réalité à part sous le terme d’autisme Asperger.

« Il y autant de formes d’autisme que de personnes touchées par l’autisme », explicite Sophie Giraud. En effet, les Troubles du Spectre Autistique (TSA) constituent diverses réalités, toutes uniques pour chaque personne. Toutefois, certaines caractéristiques se retrouvent chez les personnes présentant un syndrome d’asperger. Une spécificité partagée et non une pathologie.

« L’autisme n’est pas une maladie à soigner, c’est simplement un fonctionnement cérébral différent. Une façon nuancée de percevoir le monde qui nous entoure ». Explications sur ce syndrome d’Asperger avec Sophie Giraud, psychologue spécialisée dans les TSA.

Asperger : une spécificité de l’autisme

Le spectre de l’autisme est large. Déficit intellectuel, difficultés verbales, facultés hors du commun… Dans les Troubles du Spectre Autistique (TSA), les possibilités sont multiples. « Comme pour le spectre de la lumière, l’autisme regroupe un très large éventail de personnalités singulières et de formes autistiques variées », déchiffre Sophie Giraud. « Le TSA rassemble l’ensemble de ces formes en fonction de l’intensité des troubles et du niveau de soutien nécessaire ».

Pour parler d’autisme, il faut néanmoins noter un ensemble de particularités qui diffèrent de la population non-autiste, aussi dite neurotypique. « La dyade autistique représente ces spécificités. On parle de déficits persistants dans la communication et l’interaction sociale, ainsi que des intérêts et comportements restreints et répétitifs. Enfin, la gestion émotionnelle et sensorielle est tout aussi spécifique ».

Ainsi, différences neuroanatomiques et neurologiques entre personne autiste et non-autiste sont rapportées. Néanmoins, beaucoup d’inconnues scientifiques restent encore à explorer.

Enfin, si les diverses formes d’autisme font toutes parties du spectre autistique, l’autisme d’Asperger aborde des particularités que tous les autistes n’ont pas. Point commun essentiel ? Une intelligence normale ou supérieure à la norme et aucun retard de langage. « Ce sont des personnes aux bonnes capacités intellectuelles et verbales. Cependant, l’interaction, les subtilités du langage, inférer une pensée ou émotion à autrui ou encore interpréter les codes sociaux sont autant de difficultés », explicite Sophie Giraud.

Les difficultés de détection, un frein à son bon diagnostic

Dans le cadre de l’autisme d’Asperger, on parle régulièrement d’une « errance diagnostique ».  Nombreux sont ceux qui se découvrent autistes Asperger du jour au lendemain, parfois même à l’âge adulte. Mais pourquoi un tel délai ? Quel frein retarde la prise de conscience de cette spécificité ?

Pour Sophie Giraud, l’explication vient principalement du fait d’une « différence bien moins visible » que d’autres troubles. Ainsi, entre « invisibilité » des particularités comportementales et psycho-cognitives et confusion avec d’autres troubles, l’errance peut être longue. À moins de tomber sur un spécialiste informé ou un article permettant une prise de conscience personnelle, détecter ces spécificités autistiques reste compliqué.

Suite à une prise de conscience, un doute, le diagnostic constitue une étape nécessaire à la confirmation d’un diagnostic. Sans le diagnostic, aucun moyen de vérifier l’intuition. Mais pareillement, le délai écoulé avant d’obtenir un rendez-vous au centre ressources autisme (CRA) du département est assez long. « Il y a encore trop peu de professionnels formés aux particularités de l’autisme. Les délais d’attente sont donc très longs », explique Sophie. De quoi rajouter à « l’errance diagnostique voir même à l’erreur de diagnostic ».

L’autisme d’Asperger, des particularités et des idées reçues

La première idée reçue sur l’autisme est celle de l’enfant silencieux, sourd face aux discussions des personnes alentours. Si ce stéréotype est exagéré et ne renvoie pas forcément à la réalité, il dénote toutefois la complexité des interactions sociales pour une personne autiste. En outre, le syndrome d’Asperger est perçu par autrui comme une moindre difficulté d’interaction, mais pour la personne souffrant de ce syndrome il s’agit d’un souci omniprésent.

D’autre part, les préjugés voudraient que les « aspies » (autistes Asperger) soient insensibles à toute situation. Or ils possèdent une hypersensibilité, entrainant parfois des moments de « crises ». Face à trop de surcharge sensorielle et émotionnelle, la personne éprouve des épisodes de « shutdown » et de « meltdown ». « En état de shutdown, la personne éprouve un besoin vital de s’isoler et se replier sur soi afin de se calmer. En revanche, il arrive parfois que la personne explose littéralement lorsque rien ne suffit, c’est ce qu’on appelle des épisodes de meltdown », témoigne Sophie Giraud.

De même, le syndrome d’Asperger ne renvoie pas systématiquement à l’image de « génie au talent hors norme ». Ainsi, comprendre et respecter les difficultés et particularités de chacun semble être la solution la plus adéquate.

Un handicap au quotidien

« Il est évident que toutes ces particularités ont un impact dans la vie courante. Autrement nous ne parlerions pas de trouble », relate Sophie Giraud. « Toutefois, c’est surtout une sorte d’incompatibilité entre l’environnement, l’entourage et la personne qui engendre une situation handicapante ».

Ainsi, l’adaptation de l’entourage et de l’environnement semble la clé d’un développement épanouissant. « Les aspies ont avant tout besoin de bienveillance et de tolérance. En outre, une aide pour apprendre les codes sociaux, décoder les situations sociales et comprendre leurs émotions et celles d’autrui sont essentielles pour faciliter leur quotidien ». Dès lors, fournir une assistance adaptée à chaque personne suivant ses besoins et capacités relève d’un indispensable.

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 À SAVOIR

Depuis le plan autisme du gouvernement de janvier 2004, des Centres de Ressources Autisme sont disséminés dans chaque région. Pour obtenir un diagnostic d’un Trouble du Spectre Autistique (TSA), il faut obligatoirement passer par un de ces centres. Sans ça, le diagnostic n’est pas valide et n’ouvre pas droits à des aides et au statut de handicap reconnu.

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