Déterminé à donner “un coup de frein brutal aux contaminations”, le président de la République a annoncé ce soir un nouveau confinement, d’une durée de quatre semaines au moins. Il sera moins strict qu’au printemps, puisque les écoles resteront ouvertes. Les visites seront autorisées dans les Ehpad et le travail pourra continuer, sauf pour les commerces. La mesure, jugée comme seul moyen de juguler une seconde vague qui s’annonce encore plus forte que la première, entrera en vigueur ce jeudi soir à minuit.
C’était inéluctable. Comme en mars, le président de la République a annoncé l’instauration d’un confinement pour lutter contre la propagation de l’épidémie de coronavirus. Emmanuel Macron a pris la parole à 20 heures ce soir pour confirmer l’hypothèse qui, depuis mardi, se faisait de plus en plus plausible. Le confinement, applicable à l’ensemble du territoire, entrera en vigueur jeudi à minuit. Il devrait s’étendre au moins jusqu’au 1er décembre, soit une durée minimale de 4 semaines.
Pas de simple couvre-feu dès 19h donc. Pas de confinement territorialisé non plus. Mais un confinement national assoupli par rapport à celui de la première vague printanière. Ces différentes options ont été étudiées lors de deux conseils de défense spécifiques, mardi et mercredi matin. C’est à l’issue du second qu’Emmanuel Macron a pris la décision qui lui semblait la plus à même de contrer la progression vertigineuse de l’épidémie de Covid-19.
527 nouveaux décès en 24 heures
“Si les efforts consentis ont été utiles, ils ne suffisent plus”, a-t-il annoncé dès l’entame de son allocution télévisée pour justifier ce recours à la mesure restrictive la plus draconnienne. “L’épidémie s’étend à tout le territoire”, confirme Jérôme Salomon.
Le directeur général de la Santé a résumé la situation face à la commission d’enquête de l’Assemblée nationale, ce mercredi après-midi. “Nous assistons à une augmentation exponentielle du nombre de cas : 60% d’augmentation ces derniers jours. Tous ces indicateurs confirment une très forte extension épidémique, nationale et en région. Toutes les régions sont touchées. Tous les départements sont touchés. Nous avons tous en tête la mobilisation majeure pour soutenir le département de la Loire. Toutes les métropoles sont touchées”.
Avec 52 000 cas quotidiens, 12 000 hospitalisations en sept jours, dont 2000 en réanimation, et 527 morts en 24 heures, la France est revenue aux heures sombres du printemps dernier. “La deuxième vague pourrait être supérieure à la première”, prévient Jérôme Salomon, qui indique que le nombre de patients admis en réanimation va “augmenter mécaniquement”.
Un confinement obligatoire pour stopper les contaminations au coronavirus
Emmanuel Macron s’est montré encore plus précis : “le virus semble gagner en force à mesure que l’hiver approche. Près de 9000 personnes seront en réanimation à la mi novembre, soit le maximum de nos capacités hospitalières. Il fallait donner un coup de frein brutal aux contaminations”.
Pour le président, ce nouveau confinement est l’unique moyen de parvenir à protéger les plus fragiles, les plus jeunes, les plus modestes, mais aussi les soignants et l’économie du pays. “Il n’y a pas de solution magique”, a-t-il rappelé.
L’ensemble du territoire est donc concerné. À minuit, dans la nuit de jeudi à vendredi, les Français seront donc appelés à rester chez eux. Ce nouveau confinement est toutefois allégé par rapport à celui de la première vague. Il sera possible de sortir, sur attestation, pour faire ses courses, se rendre à son travail, aller à un rendez-vous médical et même pour prendre l’air. Les déplacements non justifiés seront en revanche interdits. Les commerces et autres établissements recevant du public seront fermés, et les rassemblements familiaux restent proscrits.
Coronavirus : pas de confinement pour les écoliers
“Par rapport à mars-avril, nous avons progressé. Et nos enfants ne peuvent être privés d’éducation”. Les crèches, écoles, collèges et lycées resteront ouverts. Les facultés, en revanche, devront recourir aux cours en ligne.
Les conditions d’exercice du travail, comme d’autre points, seront précisés dés ce jeudi par le premier ministre, Jean Castex. On sait déjà que le télétravail sera fortement encouragé. Le chômage partiel sera reconduit dans des dimensions qu’il reste à éclaircir. En revanche, les entreprises fermées administrativement pourront bénéficier d’une aide mensuelle allant jusqu’à 10 000 euros. “L’économie ne doit pas s’effondrer”, a martelé le chef de l’État.
Le président de la République a également annoncé que les frontières européennes resteront ouvertes. Soucieux d’éviter de nouveaux “drames humains“, il a indiqué que les Ehpad resteraient ouverts aux visites, qui seront toutefois strictement encadrées.
Ces restrictions, à commencer par la fermeture des commerces, seront réévaluées dans les prochaines semaines. Elles pourraient ainsi être assouplies en cas d’évolution positive. Désireux de boucler son intervention sur une note positive, Emmanuel Macron a évoqué la perspective de Noël. “Nous verrons si nous pourrons cultiver ce moment si précieux des fêtes de fin d’année”.
À SAVOIR
Les mesures pour contrer l’évolution de la seconde vague de l’épidémie en France se sont peu à peu durcies. Après Marseille et Paris, Lyon, Saint-Étienne et Grenoble étaient passées en état d’alerte maximale le 8 octobre. Le 15 octobre, Emmanuel Macron annonçait l’instauration d’un couvre-feu de 21h à 6h dans les grandes métropoles, dont Lyon, Saint-Étienne et Grenoble. Le 22 octobre, ce couvre-feu était étendu à 54 départements par le premier ministre Jean Castex. Cette mesure concernait notamment l’Ain, l’Ardèche, l’Isère, la Loire, la Haute-Loire, le Puy-de-Dôme, le Rhône, la Savoie et la Haute-Savoie.