La cystite ? Des envies fréquentes et très pressantes d’aller faire pipi, suivies de brûlures et de douleurs lorsque cela arrive : pas grave mais -très- inconfortable ! Le Pr Laurent Guy, chef du service d’urologie au CHU de Clermont-Ferrand, explique comment faire pour que la cystite arrêter de vous empoisonner la vie.
Une femme sur deux a déjà eu un, ou plusieurs, épisode(s) de cystite. La “faute” à leur anatomie. Non seulement l’urètre -le petit tuyau d’où s’écoule l’urine- est très proche de l’anus, zone où prolifèrent les bactéries, mais en plus, il est très court. C’est donc un jeu d’enfant pour les bactéries de “l’escalader” pour atteindre la vessie. « La cystite est l’inflammation de la vessie par ces bactéries », explique le Pr Laurent Guy, chef du service d’urologie au CHU de Clermont-Ferrand. Le plus souvent, la coupable, c’est une bactérie intestinale, Escherichia coli, E. coli pour les intimes. Chez l’homme, l’infection urinaire est beaucoup plus rare, mais aussi souvent plus grave.
Simple, compliquée ou récidivante
Quand il n’y a pas de facteur de risque de complication, on parle de “cystite aiguë simple”. Le diagnostic est rapidement posé en face de brûlures et douleurs à la miction, d’envies fréquentes et impérieuses, et dans 30% des cas, d’un peu de sang dans les urines. « Il faut alors consulter son médecin traitant », recommande le Pr Guy. « Il fera une bandelette urinaire, et si le résultat est positif, vous donnera des antibiotiques ».
La cystite est dite “compliquée” en présence de certains facteurs de risque : grossesse, anomalie de l’arbre urinaire, insuffisance rénale sévère, ou immunodépression grave. Enfin, la cystite est dite récidivante à partir de quatre épisodes par an. Pour les cystites compliquées ou récidivantes, le médecin va mener l’enquête, pour trouver le responsable. Dans sa boîte à outils, l’ECBU, examen cytobactériologique des urines. Il traque la présence de germes dans les urines, normalement stériles. Si un germe est identifié, un antibiogramme vérifie à quel antibiotique il est sensible, pour le “terrasser” plus aisément.
Cystite : prévenir les récidives
Adopter quelques gestes simples permet de prévenir, ou réduire la fréquence de ces infections urinaires. Le premier d’entre eux, et le plus connu, c’est de boire beaucoup d’eau, au moins 1,5 litre par jour, plus quand il fait chaud, ou que l’on fait du sport. En diluant les urines, cela évite que les bactéries ne stagnent trop longtemps dans la vessie. C’est pour la même raison qu’il ne faut pas se retenir d’aller faire pipi. Aux toilettes, pour ne pas “transporter” les germes, on s’essuiera d’avant en arrière, jamais dans le sens inverse. Pour tenir à distance ces sacrées cystites, il faut aussi lutter contre la constipation, en mettant fruits, légumes, pain, riz, pâtes complets, légumes secs (haricots, lentilles, pois chiches…) et fruits secs (pruneaux…) au menu.
Il faut uriner immédiatement après les rapports sexuels. Cela permet de se débarrasser des germes potentiellement présents dans l’urètre, avant qu’ils n’atteignent la vessie. S’il y a lieu, l’arrêt des spermicides est recommandé. À proscrire également, les douches vaginales, trop agressives. Une douche par jour, cela suffit, avec un savon non parfumé, au pH neutre. Les vêtements trop serrés et les sous-vêtements en matières synthétiques sont à reléguer au fond du placard, car ils favoriseraient la prolifération des bactéries.
Enfin, la canneberge peut être proposée en prévention des cystites récidivantes à E. coli. « Elle a un effet anti-adhésif qui empêche les bactéries de s’accrocher à la paroi de la vessie », explique le Pr Guy. « Il faut l’acheter en pharmacie, où elle sera mieux dosée, et donc plus efficace que les produits que l’on trouve dans les supermarchés ».
Infection urinaire : gare à la pyélonéphrite !
La cystite est une infection urinaire basse. Si elle n’est pas grave, elle doit cependant être traitée. Car si rien n’est fait, l’infection peut continuer de se propager. « Quand elle remonte dans les reins, c’est la pyélonéphrite », prévient le Pr Guy. La fièvre est l’un des symptômes. Le problème doit être traité immédiatement, pour ne pas qu’il dégénère en septicémie. Il faut alors consulter son médecin traitant, et s’il n’est pas disponible, se rendre aux urgences. Un traitement adapté permettra de stopper la prolifération des agents pathogènes dans le reste de l’organisme.
À SAVOIR
Dépister une cystite sans passer par la case labo, c’est possible. Les autotests vendus en pharmacie traquent la présence de leucocytes et nitrites dans les urines. S’ils sont présents, ils “signent” l’infection urinaire. « Ils ne remplacent pas un avis médical», prévient le Pr Guy. « Mais ils peuvent être utiles pour les femmes qui ont régulièrement des cystites, qui connaissent par coeur les signes, et qui veulent commencer un traitement sans tarder». En revanche, si le test est positif, et que c’est votre première rencontre avec la cystite, il faut prendre rendez-vous avec un médecin qui pourra vous prescrire des antibiotiques.