Projet conjoint des deux plus grands centres de recherche en cancérologie de la région Auvergne-Rhône-Alpes, ERICAN (Epigenetic Reprogramming of Cancer Cell Plasticity and Resilience) a été présenté aujourd’hui à Lyon. Objectif: comprendre pourquoi certaines cellules et tumeurs cancéreuses sont plus résistantes aux thérapies.

En matière de cancérologie, il est désormais acquis que certaines tumeurs sont beaucoup plus résistantes aux thérapies et font preuve d’une résilience souvent fatale à court ou moyen terme.

Partant de ce constat, les deux grands centres de recherches de la région Auvergne-Rhône-Alpes (Institut pour l’Avancée des Biosciences à Grenoble et Centre de Recherche en Cancérologie de Lyon) ont décidé de faire cause commune pour faire avancer la recherche fondamentale sur le sujet. Ainsi est né le projet ERiCAN (Epigenetic Reprogramming of Cancer Cell Plasticity and Resilience) présenté ce mardi 22 janvier à Lyon.

Un projet financé à hauteur de 2,1 millions d’euros par la fondation MSDAVENIR, soit environ un tiers du budget global. Ce montant significatif est à la hauteur des enjeux de ce programme qui vise à comprendre les mécanismes moléculaires et cellulaires des tumeurs les plus résistantes afin d’aboutir à des thérapies innovantes.

Pourquoi ? Comment ? Les explication de Véronique Trillet-Lenoir, présidente du directoire du CLARA (Cancéropôle Lyon Auvergne Rhône-Alpes).

Canceropôle Auvergne-Rhône-Alpes
Véronique Trillet-Lenoir, présidente du cancéropôle CLARA ©P.Auclair

Quelle est la philosophie du programme ERiCAN Présenté aujourd’hui à Lyon ?

L’intérêt de ce programme est de rechercher et de trouver des solutions à un problème thérapeutique quotidien en cancérologie, à savoir la récidive cancéreuse après traitement chirurgical, de radiothérapie ou médicamenteux. Une telle récidive signifie que certaines cellules cancéreuses sont capables de survivre malgré tous les traitements administrés. Il faut donc comprendre pourquoi et comment elles ont développé cette capacité biologique à se défendre. A partir de là, il sera possible de contourner le mécanisme et de trouver d’autres solutions thérapeutiques.

ERiCAN, la traque aux cellules résistantes

Des recherches ont-elles déjà été menées dans ce domaine ?

Quelques recherches sont en cours mais l’originalité du programme ERiCAN, c’est qu’il met en relation des équipes très complémentaires. Certaines équipes basées à Lyon travaillent sur les capacités de plasticité, autrement de modification de forme et d’apparence de certaines cellules cancéreuses. Cette plasticité leur permet ainsi d’échapper aux traitements. D’autres équipes sur Grenoble étudient l’environnement situé autour de ces cellules. Un tel environnement leur permet de se cacher, de ne pas succomber aux traitements visant à les détruire.

Certains organes sont-ils plus sensibles que d’autres à cette résistance des tumeurs ?

Nous avons choisi de travailler sur deux cancers fréquents, difficiles à traiter et qui présentent souvent des risques de récidive. D’une part, les cancers du poumon. D’autre part, les cancers de la peau ou mélanomes. Ces deux types de cancer ont été les premiers à avoir bénéficié de traitements ciblés modernes. Mais si ces traitements ont démontré des bénéfices majeurs, on constate aussi que la résilience thérapeutique s’y développe presque systématiquement. Avec, la clé, une rechute de formes très agressives souvent intraitables par les méthodes disponibles.

Cancérologie, une recherche de longue haleine

Dans combien de temps peut-on espérer avoir des résultats concrets pour allonger la durée de vie des patients ?

Le programme ERiCAN est prévu pour trois ans. Avant d’aboutir à l’identification d’une molécule ou d’une solution thérapeutique nouvelle, il faudra environ une dizaine d’années. Il faudra ensuite encore une dizaine d’années supplémentaires pour expérimenter le traitement, en vérifier l’efficacité et la toxicité potentielle. Bref, il faudra environ une vingtaine d’années au projet ERiCAN pour proposer une thérapie innovante afin de contrecarrer la résilience de ces cellules cancéreuses et améliorer l’efficacité des traitements.

A SAVOIR

Qu’est-ce que la résilience thérapeutique ?

En matière de cancérologie, les nouvelles thérapies permettent de proposer des solutions dans de nombreux cancers autrefois jugés incurables, avec in fine une amélioration significative de la survie des patients. Toutefois, ces nouvelles thérapies se heurtent à des phénomènes de résistance, entraînant quasi systématiquement des récurrences extrêmement agressives qui échappent à l’arsenal thérapeutique disponible. Cette “résilience thérapeutique” est la conséquence de l’extraordinaire capacité d’évolution et d’adaptation des cellules cancéreuses. Ces cellules intelligentes sont capables de se reprogrammer très rapidement pour générer de nouvelles formes cellulaires encore plus résistantes.

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Enfant des radios locales, aujourd'hui homme de médias, il fait partager son expertise de la santé sur les supports print, web et TV du groupe Ma Santé AuRA.

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