Cystite, infections urinaires, calculs rénaux… Les troubles urinaires représentent un ensemble de problèmes pouvant affecter le système urinaire, englobant les reins, les voies urinaires, la vessie et l’urètre. Ces troubles, touchant beaucoup plus les femmes que les hommes, peuvent être temporaires ou chroniques, provoquant divers symptômes et impactant considérablement la qualité de vie des individus. Zoom sur ces troubles avec le concours de Dr Nicolas Arfi, chef du service urologie à l’hôpital Saint-Joseph Saint-Luc, à Lyon (Rhône).
Les troubles urinaires englobent diverses affections telles que la cystite, les infections urinaires et l’hyperplasie bénigne de la prostate (HBP). Ces troubles, bien que distincts, partagent le point commun d’affecter le système urinaire et peuvent causer un large éventail de symptômes désagréables. Mais quels sont les symptômes ? Comment s’en protéger ? On vous explique.
Des troubles bien différents
Les troubles urinaires se manifestent de diverses manières, chacun avec ses caractéristiques et symptômes spécifiques. Voici quelques-uns des principaux types de troubles urinaires :
Les incontinences urinaires
Liée au stress, à l’âge, au surpoids ou à d’autres soucis de santé, l’incontinence urinaire se traduit par une incapacité à contrôler la miction de manière appropriée, ce qui peut entraîner des fuites involontaires d’urine. Il existe des incontinences urinaires à l’effort, par urgences ou les deux associées. Dans le cas de l’incontinence il s’agit d’une impossibilité de retenir la miction soit par insuffisance du sphincter urinaire ou par contraction non inhibée du muscle de la vessie , le detrusor. On estime que 20 à 30 % des femmes et environ 8 % des hommes de plus 65 ans souffrent d’incontinence urinaire en France.
L’hyperplasie bénigne de la prostate
Courante chez les hommes d’âge mur ( généralement plus de 50 ans), l’hyperplasie bénigne de la prostate (HPB) se caractérise par une augmentation non-cancéreuse de la taille de la prostate accompagné d’une diminution du calibre de la voie urinaire basse. Cela peut entraîner des difficultés à uriner ou des besoins fréquents d’aller aux toilettes, en particulier la nuit.
Les infections urinaires
Les infections urinaires se produisent lorsque des bactéries envahissent le système urinaire. Elles provoquent des symptômes tels que des mictions fréquentes, des douleurs et des sensations de brûlure lors de la miction. Il peut s’agir d’une infection basse touchant la vessie (cystite) et la prostate ou une infection haute touchant les reins (pyélonéphrite). Ces infections sont relativement fréquentes, chez la femme notamment : leur urètre, le canal qui relie la vessie à l’extérieur, est plus court.
Les calculs rénaux
Les calculs rénaux sont des dépôts solides qui se forment dans les reins et qui peuvent provoquer une douleur intense dans le bas du dos ou dans le bas de l’abdomen, le tout accompagné de mictions douloureuses. Cela se produit en raison d’un déséquilibre de la composition des urines, appelé maladie lithiasique. Des dépôts solides s’agglomèrent dans les reins pour former des petites pierres. Lorsque celles-ci partent dans la voie urinaire, elles bloquent le passage entrainant une accumulation d’urines, il s’agit d’une colique néphrétique. La douleur est alors intense, débute dans le bas du dos sur le côté et irradie en avant dans le bas de l’abdomen. En cas de colique néphrétique associée à de la fièvre, il existe un risque de septicémie nécessitant un avis en urgence.
L’hyperactivité vésicale
Ce trouble se caractérise par une augmentation de la fréquence des mictions le jour comme la nuit liée à une hypersensibilité vésicale. Les mictions peuvent être impérieuses avec des urgences gênantes plus ou moins associées à des fuites. Les symptômes peuvent s’aggraver avec le stress et varier en intensité en affectant considérablement la qualité de vie. L’hyperactivité vésicale touche 15,7% de la population féminine et 11,9% de la population masculine
La cystite interstitielle
La cystite interstitielle est un trouble chronique de la vessie, à ne pas confondre avec une cystite infectieuse, caractérisée par des douleurs pelviennes, une pression et une fréquence urinaire élevée. Les symptômes peuvent varier en intensité et affecter considérablement la qualité de vie. Elle touche principalement les femmes (neuf cas de cystite interstitielle sur dix) et est relativement rare. Sa prévalence serait de l’ordre d’un cas sur 2 000 femmes et d’un cas sur 25 000 hommes.
