Troubles audition des enfants
Détecter un problème d'audition le plus tôt possible donne toutes les chances d'un traitement réussi pour l'enfant. ©Shutterstock

Des décibels en moins, et c’est toute la vie de nos chères têtes blondes qui peut être cham-boulée. Mais comment savoir si son enfant, qu’il ait 1 mois ou 5 ans, entend bien ? Et que faire quand ce n’est pas le cas ?

Parler, réussir à l’école et se faire des copains : une bonne audition est indispensable pour que les enfants puissent exploiter tout leur potentiel. “Environ 80% des troubles auditifs sont transitoires”, rassure le Dr Sandrine Chardon-Roy, ORL au CHU de Saint Etienne. “Ils sont souvent la conséquence d’otites séreuses. Il ne faut cependant pas les négliger, car non traitées, ces otites peuvent détériorer l’audition pendant plusieurs mois.”

L’accumulation de liquide derrière le tympan gêne la transmission du son. L’enfant reçoit les sons comme s’il avait la tête sous l’eau. Un bouchon de cérumen peut provoquer le même effet. “Les 20% restants sont des surdités définitives, neuro-sensorielles. Elles sont très souvent d’origine génétique.”

Troubles de l’audition : les signaux d’alerte

Une baisse d’audition peut passer inaperçue. Les parents doivent donc être vigilants. “Les  signaux d’alerte sont différents en fonction de l’âge de l’enfant. Il faut penser à un trouble auditif devant un bébé de 3 mois qui semble trop calme, ne réagit pas aux bruits, une porte qui claque, par exemple. Un peu plus tard, un retard dans l’acquisition du langage pourra mettre la puce à l’oreille. Attention aux plus grands, s’ils font répéter une phrase sur deux, ou mettent trop fort le son de la télé.”

Des problèmes de comportement –un enfant hyperactif, agressif, ou à l’inverse d’une grande timidité, ou toujours “la tête dans les nuages” peuvent mettre sur la piste d’un problème auditif. Parfois, c’est la maîtresse ou le personnel de la crèche qui va alerter les parents. Parfois ce sont ces derniers qui auront des doutes.

Quoi qu’il en soit, s’ils se posent des questions, ils doivent décrocher son téléphone pour prendre rendez-vous rapidement chez un ORL.

L’importance du diagnostic

Ce mal invisible peut avoir de nombreuses répercussions sur le développement de votre bambin. L’oto-rhino-laryngologiste est équipé pour poser un diagnostic. “Quel que soit l’âge de l’enfant, c’est possible !”, insiste le Dr Chardon-Roy.

Les tests sont très variés. On évalue la réaction de l’enfant aux bruits (parole ou autre). Le médecin peut par exemple se placer derrière son petit patient, chuchoter des mots, et lui demander de les répéter. Il peut aussi lui mettre un casque, pour lui faire entendre des sons d’intensité variable. Les réactions de l’enfant à ces bruits permettent d’évaluer très justement le niveau de perte auditive.

Autre test, les “potentiels évoqués auditifs automatisés”. Des électrodes sont placées sur le cuir chevelu. Elles stimulent les oreilles avec une intensité sonore. Le médecin peut ainsi vérifier le fonctionnement de la cochlée et du nerf auditif. La perte auditive est dite légère entre 20 et 40 dB (l’enfant a du mal à entendre une personne parlant à voix basse), moyenne de 40 à 70 dB (difficultés à entendre quelqu’un qui parle normalement, même de près), sévère de 70 à 90 dB (on entend seulement les bruits forts), profonde de 90 à 120 dB (les bruits forts peuvent être perçus sous forme de vibrations).

Les troubles de l’audition ne sont pas une fatalité

Le traitement est sur mesure, en fonction de la cause. Un bouchon de cérumen sera ramolli à l’aide de gouttes, puis retiré très facilement par le médecin. “Les épisodes répétitifs d’otites doivent être traités avec des antibiotiques. Quand ça devient chronique, on propose la pose d’aérateurs transtympaniques, ou yoyos. En aérant l’oreille moyenne, ils améliorent rapidement l’audition, avant de tomber -souvent tout seuls- au bout de quelques mois.” Un tympan perforé, lui, peut être réparé au bloc opératoire.

Pour les surdités plus définitives, il y a les prothèses auditives, qui amplifient les sons. Dans le cas des surdités sévères à profondes, on propose en dernier recours un implant cochléaire. Il est posé lors d’une opération chirurgicale. Cet implant stimule le nerf auditif grâce à des électrodes placées dans la cochlée, et se compose également d’une partie externe. Il donne d’excellents résultats s’il est posé très tôt (à partir de 1 an). Il peut ainsi permettre à l’enfant de suivre une scolarité tout à fait normale. À condition d’accompagner la pose de l’appareil d’une rééducation intensive avec un orthophoniste. Car entendre ne suffit pas, il faut aussi donner un sens aux sons…

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À SAVOIR

Plus tôt une surdité est dépistée, plus tôt l’enfant concerné peut être pris en charge, appareillé si besoin, accompagné par des spécialistes. Cette précocité est essentielle pour donner toutes les chances aux petits de mener une existence normale, comme les autres bambins de leur âge. C’est l’enjeu du dépistage de la surdité, proposé systématiquement aux nouveaux-nés depuis 2014 dans toutes les maternités en France. Ce test indolore dure une dizaine de minutes. La déficience auditive est le déficit sensoriel le plus fréquent à la naissance : en France, 1 enfant sur 1000 naît avec une surdité sévère bilatérale. L’objectif de ce dépistage avant même la sortie de la maternité est d’avancer l’âge auquel le diagnostic est posé. À plus long terme, un enfant qui entend mieux, c’est un enfant à qui l’on donne toutes les chances de s’intégrer dans la société.

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