Si l’épidémie recule enfin en Auvergne Rhône-Alpes, le gouvernement encourage toujours fortement le recours à la télésanté. Nouvel élément de lutte contre la propagation du coronavirus, cette prise en charge médicale à distance assure la continuité des soins. Et ce, dans un contexte où l’isolement augmente. Dès lors, qui est concerné par la télésanté ? Pour quels professionnels ? Qu’en sera-t-il avec le déconfinement ? Le point avec le Dr Marcel Garrigou-Grandchamp, référent télésanté à l’URPS Médecins Aura.
Après le télétravail, place à la téléconsultation ! Afin de limiter davantage la progression du Covid-19 sur l’ensemble du territoire, une nouvelle circulaire est venue renforcer le dispositif sanitaire. Objectif ? Permettre à chacun d’assurer la continuité et la prise en charge des soins de santé. Tout en veillant à réduire l’incidence des taux de contaminations. Pour ce faire, le gouvernement a très vite appelé à « renforcer massivement le recours à la télésanté ».
Instaurée depuis septembre 2018, la téléconsultation a connu un essor phénoménal lors du premier confinement. Passée de 700 à 30 000 consultations à distance par semaine dans le Rhône, l’exécutif entend consolider cette avancée en ces temps de crise. Ainsi, la télésanté s’ouvre aujourd’hui à d’autres professionnels de santé : chirurgiens-dentistes, sages-femmes, orthophonistes, orthoptistes, kinésithérapeutes, pharmaciens, podologues, diététiciens, psychomotriciens ou encore ergothérapeutes. De quoi révolutionner le dispositif de médecine. Explications au côté du Dr Marcel Garrigou-Grandchamp, médecins et référent télésanté à Lyon.
La télésanté, une solution innovante en ces temps de crise sanitaire
Si d’origine, la télésanté s’est instaurée en vue d’améliorer et de faciliter l’accès aux offres de soins, en particulier dans les déserts médicaux, elle prend aujourd’hui une toute autre signification. La consultation à distance relève en effet davantage des standards épidémiques, a contrario des consultations sur place. Déplacements évités, absence de risque de contamination, diminution du nombre de patients en salle d’attente, accès aux soins laissés de côté face au confinement… De quoi maintenir un système de soin et de prise en charge à distance.
Les nouvelles recommandations du Centre Opérationnel de Régulation et de Réponse aux Urgences Sanitaires et Sociales (CORRUSS) sont claires. « Face à la recrudescence de l’épidémie, il est demandé aux professionnels de privilégier de façon massive et rapide les prises en charge à distance, afin de limiter des risques de propagation du virus et de maintenir le suivi médical et soignant, particulièrement pour des patients atteints de pathologies chroniques, et prévenir les ruptures de soins ». Dès lors, ce nouveau dispositif reste particulièrement adapté aux personnes potentiellement Covid+.
La téléconsultation, même déconfinés ?
Toutefois, se pourrait-il que la télésanté perdure après le déconfinement ? Les médecins peuvent depuis 2018 recourir à cette stratégie de prise en charge. Les autres professionnels de santé non. Jusqu’ici. Seuls les professionnels médicaux, soit médecins, sages-femmes et odontologistes, étaient mentionnés dans le texte de loi. « La téléconsultation et téléexpertise se poursuivront de part le droit commun qu’ils représentent. En revanche, le télésoin et télésuivi ne sont que dérogatoires en cette période. Tout comme le seul téléphone sans vidéotransmission », assure le Dr Marcel Garrigou-Grandchamp.
Mode d’emploi de la téléconsultation
Définie par le code de santé publique comme permettant « à un professionnel médical de donner consultation à distance à un patient », la téléconsultation respecte les mêmes exigences que les consultations sur place. Confidentialité, éthique, assurance, diplôme… Dès lors, « les actes de télémédecine et les activités de télésoin sont autorisés, encouragés et peuvent être pris en charge par l’assurance maladie selon des conditions de droit et dérogatoires en période d’épidémie », assure la CORRUSS.
En outre, les consultations remboursées habituellement le resteront, celles payantes aussi. Mais comment le paiement des honoraires s’effectue-t-il à distance ? « Il s’agit majoritairement du tiers payant intégral. Dès lors, le médecin ou professionnel se charge de l’envoi des données électroniques à l’Assurance Maladie. À défaut, si un paiement doit s’effectuer, une plateforme mise en place et sécurisée permet de payer par carte bancaire à distance », décrit le Dr Marcel Garrigou-Grandchamp.
À noter que la télésanté recouvre plusieurs domaines. La téléconsultation (professionnel à patient). La téléexpertise (professionnel à professionnel sur un cas nécessitant une expertise précise). La télésurveillance (données régulières de l’évolution de l’état de santé du patient envoyées au professionnel). Ou encore le télésoin (professionnel paramédical à patient).
Des critères d’éligibilité à la téléconsultation assouplis
Le professionnel de santé comme pour le patient ont vu leurs critères d’éligibilité assouplis. En premier lieu, tout patient qui en fait la demande ou qui répond aux conditions fixées peut en bénéficier. Ces conditions répondent au critère de faisabilité : le soin est-il praticable à distance ? L’intervention peut-elle s’effectuer sans recours à la manipulation ?
De plus, l’éligibilité des professionnels est étendue. « Les organisations de télésanté concernent les professionnels médicaux (médecins, sages-femmes et chirurgiens-dentistes), les diététiciens, ergothérapeutes, masseurs-kinésithérapeutes, orthophonistes, orthoptistes, pédicures-podologues, psychomotriciens et les pharmaciens, ainsi que les infirmiers autorisés à réaliser un suivi à distance. Pour rappel, les psychologues ne sont pas régis par les textes sur le télésoin mais peuvent décider de réaliser leurs activités à distance », confie la CORRUSS.
Vidéotransmission ou simple appel ?
Critère majeur de la télésanté, la consultation doit comprendre une vidéotransmission entre professionnel et patient. Sans quoi il ne s’agit plus de télésanté. Néanmoins, en raison de l’état urgence sanitaire, le gouvernement autorise de nouveau les téléconsultations par téléphone. Mais à quelles conditions ?
Deux types de cas existent : les patients n’ayant pas accès à une connexion internet et les autres. Dans le premier cas, pas besoin de justification pour un rendez-vous de télésanté. En revanche, dans le second cas, il faut remplir des conditions strictes. Ainsi, il doit s’agir d’un patient présentant des symptômes du Covid-19 ou étant positif, d’un patient âgé de plus de 70 ans, d’un patient atteint d’une affection grave ou encore d’une patiente enceinte.
À SAVOIR
La Haute Autorité de Santé a publié une fiche d’information à la téléconsultation. Cette dernière est disponible ici et permet d’informer le patient sur les droits et devoirs découlant.