Les blessures musculaires sont courantes, particulièrement chez les sportifs. Mais comment fait-on la différence entre contracture, élongation, claquage ou encore déchirure ? Ma Santé décrypte pour vous les différents maux du muscle avec les conseils experts du Dr Élodie Gailledrat, médecin du sport dans la région grenobloise.
Vous ressentez de fortes douleurs musculaires après votre séance de sport et vous craignez la déchirure ? Mais comment identifier le type de lésion musculaire dont on souffre et comment se soigner ? Éléments de réponse avec l’aide du Dr Elodie Gailledrat, chef de service Orthopédie Traumatologie à Échirolles, près de Grenoble.
Les différentes lésions musculaires et comment les identifier
Niveau 1. La contracture
La contracture intervient surtout chez les sportifs, elle est définit par la contraction durable et involontaire d’un muscle. Elle intervient souvent lors de la sollicitation trop importante d’un muscle peu sollicité d’habitude. Elle se caractérise par une sensation de raideur douloureuse au niveau d’un muscle. À la différence de la courbature, elle dure au-delà de 3 jours (entre 5 et 10 jours) et engendre une douleur qui est généralement plus intense. Cette douleur est causée par de micro-lésions, plus importantes que celles qu’on retrouve en cas de courbatures mais pas aussi importantes qu’en cas d’élongation par exemple.
Niveau 2. L’élongation
Ce type de lésion musculaire est généralement soudaine. De plus, elle se fait surtout sentir à la contraction du muscle. Comme pour la contracture, l’élongation est causée par une sollicitation trop importante du muscle : il a travaillé au-delà de ses capacités normales d’étirement. Cela a pour effet un allongement de la fibre musculaire au-delà de ses capacités. On parle d’élongation quand seulement une petite quantité de fibres musculaires est touchée.
Niveau 3. La déchirure ou « claquage »
Plutôt courante chez les sportifs, la déchirure définit le sectionnement de fibres musculaires. Cet indicent peut survenir lors d’un entrainement trop violent, engendrant des sollicitations trop importantes et soudaines. La douleur évoquée par les patients est celle d’un « coup de poignard » : une douleur soudaine et brutale. La douleur au repos est constante et entraîne une immobilisation totale. Un hématome peut également se former (à cause de la rupture des vaisseaux voisins du muscle). Les muscles les plus souvent touchés sont les plus gros du corps : le quadriceps (avant de la cuisse), les ischios (arrière de la cuisse) ou encore les mollets. On parle aussi de « claquage » pour définir ce mal car la sensation à la rupture de ces fibres musculaires s’apparente souvent à une sensation de « claquage » du muscle. D’ailleurs le moment de rupture s’accompagne souvent d’un claquement sonore.
Niveau 4. La rupture
La rupture est la pire chose qui puisse arriver à votre muscle. Il s’agit de la rupture d’une quantité très importante de fibres musculaires (ou faisceaux musculaires) pouvant aller jusqu’à une rupture totale du muscle. Les symptômes de cette lésion musculaire sont semblables à ceux du claquage (ou déchirure) mais la douleur est encore plus importante. De plus, une boule dure et douloureuse se forme sous la peau (le muscle est gonflé), accompagné d’un creux (l’endroit où le muscle s’est déchiré). Tout comme au niveau 3, un hématome peut apparaître.
Comment les éviter ?
Plusieurs conseils simples peuvent vous éviter de vous retrouver avec un muscle contracté voire rompu :
Échauffez-vous
Trop souvent zappés, les échauffements permettent de préparer les muscles à l’effort. Passer d’une totale immobilisation à un effort soudain peut être traumatisant pour vos fibres musculaires ! C’est aussi pourquoi il est important de privilégier un étirement progressif.
Étirez-vous régulièrement
Les étirements permettent de prévenir les maux comme les élongations car ils améliorent la souplesse des tissus musculaires, rendant l’amplitude possible du muscle plus importante. Il est conseillé de s’étirer plutôt « à froid » c’est-à-dire en dehors des entraînements, quand le muscle n’est pas échaudé par l’effort.
Pathologies fragilisantes
Certaines pathologies comme les tendinites ou la polyarthrite rhumatoïde peuvent également être des facteurs fragilisants pour le muscle et donc facilitant pour la lésion musculaire. Si vous souffrez de ce genre de maladies, il est important de redoubler de vigilance.
