Avec 60 000 nouveaux cas par an, le cancer du sein reste le plus meurtrier chez la femme en France. De nombreux décès pourraient pourtant être évités si le dépistage, très mal respecté dans notre pays, était effectué à temps. Quelques minutes suffisent en effet parfois à sauver une vie. Lorsque le cancer est détecté précocement, les chances de survie augmentent en effet considérablement, jusqu’à 87 %. Retour sur l’importance du dépistage avec les dr Marie Peix et Anne Peroni, radiologues spécialisées en sénologie au Centre Créqui, à Lyon.
Avec près de 60 000 nouveaux cas et 12 000 décès annuels, le cancer du sein est la première cause de décès par cancer. Le programme national de dépistage organisé du Cancer du Sein mobilise toutes les deux années près de 10 millions de femmes âgées de 50 à 74 ans pour des mammographies de dépistage et des examens cliniques des seins.
Cependant, malgré ces efforts, le taux de participation reste préoccupant, chutant à 46,5% en 2022-2023 par rapport à 47,7% auparavant. Cette baisse, sous la surveillance de Santé Publique France, a été intensifiée à cause de la pandémie de COVID-19. Malgré ces défis, le taux de détection du cancer continue d’augmenter, soulignant l’importance cruciale de la détection précoce. Les explications des Dr Marie Peix et Anne Peroni, radiologues spécialisées en sénologie au Centre Créqui, à Lyon.
Le dépistage du cancer du sein : le geste qui sauve
Pourquoi faut-il se faire dépister ?
Seulement la moitié des femmes concernées de plus de 50 ans suivent les recommandations du dépistage. Le cancer du sein est pourtant à la fois le plus fréquent et le plus meurtrier avec 12 000 décès par an en France.
Dans 75% des cas, le cancer du sein se manifeste après l’âge de 50 ans. Même en l’absence de signes évidents, de petites anomalies peuvent se former dans la glande mammaire. Le dépistage vise à identifier les individus qui ne présentent pas de symptômes mais qui ont des anomalies pouvant indiquer un cancer ou évoluer vers cette maladie. Il est essentiel de les détecter le plus tôt possible pour une prise en charge précoce.
À quel moment doit-on envisager un dépistage du cancer du sein ?
En l’absence d’antécédents familiaux, le dépistage est pris en charge par l’Assurance Maladie à partir de 50 ans et jusqu’à 74 ans. Cette prise en charge est de 100% pour la mammographie. Entre 40 et 50 ans, nous ne sommes plus dans le cadre d’un dépistage organisé mais d’un dépistage individuel qui doit être envisagé au cas par cas.
Avant 50 ans, les femmes ayant un risque élevé de cancer du sein peuvent bénéficier d’un suivi spécifique adapté à leur situation. Désormais, les personnes exigeant un dépistage spécifique peuvent bénéficier d’une prise en charge à 100 % pour les examens recommandés pour leur cas.
Cancer du sein : en cas d’antécédents, soyez vigilantes !
Quelles femmes devraient être surveillées pour le dépistage du cancer du sein avant 50 ans ?
Toutes les femmes présentant des facteurs de risque particuliers en raison de certains antécédents doivent faire l’objet d’un suivi. On peut considérer le niveau de risque comme « élevé ». Par exemple, en cas d’antécédent personnel de lésion à risque histologique sur un prélèvement radiologique.
Lorsque plusieurs femmes d’une même famille sont atteintes de cancer du sein ou de l’ovaire, la possibilité d’un caractère héréditaire de cancer du sein est élevée. De plus, en cas d’antécédent personnel d’irradiation thoracique dans l’enfance. Il peut s’agir dans certains cas de cancers en lien avec une anomalie génétique. Cela concerne seulement 5 à 10 % des cancers du sein.
Ce dépistage précoce doit faire l’objet au préalable d’une concertation avec votre médecin, votre gynécologue et surtout avec un onco-généticien si des antécédents familiaux sont avérés. Attention, ce n’est pas parce qu’une personne de votre famille a eu un cancer du sein que vous présentez forcément des prédispositions génétiques.
La mammographie : un passage obligé avant l’échographie
Quels sont les examens à pratiquer en cas d’anomalies au niveau des seins ?
Une déformation ou un gonflement à l’auto-palpation, un écoulement ou une simple anomalie mamelonnaire est observée, n’attendez pas pour consulter ! Une échographie doit être pratiquée en priorité si une mammographie a été réalisée il y a moins de deux ans. Si l’anomalie s’avère suspecte, on doit envisager des investigations plus poussées. Une autre mammographie voire des prélèvements en fonctions des résultats de l’imagerie sont à prévoir.
Il est important de réagir rapidement, à la fois pour des raisons purement médicales mais aussi psychologiques pour la patiente. Les établissements, comme le Centre Créqui, qui disposent d’un plateau technique, peuvent réaliser ces prélèvements à visée diagnostique. Ils sont indispensables pour une prise en charge adaptée.
Comment se passe une mammographie ?
Durant l’examen, deux radiographies sont effectuées pour chaque sein. Une prise de face et un prise en oblique. Selon la densité mammaire ou la présence d’anomalies éventuelles, une échographie supplémentaire peut être recommandée. En général, l’examen dure environ vingt minutes. Il inclut une brève évaluation clinique, des explications sur la procédure, suivies de la radiographie qui ne prend que quelques secondes.
Vers un dépistage personnalisé du cancer du sein
Quelle est la différence entre une mammographie et une échographie mammaire ?
La mammographie est une technique d’imagerie qui utilise les rayons X. Elle permet de mettre en évidence des micro-calcifications dans la glande mammaire. L’échographie, elle, utilise la technique des ultrasons pour détecter des masses ou des nodules. Dans tous les cas, on commence les examens par une mammographie.
Quel est l’avenir de la sénologie ?
On tend de plus en plus vers des thérapeutiques ciblées ou personnalisées. Cela évolue dans le même sens pour le dépistage. Dans quelques années, on pourra par exemple programmer les dépistages en fonction de l’âge de la patiente. Mais aussi de ses antécédents personnels et familiaux, des prélèvements salivaires, des tests génétiques … Pour l’instant, l’âge est le seul critère pour le dépistage organisé.
À SAVOIR
Une étude clinique européenne de grande ampleur et de longue haleine – au moins sept ans – a été lancée en janvier 2019. Le but, évaluer si un dépistage personnalisé de cancer du sein pourrait être une meilleure option pour le dépistage des femmes entre 40 et 70 ans. Intitulée My Personal Breast Cancer Screening (MyPeBS), cette recherche est menée en Belgique, au Royaume-Uni, en Italie, en Israël et en France pour parvenir à un dépistage personnalisé de cette maladie.