D’autres symptômes ou d’autres troubles existent, en cas de doutes adressez-vous à un professionnel.
Comment savoir si j’ai un trouble urinaire ?
Les symptômes des troubles urinaires varient notamment en fonction du trouble et de sa gravité. Cependant, certains signes communs peuvent vous alerter :
- Besoins fréquents et urgents d’uriner.
- Du sang dans les urines.
- Une rétention d’urine.
- Douleur ou brûlure lors de la miction.
- Incontinence urinaire.
- Difficulté à commencer ou à arrêter le flux urinaire.
- Douleur dans le bas du dos ou dans le bas de l’abdomen.
- Fuites urinaires.
- Difficulté à maîtriser la miction.
D’où ça vient ?
Les causes des troubles urinaires sont multiples et peuvent dépendre du type de trouble en question. Voici quelques-unes des causes courantes :
- Les médicaments : certains médicaments, comme des antidépresseurs ou des psychotropes, peuvent avoir des effets secondaires tels que des troubles urinaires.
- Le mode de vie : certains comportements, comme la consommation excessive de caféine, de thé ou d’alcool, peuvent favoriser l’apparition de troubles urinaires. Une bonne hydratation, autour de 1-1.5 litres est nécessaire au bon fonctionnement urologique et diminue le risque de fabriquer des calculs ou de développer des infections urinaires. Les boissons après 18h augmentent le risque de miction pendant la nuit.
- L’âge : en vieillissant, l’anatomie de la voie urinaire peut se modifier et gêner la miction. La prostate augmente en taille avec le temps et la ménopause peut aggraver certains troubles urinaires.
- Cystite et rapports sexuels : les mouvements et frottements pendant les rapports sexuels peuvent faciliter le transfert des bactéries de l’anus vers le vagin et finalement vers le tractus urinaire. Pour minimiser le risque d’infection, il est recommandé d’uriner avant et après un rapport sexuel.
Les femmes enceintes particulièrement exposées
Les infections urinaires au cours de la grossesse sont favorisées ! En cause :
- L’élévation du niveau de progestérone entraîne un ralentissement de la production et par conséquent de l’évacuation de l’urine. Cela prolonge la rétention d’urine dans la vessie, favorisant la stagnation des germes et augmentant ainsi le risque d’infections urinaires. De plus, en raison de l’influence hormonale, l’urètre, le conduit allant de l’orifice urinaire à la vessie, se dilate davantage, ce qui facilite la migration des germes vers le haut.
- Au cours de la grossesse, on remarque une diminution de l’acidité des urines, ce qui en temps normal agit sur la multiplication des germes.
Comment traiter les troubles urinaires ?
Le traitement des troubles urinaires dépend de la cause sous-jacente. Voici quelques approches couramment utilisées :
- Médicaments : certains médicaments peuvent aider à traiter les symptômes des troubles urinaires, comme les antibiotiques pour les infections urinaires ou les médicaments pour réduire les symptômes de l’HBP.
- Changements de mode de vie : des ajustements dans l’alimentation, la consommation de liquides et les habitudes de miction peuvent souvent améliorer les symptômes.
- Physiothérapie : des séances de physiothérapie peuvent être recommandées pour renforcer les muscles pelviens et améliorer le contrôle de la vessie.
- Interventions chirurgicales : dans certains cas, une intervention chirurgicale peut être nécessaire pour corriger des problèmes anatomiques, comme dans le cas des calculs rénaux ou de l’HBP.
- Rééducation périnéale : des séances de rééducation avec un kinésithérapeute ou sage-femme peuvent être recommandées pour renforcer les muscles pelviens et améliorer le contrôle de la vessie.
Les troubles urinaires peuvent, donc, avoir un impact significatif sur la qualité de vie des individus. Il est essentiel de rechercher une évaluation médicale si des symptômes urinaires surviennent : un diagnostic précis et rapide est la première étape vers un traitement approprié !
À SAVOIR
Pour les cas de cystite, il est généralement conseillé de boire beaucoup d’eau ! Petite recette de grand-mère : le jus de cranberry permettrait de soulager ce type d’infection urinaire.