L’efficacité de la prise en charge des enfants atteints de troubles autistiques fait l’objet de nombreuses polémiques. On n’a pas encore trouvé la solution idéale sur le plan thérapeutique, pédagogique et social. Une seule certitude cependant : les difficultés des autistes sont variables d’un enfant à un autre et nécessitent des réponses adaptées et personnalisées. Le point de vue du Dr Stéphane Grisi, pédopsychiatre et spécialiste de la question.
Rendre l’enfant autiste plus autonome
Doit-on considérer l’autisme comme une maladie, un trouble comportemental ou un handicap ?
Officiellement, d’après la loi Chossy, c’est un handicap, c’est-à-dire un état irréversible. Dans ce cas, je préfère, quant à moi, considérer les autistes comme « différents » plutôt que comme handicapés. Sur le plan intellectuel, ils n’ont pas de déficience intellectuelle véritable pour 50% d’entre eux mais sont dotés d’une autre forme d’intelligence que celle qui privilégie le langage. Elle est plutôt visuelle. Selon les imageries neurologiques, les autistes n’utilisent pas les circuits habituels pour traiter les informations et on a pu notamment observer que leur sens du détail prévaut sur celui de leur vision d’ensemble. Cette différence doit être prise en compte plus tard pour leur insertion professionnelle car il y a des métiers adaptés à cette forme d’intelligence.
Quelle explication donner aux parents qui découvrent que leur enfant est autiste ?
On a découvert qu’il y avait un facteur génétique bien qu’on ne sache pas encore précisément quels gènes sont concernés. C’est important de dire aux parents « qu’on nait autiste » afin de les rassurer sur le fait que cela n’a rien à voir avec leur comportement ou la façon dont ils ont élevé leur enfant. Par ailleurs, affirmer que l’autisme n’est pas une maladie sert surtout à souligner qu’il s’agit d’une condition particulière que l’on n’éliminera jamais complètement… En revanche, on peut aider leur enfant, d’une part sur le plan thérapeutique, à ne pas souffrir ou faire souffrir de façon excessive par ses comportements problématiques ; d’autre part, sur le plan éducatif, à apprendre et à mieux communiquer pour qu’il gagne en autonomie et en interaction avec les autres.
Les bienfaits de la méthode de DENVER
Quelle est la meilleure méthode de prise en charge des enfants autistes, d’après vous ?
Il y a beaucoup d’oppositions en France actuellement sur l’efficacité des prises en charge et l’existence d’une méthode idoine ! Largement relayée par les médias, cette polémique entre certaines associations de parents et certains professionnels fait courir le risque d’une réduction à une seule forme d’autisme et à une seule forme de prise en charge. Or les besoins sont variables selon les individus, leur âge, l’intensité de leurs difficultés, leur contexte familial ou social …
Par exemple, dans le champ de l’intervention précoce (avant l’âge de 6 ans), la méthode de DENVER me paraît la plus intéressante aujourd’hui. Elle effectue un entraînement aux compétences sociales en enrichissant les initiatives de l’enfant, au lieu d’être créée de toutes pièces comme dans les pratiques comportementales classiques. Elle est basée sur la notion du plaisir à apprendre et à communiquer. Elle est centrée sur les jeux et la motivation de l’enfant. On tient compte de ce qui lui plait particulièrement et de ce qu’il sait faire avant de complexifier. L’objectif étant de l’amener progressivement à découvrir d’autres centres d’intérêt, à prendre goût aux apprentissages et à développer son interaction avec l’autre.
Retrouvez la liste de tous les pédopsychiatres de votre ville ou de votre quartier sur www.conseil-national.medecin.fr
A SAVOIR
La prise en charge « DENVER » des enfants autistes peut se faire à partir de l’âge de 2 ans, dans un service de pédopsychiatrie publique comme l’ITTAC à Villeurbanne. Votre enfant est alors suivi par une équipe spécialisée de soignants et d’éducateurs, dirigée par un pédopsychiatre. Le protocole prévoit 12 heures/semaine d’intervention, dont 2H à l’extérieur : à domicile, en crèche ou à l’école.
Si l’on se fonde sur une prévalence de 1 %, c’est donc de beaucoup d’enfants font il faut s’occuper. Outre la méthode employée c’est la faisabilité à pareille échelle qui pose un problème , voire une limite.
La methode de Denver est consommatrice de temps, donc d’argent. D’autres méthodes, vantées comme miraculeuses quand elles ne sont que discrètement éfficace sur quelques paramètres lors d’essais scientifiquement valides, tel l’ABA, sont aussi très onéreuses, donc difficilement applicable de manière extensive.
Ces données quantitatives dessinent une autre problématique que le dernier plan autisme n’aborde pas frontalement : la construction d’un dispositif moderne s’appuyant sur les dernières données scientifiques, couvrant l’ensemble des autistes, de tous âges et sur l’ensemble du territoire.
moi , en tant que professionnelle , j’ai vu des progrès immenses avec la méthode Aba
elle devrait être accessible à toute famille d’enfants autistes