Le taux du dépistage du cancer du sein est en baisse flagrante depuis quelques années. On sait pourtant qu’un diagnostic précoce diminue drastiquement le risque de mortalité, d’autant plus pour le cancer le plus fréquent et le plus meurtrier chez la femme. Le développement de la maladie est long et s’étend sur plusieurs mois, voire plusieurs années. Or, s’il est dépisté tôt, le taux de survie grimpe à 87 %. Invitée de l’émission Votre Santé, le 4 octobre sur BFM TV Lyon, le Dr Marie Peix, radiologue et sénologue à l’imagerie médicale Créqui, spécialisée dans le dépistage et l’imagerie gynécologique, a profité de l’ouverture du mois de sensibilisation Octobre Rose pour alerter sur la nécessité d’un dépistage régulier.
Près d’une femme sur huit développe un cancer du sein au cours de sa vie. Cette maladie est la cause de plus de 12 000 décès par an en France. Le programme de dépistage a été généralisé en 2004 par les autorités publiques françaises. Mais en 2021, 49,3% seulement des femmes concernées y ont participé, un taux inférieur à l’objectif des 65 % ciblé par la Haute autorité de santé (HAS). Et ce alors que le dépistage, simple et gratuit, devrait être réalisé tous les deux ans après 50 ans.
Mais pourquoi le dépistage est-il si important ? Permet-il de guérir ? Où peut-on se faire dépister ? Invitée de l’émission Votre Santé sur BFM TV Lyon ce 4 octobre, à l’occasion du lancement d’Octobre rose, le Dr Marie Peix, radiologue et sénologue à l’imagerie médicale Créqui, spécialisée dans le dépistage et l’imagerie gynécologique, a répondu à ces questions en soulignant une urgence : se faire dépister régulièrement.
Le cancer du sein, premier cancer féminin
Pourquoi ce mois de sensibilisation Octobre rose est-il important ?
Il y a encore beaucoup à faire : seulement la moitié des femmes concernées de plus de 50 ans suivent les recommandations du dépistage. Il reste le premier cancer féminin et le plus meurtrier en nombre de cas.
Quelles sont les caractéristiques du cancer du sein ?
Le cancer du sein survient dans 75% des cas après 50 ans. Même en l’absence de symptômes apparents, de petites lésions peuvent se développer dans la glande mammaire dont certaines se révéleront être cancéreuses. Le but du dépistage est de détecter les personnes considérées non malades, mais porteuses d’anomalies qui sont susceptibles d’être cancéreuses ou d’évoluer vers un cancer. Il faut pouvoir les prendre en charge le plus précocement possible.
Y’a-t-il plusieurs formes de cancer du sein ?
Chaque cancer est particulier et nécessite un traitement qui lui est spécifique. Seulement 5 à 10% des cancers du sein sont d’origine génétique, dits « héréditaires ». Dans la très grande majorité des cas, il s’agit de causes multi-factorielles.
Savoir identifier les causes et les premiers signes
Les prédispositions génétiques peuvent-elles faire apparaitre la maladie plus tôt ?
Lorsque cela touche des familles avec de nombreux antécédents de cancers du sein, oui. Les cas peuvent être précoces à partir de 35 ou 40 ans, mais ça concerne seulement un petit nombre de patients. Ces cas-là ne font pas partie du dépistage organisé. Ce sont des familles qui sont prises en charge et ont un dépistage propre par des généticiens. Ceux-ci confirment leurs anomalies génétiques et ces familles ont ensuite un suivi radiologique un peu différent du dépistage organisé du cancer du sein.
Quels sont les signes et les symptômes qui alertent ?
Plusieurs symptômes doivent inciter à consulter : l’apparition d’une boule au niveau du sein ou d’une grosseur, un ganglion dur dans les selles, une modification du volume du sein ou de sa forme, un écoulement au niveau du mamelon surtout s’il est sanglant, une rétraction du mamelon ou une modification de la texture de la peau du sein ou de sa couleur, de sa pigmentation… Tous ces signes doivent inciter la femme à consulter son médecin traitant ou un gynécologue.
L’auto palpation est-elle efficace ?
L’auto-palpation est importante, c’est un motif de consultation assez fréquent. En parallèle, on préconise à partir de 25 ans d’avoir un examen clinique avec une palpation des seins auprès de son médecin traitant ou son gynécologue, une fois par an. Ensuite, à partir de 50 ans et jusqu’à 74 ans, une mammographie de dépistage en plus est recommandée tous les deux ans. Cette mammographie comprend deux clichés radiologiques par sein. Associée à un examen clinique et à un questionnaire médical, elle est prise en charge à 100% par l’assurance maladie. Elle a aussi pour mérite de bénéficier d’une deuxième lecture des clichés radiologiques.
Les chiffres évoluent positivement. Les traitement du cancer du sein ont-ils évolué ?
Si le cancer est dépisté tôt, il se guérit dans huit cas sur dix. En plus, il est soigné avec des traitements moins agressifs et moins mutilants qu’autrefois. Chacun est particulier et nécessite un traitement spécifique. Ça dépend de la patiente : son âge, son état général, son statut hormonal… et des caractéristiques propres de chaque tumeur.
Le traitement s’organise sur quatre approches qui sont souvent complémentaires et associées : la chirurgie, la radiothérapie, la chimiothérapie et l’hormonothérapie.
Il y a des progrès. Actuellement en chirurgie, le sein est conservé et non enlevé dans deux tiers des cas. On voit aussi que l’analyse des ganglions au niveau de l’aisselle se restreint à un plus petit nombre de ganglions. Cela permet de réduire les complications liées à ce geste avec autrefois des curages qui étaient importants et des gros bras.
Les thérapies dites « ciblées » sont un vrai progrès également. Les molécules vont s’attaquer spécifiquement aux cellules cancéreuses et à leur environnement. Cela a pour principal intérêt une action bien ciblée avec des effets secondaires réduits.
À SAVOIR
De nombreux évènements pour soutenir la lutte contre le cancer du sein sont organisés en Auvergne-Rhône-Alpes : à Lyon (Rhône), en Isère, à Valence (Drôme), en Ardèche et dans toute la région.