Buvez de l’eau
Un muscle déshydraté est fragilisé, une bonne hydratation permet au muscle d’être dans son état optimal pour l’entraînement.
N’ayez pas les yeux plus gros que le muscle
D’une part, le surentraînement peut être une cause de dégradation musculaire et donc de lésion musculaire : il est important de laisser le muscle se reposer au maximum entre deux séances. Préférez, par exemple, des entraînements alternant le haut et bas du corps afin de faire travailler différents groupes musculaires et garder au moins un jour de repos par semaine. Cela ne réduira en rien vos performances et permettra au contraire une meilleure cicatrisation de vos tissus détruits durant vos entraînements.
D’autre part, un effort trop intense comme le port de charges trop lourdes (à la musculation par exemple) ou une endurance surévaluée peuvent être la cause de lésions au niveau du muscle. En sport, s’il est important de se dépasser il est essentiel de savoir quand s’arrêter pour ne pas se blesser !
Soulager puis soigner
La contracture
En cas de contracture, la visite chez votre médecin n’est pas forcément nécessaire. En effet, avec du repos, ce genre de pathologie guérie généralement d’elle-même. Vous pouvez également appliquer une source de chaleur (bouillote, patchs chauffants etc.) afin de relaxer le muscle.
Néanmoins, il peut être bon de consulter votre médecin afin de vérifier votre auto-diagnostique. De plus, si la douleur est vraiment gênante, votre praticien devrait vous prescrire des myorelaxants (médicaments permettant de détendre le muscle) ou des antalgiques.
L’élongation
En cas d’élongation il est important de prendre rendez-vous chez votre médecin. Il procédera à un examen afin de vérifier qu’il s’agit bien d’une élongation et la présence d’éventuelles lésions associées comme une entorse. Le traitement consiste généralement en des séances de kiné. Votre médecin pourra également vous prescrire des anti-inflammatoires locaux ou des antalgiques afin de soulager la douleur.
Attention, ce genre de lésion musculaire ne se soulage pas du tout comme une contracture ! Cette fois-ci, il faut appliquer du froid afin de réduire l’inflammation. Le repos nécessaire pour s’en remettre tourne généralement autour d’une quinzaine de jours. De plus, la reprise d’une activité sportive doit se faire progressivement au risque de réitérer la blessure, voire de l’aggraver.
La déchirure
Tout comme l’élongation, le premier geste lors d’une déchirure est d’appliquer de la glace sur la blessure afin de diminuer l’inflammation et donc la douleur. Il peut être bon de surélever la jambe pour éviter la formation d’un hématome. Le repos nécessaire est proportionnel à la gravité de la blessure : votre médecin vous indiquera le temps de repos nécessaire mais on parle d’une durée moyenne de 45 jours.
Bien sûr, une déchirure demande un rendez-vous chez votre médecin dans les plus brefs délais. Il pourra vous prescrire dans un premier temps des antalgiques ou des anti-inflammatoires afin de calmer la douleur. Ensuite, des séances de rééducation chez votre kiné peuvent s’avérer nécessaire afin de récupérer de la force et de réapprendre à mobiliser le muscle en douceur.
Il est primordial de ne pas reprendre une activité physique trop vite, et cela même si la douleur n’est plus là. En effet, une blessure qui ne fait plus mal ne signifie pas une blessure qui a disparu ! Vous risquez d’aggraver encore un peu plus la blessure, potentiellement jusqu’à la rupture… !
La rupture
La rupture demande les mêmes soins immédiats que la déchirure : application de glace, surélevèrent du membre concerné…
Ces soins sont à pratiquer dans l’immédiat mais une hospitalisation d’urgence est nécessaire. Si la rupture du muscle s’accompagne d’une plaie, le tendon sera suturé sous anesthésie (locale ou générale). La rémission est ici nettement plus longue, il faut compter en moyenne 2 ou 3 mois sans aucun sport. Une rééducation sera également indispensable.
Retrouvez la liste de tous les médecins du sport de votre région sur www.conseil-national.medecin.fr
À SAVOIR
On compte environ 26 millions de sportifs en France. Une population coutumière des traumatises puisque les lésions musculaires représentent 23% des accidents du sportif. Les élongations et déchirures musculaires représentent, elles, 10 %.