Alors que l’Éducation nationale est bouleversée par la crise sanitaire, l’école inclusive poursuit sa course. Une nouvelle classe de maternelle pour les enfants atteints de troubles autistiques vient en effet d’ouvrir à Montbrison dans la Loire. Et ce, au sein d’une structure scolaire ordinaire. Une nouvelle avancée à saluer en cette sombre période. Explications avec Francis Paillard, directeur associatif de PEP42, les Pupilles de l’Enseignement Public de la Loire à l’origine de cette avancée.
C’est une rentrée décalée pour les nouveaux élèves de Montbrison. Avec l’ouverture d’une nouvelle classe dédiée spécifiquement aux enfants souffrant d’autisme le 9 novembre, la Loire inaugure une seconde classe inclusive. Objectif ? Accompagner les enfants dans leur développement, malgré le handicap, afin maximiser leurs chances de scolarisation future.
En effet, encore trop peu d’enfants autistes sont scolarisés en France. Un problème majeur dans leur épanouissement et leur insertion socio-professionnelle future. Si des Auxiliaires de Vie Scolaire (AVS) aident l’enfant à s’intégrer dans une classe ordinaire, ce n’est parfois pas suffisant. Une raison supplémentaire pour ouvrir dès le plus jeune âge une classe dédiée à ces enfants en difficultés. Le point sur cette unité d’enseignement atypique au côté de Francis Paillard, directeur associatif de PEP42.
Autisme, un nouveau pas vers l’école inclusive
Si les trois précédents plans nationaux n’ont eu que quelques bénéfices, ce nouveau plan autisme 2018-2020 a pour ambition de marquer un véritable pas dans la cause de l’autisme. « Il se joue, dans l’accès à l’école, non seulement la question de l’accès aux apprentissages mais aussi d’inclusion dans la société, pour le présent et le futur ». Une déclaration engagée pour l’école inclusive.
Ainsi, depuis début novembre, une nouvelle classe maternelle dédiée aux enfants atteints de troubles autistiques s’est ouverte à Montbrison, dans la Loire. Insérée au sein d’un établissement scolaire classique, l’unité d’enseignement accueille désormais six enfants de trois à six ans. Pour une capacité totale de sept enfants.
« Cette unité d’enseignement est calibrée pour un nombre restreint d’enfants aux troubles autistiques important. Le but étant de leur offrir un accompagnement renforcé dès le début de la scolarité. Et ce, afin de maximiser les chances de suivre par la suite un parcours scolaire ordinaire, sans trop de difficultés », explique Francis Paillard. C’est pourquoi la classe se situe dans un établissement scolaire ordinaire, partageant des temps d’inclusion entre classes ordinaires et spécialisée et se retrouvant dans la même récréation.
À savoir que la ville de Montbrison a investi 100 000 euros afin de garantir des locaux adaptés et fonctionnels à cette nouvelle classe. Une somme accompagnée de 280 000 euros par an fournis par l’Agence Régionale de Santé.
Entre professionnels de l’enseignement et du médico-social
L’autisme représente un véritable handicap dans la vie quotidienne des enfants. Isolement, préjugés et mauvais accompagnement voire diagnostic… Raison pour laquelle l’ouverture d’une classe spécialisée dans leur accompagnement est primordiale. Et ce, dès le premier âge. Mais qu’est-ce que cette école inclusive ?
Résultat de la collaboration entre l’éducation nationale, la mairie de Montbrison et la PEP42 (association des Pupilles de l’Enseignement Public de la Loire), cette unité d’enseignement s’appuie sur les enjeux d’enseignement et médico-sociaux. Avec une orientation par la Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH), les enfants au domicile proche et dont les difficultés le justifient peuvent ainsi intégrer cette classe.
« Nous avons recruté pour se faire une équipe médico-sociale pluridisciplinaire composée de sept personnes. Deux éducateurs dont un spécialisé jeunes enfants, un moniteur éducateur, une aide médico-psychologique, un psychologue, un psychomotricien et un orthophoniste. De quoi permettre d’accompagner ces enfants en consolidant leur apprentissage. Notamment en matière de relation sociale », explique Francis Paillard.
Toutefois, cette aide spécialisée ne se limite pas qu’aux temps passés en classe. En effet, « l’équipe médico-sociale intervient également durant les temps périscolaires ». Un dispositif qui peut intervenir directement au domicile de l’enfant pour « guider et soutenir les parents dans la bonne consolidation des apprentissages de leur enfant ».
Un dispositif de classes autisme encore trop rare en France
Si la stratégie nationale autisme et troubles du neurodéveloppement a permis d’ouvrir 73 nouvelles classes ou dispositifs en cette année 2020, ces dernières sont encore trop rares en France.
En effet, l’association Autisme France dépeint encore un triste tableau en cette année 2020. Sur les 100 000 enfants atteints de troubles autistiques, seuls 36 000 sont scolarisés. Un chiffre inquiétant quand on sait que la scolarisation reste la base d’une insertion socio-professionnelle future.
Un constat qui préoccupait déjà l’ONU en 2016 : « Le Comité est particulièrement préoccupé que la majorité des enfants atteints d’autisme n’ait pas accès à l’éducation dans les écoles ordinaires, ou reçoive une éducation limitée sur une base à temps partiel sans un personnel spécialement formé pour soutenir leur inclusion ». Et ce, en dépit de trois plans autisme successifs.
Reste donc à consolider l’avancée faite par le plan 2018-2020. Et ce, afin d’inscrire les enfants atteints de troubles autistiques dans la société, en commençant par l’éducation.
Retrouvez la liste des psychiatres près de chez vous sur le site du conseil de l’ordre des médecins.
À SAVOIR
700 000 personnes atteints de troubles autistiques vivent en France. Dont 100 000 enfants. Un chiffre très probablement sous-estimé du fait de l’invisibilité de certains profils autistiques.