Leucémies, tumeurs cérébrales, lymphome… Chaque année, 2500 enfants et adolescents sont touchés par un cancer en France. Ce diagnostic bouleversant, au-delà de semer le désarroi dans leur vie et celle de leur famille, vient jeter le trouble sur leur avenir : 20% des cancers pédiatriques, en effet, sont difficilement guérissables, selon le Dr Pierre Leblond. Onco-pédiatre au Centre Léon-Bérard de Lyon, il profite du mois de “Septembre en or”pour sensibiliser à la lutte contre ces cancers de l’enfant dans l’émission Votre Santé.
Un enfant sur 440 sera atteint d’un cancer avant l’âge de 15 ans, en France. Un constat effrayant auquel s’ajoute la réalité des conséquences de cette pathologie difficilement curable : les cancers pédiatriques sont la deuxième cause de mortalité chez les enfants de plus d’1 an. La lutte contre ces pathologies et l’avancée de la recherche sont donc des enjeux primordiaux. Comme chaque année, le mois de “Septembre en or” a pour objectif de sensibiliser le plus grand nombre de personnes à ces cancers et au drame vécu chaque année par 2500 enfants supplémentaires en France.
Quels sont ces cancers pédiatriques ? Comment les traiter ? Où en est actuellement la recherche ? Le Dr Pierre Leblond, onco-pédiatrique au service d’hématologie et d’oncologie pédiatrique du Centre Léon Bérard, à Lyon, a répondu aux questions d’Élodie Poyade et de Pascal Auclair, rédacteur en chef du groupe Ma Santé, dans l’émission Votre santé de ce jeudi 9 septembre sur BFM Lyon.
“Il existe une multitude de cancers différents”
Quels sont les cancers les plus fréquents chez les enfants ?
Les cancers pédiatriques les plus fréquents aujourd’hui sont les leucémies, suivies des tumeurs cérébrales et des lymphomes. Il existe ensuite une multitude de cancers différents avec énormément d’atteintes différentes.
Sont-ils plus agressifs que ceux présents chez l’adulte ?
En terme de prolifération de la tumeur, les cancers pédiatriques sont en effet plus agressifs que ceux de l’adulte. En revanche, ils répondent mieux aux traitements que ceux de l’adulte. C’est le cas pour la chimiothérapie par exemple.
Cancers pédiatriques : des patients de 0 à 25 ans
À partir de quel âge tombe-t-on malade ?
Cela peut arriver dès la naissance et jusqu’à l’âge de 15-16 ans, voire plus. Nous prenons également en charge des patients âgés jusqu’à 25 ans lorsqu’ils sont atteints de cancers du spectre pédiatrique, c’est-à-dire que l’on rencontre le plus souvent chez les enfants.
Quel est le profil des jeunes patients que vous traitez au sein de vos services ?
Il est très difficile d’établir un profil car il existe une multitude de cancers différents. Il peut s’agir de patients qui ont une tumeur rénale ou surrénale âgés de 2 ou 3 ans, par exemple. Nous avons également des patients de 15-16 ans atteints de lymphomes ou de tumeurs osseuses par exemple, car ce type de tumeurs apparait plus souvent chez les adolescents. Nous traitons des patients jusqu’à l’âge de 25 ans atteints de cancers pédiatriques.
80% de guérison chez les enfants
Quelles sont les données en terme de rémission voire de guérison ?
On guérit environ 80% des enfants atteints de cancers pédiatriques, au sens large du terme. Néanmoins, il reste donc 20% pour lesquels il est difficile d’obtenir la guérison.
Les traitements passent-ils forcément par de la chimiothérapie ?
Non, pas nécessairement. Certains cancers peuvent être traités uniquement par chirurgie, d’autres par radiothérapie. Et certains nécessitent à la fois de la chirurgie, de la radiothérapie et de la chimiothérapie. En réalité, tout dépend du type de cancer. En revanche, les leucémies sont en général traitées exclusivement par chimiothérapie.
Les effets de ces traitements ont-ils une incidence sur la croissance des enfants ?
La grande différence entre les adultes et les enfants est la croissance. Il y a donc un impact et un retentissement sur la croissance des enfants au moment des traitements mais ils récupèrent quand les traitements se terminent.
Du retard sur la recherche contre les cancers pédiatriques
Cela est en partie lié à un manque de moyens. Mais c’est aussi la multitude de cancers différents qui freine l’évolution de la recherche. Il est donc difficile de devoir proposer une recherche spécifique pour tous les sous-types de cancers qui existent.
Assiste-t-on à une évolution des thérapies ou des technologies qui pourraient permettre de soigner d’autres formes de cancers ?
Oui, nous proposons désormais des profilages moléculaires des tumeurs, ce qui permet d’établir une sorte de carte d’identité de la tumeur. Cela permet parfois de proposer des thérapies ciblées, c’est-à-dire des médicaments qui pourront aller spécifiquement vers l’anomalie de la tumeur pour la traiter.
Cancers pédiatriques et Covid-19 : “on recommande largement la vaccination”
La crise sanitaire a t-elle eu un impact sur la vie du centre Léon Bérard, notamment sur les services d’oncopédiatrie ?
Non, pas vraiment. Concernant les cancers chez l’adulte, il y a pu y avoir des retards car les personnes n’allaient pas forcément à l’hôpital pour se faire dépister ou pour se faire soigner de manière rapide. Chez les enfants, au contraire, les familles viennent tout de même assez rapidement à l’hôpital.
Qu’en est-il de la vaccination de ces enfants contre la Covid-19 ? Peuvent-ils se faire vacciner sans crainte ?
Ils peuvent tout à fait se faire vacciner à partir de 12 ans, conformément aux recommandations actuelles. Mais pas au moment de leur chimiothérapie. Mieux vaut juste avant ou juste après. Il n’y a pas de contre-indications, il faut juste respecter un timing particulier pour proposer le vaccin. On recommande d’ailleurs largement la vaccination et on la réalise au quotidien.
À SAVOIR
Dans l’institut d’hématologie et d’oncologie pédiatrique (IHOP) du Centre Léon Bérard, 250 enfants, adolescents et parfois jeunes adultes atteints de cancers pédiatriques, arrivent chaque année avec un espoir de guérison.
Soutenez la recherche contre les cancers pédiatriques ! Rendez-vous sur le site du Centre Léon Berard ou de l’IHOP pour faire un don.