Le syndrome de la tête plate ou plagiocéphalie est une déformation du crâne du bébé qui interpelle mais reste facile à traiter. ©Shutterstock / Dmitry Naumov

La plagiocéphalie, qui se caractérise par un aplatissement de la boîte crânienne du nourrisson, est une pathologie bénigne et facile à traiter. Un couchage du bébé sur le dos et dans de bonnes conditions suffit à la prévenir et à évacuer les dangers d’une solution inadaptée mais encore trop courante : le coucher ventral, risque numéro un de la mort subite du nourrisson.

La plagiocéphalie (ou syndrome de la tête plate) est un aplatissement positionnel de la tête du bébé, encore très malléable. Cette déformation caractérisée par une asymétrie survient après la naissance : en effet, hors accouchement traumatique (usage de forceps, ventouses…), anomalie génétique ou pathologie rare (craniosténose), tous les enfants naissent avec la tête ronde. Le phénomène de déformation de la boite crânienne peut survenir en quelques semaines. Il est lié à une entrave de la mobilité de l’enfant, susceptible de provoquer un torticolis et de le conduire à appuyer systématiquement sa tête du même côté.

Un problème surtout d’ordre esthétique 

Quelles en sont les causes ?

Ces contraintes de mobilité sont principalement liées à l’usage de matelas trop mous et, en phase d’éveil, à l’utilisation d’équipements de puériculture qui immobilisent le nourrisson (transat, maxi cosi…), tout en bloquant son attention sur des éléments fixes (mobiles, arches de jeu…). Conçus pour faciliter la vie des parents, ces outils toujours plus nombreux n’ont pas de certifications médicales et peuvent s’avérer au mieux contreproductifs et au pire dangereux.

« Un bébé a une capacité innée à bouger : ses expériences motrices successives qu’il réalise dès la naissance sont très importantes pour son développement cérébral ultérieur et il est important de ne pas les contraindre », précise le Pr Hugues Patural, chef du service de réanimation néonatale et pédiatrique au CHU de Saint-Étienne.

Quel est le danger ?

Bénin car purement esthétique, le syndrome de la tête plate suscite toutefois l’attention des pédiatres et des autorités sanitaires. L’une de ses conséquences indirectes est en effet de favoriser le risque de mort subite (ou inattendue) du nourrisson. En cause ? Un couchage de l’enfant sur le ventre, faux remède souvent utilisé par des parents démunis et parfois même préconisé par certains professionnels de santé.

« Deux morts inattendues sur trois dans les cinq à six mois de vie sont liées à un enfouissement. L’enfant, sur le ventre, se retrouve dans une posture qui le contraint et qui peut l’empêcher de dégager sa tête et ses voies aériennes, augmentant ainsi le risque d’étouffement », confie le Pr Hugues Patural.

Syndrome de la tête plate : les signes qu’il faut reconnaître 

Le syndrome de la tête plate est-il courant ?

Deux à trois bébés sur dix seraient encore concernés alors que « cela devrait pourtant être exceptionnel », regrette le Pr Patural, qui constate toutefois une légère baisse du phénomène. « Nous récoltons les fruits des recommandations et de la mise en cohérence par les parents et les professionnels de santé de tous les conseils relatifs au bon couchage de l’enfant ».

Faut-il s’inquiéter ?

Relativement spectaculaire, le phénomène inquiète souvent les parents. La Haute Autorité de Santé rappelle pourtant que « les données scientifiques montrent qu’il n’y a pas de lien de causalité entre une plagiocéphalie et un retard neurodéveloppemental, des troubles spécifiques ophtalmologiques, oculomoteurs ou vestibulaires ». La seule conséquence est esthétique, et la déformation disparaît dans la grande majorité des cas avant l’âge de deux ans. Quant au risque lui-même, il disparaît une fois que le bébé a acquis le tonus nécessaire pour tenir sa tête.

Quels sont les signes qui alertent ?

Deux symptômes permettent d’anticiper une déformation crânienne à venir : le fait que le bébé ne bouge pas la tête et qu’il regarde toujours du même côté. Il a très certainement un torticolis susceptible de conduire à une plagiocéphalie. Il est alors essentiel de consulter rapidement son médecin, sans attendre les premiers signes d’aplatissement et de démarrer de la kinésithérapie motrice cervico-dorso-lombaire. Plus le diagnostic est précoce, plus rapide est le rétablissement.

Comment prévenir la plagiocéphalie ?

À travers des gestes de prévention primaire, qui favorisent le bon coucher du bébé et sa mobilité.

En phase de sommeil :

  • Couchez-le toujours sur le dos, sur un matelas ferme et sans autres éléments (peluches, doudous, jeux…) pouvant altérer ses mouvements.
  • Privilégiez une simple turbulette (gigoteuse) aux couettes et couvertures qui pourraient obstruer ses voies aériennes.
  • N’entravez pas la liberté de mouvement du bébé : pas de cale-têtes, réducteur de lit, etc.
  • Supprimez le tour de lit : il empêche le bébé de focaliser son attention vers les stimuli visuels ou sonores tout autour de lui.

Ces réflexes simples permettront également de prévenir le risque de mort inattendue du nourrisson en sécurisant le couchage de l’enfant quel que soit le moment de la journée.

En phase d’éveil :

  • Portez votre bébé et stimulez-le de manière adaptée. Et sans écran, qui sont responsables de troubles majeurs du neurodéveloppement lorsqu’ils sont utilisés avant 3 ans.
  • Installez-le régulièrement sur le ventre sous votre surveillance, afin de l’aider à se muscler le cou et le dos.
  • Multipliez les interactions, jeux et activités pour stimuler votre bébé. Et encouragez-le pousser à tourner la tête dans toutes les directions.
  • Évitez transats, cosy et autres équipements nuisant à la mobilité naturelle.

Trop tard… C’est grave, docteur ?

En cas de déformation crânienne avérée, plusieurs solutions graduées permettent de remédier au problème.

  • Consultez votre pédiatre ou votre médecin de famille.
  • Remettez l’enfant dans de bonnes conditions de couchage.
  • Planifiez sans délai des séances de kinésithérapie pour traiter le torticolis qui limite la capacité de rotation cervicale.

Un ostéopathe à orientation pédiatrique peut également s’avérer utile.

Dans les cas les plus importants ou en l’absence d’amélioration, l’enfant sera pris en charge par une équipe spécialisée. Celle-ci pourra vérifier l’absence d’autres problématiques médicales associées à la plagiocéphalie et mettra en place les mesures nécessaires. Le port d’un casque de « remodelage » ne doit être prescrit que par ces équipes spécialisées.

À SAVOIR

Attention, le couchage ventral, à la mode des années 80, n’est pas adapté au bébé ! Cette position, largement adoptée après une mauvaise interprétation d’une étude scandinave pour réduire les régurgitations et ralentissements cardiaques, a fait des ravages. Au début des années 90, les États-Unis ont été les premiers à réagir à cette mauvaise position. Quelques années avant la France. Une mode aux effets dévastateurs qui perdurent de nos jours et qui serait responsable de nombreux décès par étouffements.

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Journaliste expert santé / Rédacteur en chef adjoint du Groupe Ma Santé. Journaliste depuis 25 ans, Philippe Frieh a évolué dans la presse quotidienne régionale avant de rejoindre la presse magazine pour mettre son savoir-faire éditorial au service de l'un de ses domaines de prédilection, la santé, forme et bien-être. Très attaché à la rigueur éditoriale, à la pertinence de l'investigation et au respect de la langue française, il façonne des écrits aux vertus résolument préventives et pédagogiques, accessibles à tous les lecteurs.

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