Responsable de 900 décès chaque année, l’asthme est une maladie respiratoire de plus en plus courante. Elle touche environ 4 millions de personnes en France, adultes comme enfants. Allergies, pollution, exposition à des agents pathogènes… Les causes se multiplient mais les symptômes sont généralement les mêmes. Le Pr Gilles Devouassoux, chef du service de pneumologie à l’hôpital de la Croix-Rousse, fait le point sur cette maladie dans l’émission Votre Santé, à l’approche de la journée mondiale de l’asthme le 3 mai prochain.
8% des Français sont atteints d’asthme plus ou moins sévère. Un chiffre colossal, qui lève le voile sur une pathologie pouvant se transformer en véritable calvaire pour ses victimes les plus graves. De quoi s’agit-il exactement ? Comment prévenir la crise d’asthme ? Comment la traiter. Peut-on en guérir ? Le Pr Gilles Devouassoux, chef du service de pneumologie à l’hôpital de la Croix-Rousse, à Lyon, répond aux questions d’Élodie Poyade et de Pascal Auclair, rédacteur en chef du Groupe Ma Santé, dans l’émission Votre Santé sur BFM Lyon.
Quel est le mécanisme de l’asthme ?
L’asthme est essentiellement une maladie inflammatoire. La base de la thérapie est donc liée à des anti-inflammatoires, à des corticoïdes. Il est important de noter qu’il ne s’agit pas uniquement des bronches serrées et bloquées par des fibres musculaires. Le traitement n’est donc pas uniquement pour soigner la bronchite mais également pour traiter l’inflammation.
Asthme : une maladie multifactorielle
Quels sont les facteurs déclencheurs de l’asthme ?
Le premier facteur reste les pathologies allergiques. Avec les pollens de graminées actuellement, les personnes ont le nez qui coule. Cela varie d’une saison à l’autre et plusieurs personnes développent de l’asthme à cause des allergies mais ce n’est toutefois pas le seul facteur déclenchant de l’asthme. Il y a également la pollution à laquelle on pense mais pas suffisamment. On entend parler des pics de pollution, décriés par ailleurs dans les médias mais on est moins sensible aux expositions chroniques à des polluants extrêmement importants tels que le dioxyde d’azote, le dioxyde de souffre et les particules fines.
Y-a-t-il différents degrés de l’asthme, plus ou moins sévère ?
Il existe de l’asthme intermittent, c’est-à-dire l’apparition de quelques symptômes de temps en temps, soit une fois par semaine voire par mois. D’autres patients ont des symptômes tous les jours, en journée et pendant la nuit et qui peuvent ainsi se retrouver à l’hôpital ou aux urgences. Dans ces cas là il s’agit en effet d’asthme sévère qui peut entraîner des conséquences importantes.
L’asthme a-t-il tendance à s’atténuer avec le temps ou est-ce qu’au contraire il peut apparaître à partir d’un certain âge ?
Au contraire, l’asthme évolue de manière hétérogène. Il peut apparaître dans l’enfance ou bien plus tard. On peut en effet avoir de l’asthme qui débute à 60-70 ans, voire même 80 ans. Le fait d’avoir de l’asthme un jour ne veut pas dire qu’il va durer toujours mais il s’agit en général d’une maladie chronique. Les symptômes sont plus ou moins fréquents, plus ou moins aigus.
“On ne sait pas guérir de l’asthme”
Quels sont les principaux symptômes de l’asthme ?
Parmi les symptômes qui doivent alerter, on retrouve tout d’abord l’essoufflement expiratoire, dans le but de vider les poumons, avec un sifflement dans la poitrine. Cela peut s’accompagner d’une toux sèche au début qui peut progressivement s’accompagner d’expectorations et de crachats plus ou moins collants. Ce sont les symptômes principaux avec une recrudescence nocturne, par exemple à 2 ou 3 heures du matin.
Comment traite-t-on cette maladie ? La recherche a-t-elle permis de développer de nouveaux traitements ?
Nous avons une base de traitements principaux à base de corticoïdes inhalés avec des bronchodilatateurs. Lorsque ces traitements s’avèrent insuffisants, nous proposons aujourd’hui, grâce à d’énormes progrès de recherche, des biothérapies. Ce sont des traitements qui vont cibler l’inflammation à des niveaux plus ou moins élevés et qui vont entraîner une amélioration de l’asthme à un niveau important. On a également des essaies thérapeutiques en cours pour les personnes qui n’ont pas forcément accès aux thérapeutiques existantes.
Existe-t-il des moyens de guérir de l’asthme ?
On ne sait pas guérir l’asthme. C’est une maladie que l’on sait soulager et contrôler via des médicaments anti-inflammatoires. Mais quel que soit leur nature, il n’y a toutefois aucun traitement qui permet de guérir. À l’exception peut-être de l’immunothérapie qui est une désensibilisation qui peut permettre de modifier le chemin naturel de l’asthme et le contrôler peut-être d’une manière plus pérenne.
Le sport : allié ou ennemi pour les personnes asthmatiques ?
Le Covid-19 a-t-il un impact sur l’asthme ?
Le virus a un impact sur les asthmes sévères. On fait d’avantage d’exacerbations et de poussées aiguës de la maladie asthmatique lors d’une infection à la Covid-19. On a toutefois pas vu de formes très graves avec le Covid mais des patients asthmatiques avec des épisodes aigus de leur maladie.
La pratique de sport est-elle dangereuse pour les personnes asthmatiques ?
Il y a beaucoup de personnes asthmatiques qui arrivent en consultation en expliquant qu’ils ont été dispensés d’activités sportives. Il s’agit d’une très mauvaise idée. L’objectif des traitements est d’avoir un asthme le mieux contrôlé possible pour pouvoir faire de l’activité physique adaptée. Le plus souvent, le traitement optimisé permet d’avoir une bonne activité physique.
À SAVOIR
L’asthme est une maladie respiratoire qui entraîne plus de 60 000 séjours hospitaliers par an. Des enfants et adultes atteints d’une forme plus ou moins sévère, selon les chiffres de Santé publique France.