Lancée en décembre, l’enquête régionale sur l’impact de la Covid-19 dans les cabinets dentaires d’Auvergne-Rhône-Alpes révèle un niveau de contamination élevé chez les chirurgiens-dentistes. Notamment dans les zones à forte densité de population. Malgré tout, grâce aux mesures de protection, les chirurgiens-dentistes de la région ont été moins infectés que d’autres professionnels de santé. Explications.
Jamais, une enquête régionale menée par les chirurgiens-dentistes d’Auvergne-Rhône-Alpes n’avait bénéficié d’un tel taux de participation. Près de la moitié des praticiens de la région ont répondu au sondage (1) destiné à connaître l’impact de la Covid-19 dans leur cabinet. Après le dépouillement, un constat s’impose : la profession de chirurgien-dentiste a payé un lourd tribut à la pandémie de coronavirus depuis son apparition, au printemps dernier.
Premier enseignement de cette enquête inédite : la profession de chirurgien-dentiste recense deux fois plus de contaminations que dans l’ensemble de la population française ! Concrètement, en Auvergne-Rhône-Alpes, la proportion de praticiens contaminés par la Covid-19 atteint 9.77 %, contre 5.53 % au niveau national.
Deux fois plus de contaminations chez les chirurgiens-dentistes en Rhône-Alpes qu’en Auvergne
Sans doute en raison de l’urbanisation et de la densité de population des grandes métropoles, les chirurgiens-dentistes des départements de Rhône-Alpes (10,07%) ont été deux fois plus touchés que ceux d’Auvergne (5,59%). Au (triste) palmarès des départements les plus impactés par la pandémie, on retrouve la Savoie (12,66%), le Rhône (12,57%), la Haute-Savoie (11,46%) et l’Ardèche (11,11%). À un moindre niveau, les chirurgiens-dentistes de l’Ain (8,6%), de l’Isère (8,54%), de la Drôme (8,51%) et de la Haute-Loire (7,41%) ont aussi été contaminés. En revanche, le virus a eu peu de prise sur les confrères de la Loire (4,93%), du Puy-de-Dôme (3,05%), de l’Allier (2,94%) et du Cantal (moins de 2%).
Autre enseignement de cette étude régionale, une majorité des praticiens a contracté précocement la Covid-19 durant les mois de février (10 %), mars (28%), octobre (30 %) et novembre (16%). « À la lecture de ces chiffres, on peut féliciter le Conseil National de l’Ordre d’avoir incité à la fermeture des cabinets mi-mars. Cette mesure radicale a permis de se doter des équipements de protections adéquates alors que la progression de mars était vertigineuse », souligne le docteur Eric Lenfant, président de l’URPS Chirurgiens-Dentistes AuRA.
Selon cette enquête régionale, l’impact de la pandémie a été encore plus sévère dans les rangs du personnel des cabinets. Chez les assistants et le personnel administratif, le taux de contamination y atteint ainsi 16%, avec de nombreux cas enregistrés en octobre (38%) et en novembre (29%).
À noter que selon les déclarations traitées, une majorité des contaminations s’est faite dans le cadre de la vie personnelle (62%). Ainsi, les confrères et leur personnel estiment leurs EPI (Équipement de Protection Individuelle) efficaces. Malgré le risque avéré de notre exercice professionnel, les chirurgiens-dentistes ont donc été moins contaminés que la plupart des autres professionnels de santé.
Enquête Covid-19 : Une stratégie de prévention efficace
« Il y a trois grands enseignements à retenir. D’une part, compte tenu de la situation, la fermeture de nos cabinets, mi-mars, a permis de freiner radicalement la circulation de l’épidémie dans l’entourage des chirurgiens-dentistes. D’autre part, l’impact de la Covid-19 sur les professions de santé a été annonciateur des futures vagues épidémiques, ce qui a permis au CNO de réagir rapidement et efficacement. Enfin, paradoxalement, on constate que le danger de contamination se situe dans l’environnement familial et privé plutôt qu’au cabinet », analyse le docteur Marie-José Goumy, trésorière de l’URPS CD ARA.
« On constate aussi que les chirurgiens-dentistes, pourtant très exposés, ont été moins contaminés que les autres soignants. Le fait d’être parmi les professions de santé les moins impactées prouve l’efficacité de nos campagnes d’information précoce, d’approvisionnement en EPI et en 200 000 tests antigéniques et surtout la discipline, la rigueur et l’organisation de notre profession », insiste le docteur Eric Lenfant, président de l’URPS CD ARA.
À la lumière des résultats de ce sondage et compte tenu des risques de résurgence de la pandémie cet hiver, l’Union Régionale a lancé depuis quelques jours une campagne multimédia. Objectif : inciter les chirurgiens-dentistes à se doter des équipements nécessaires pour continuer d’exercer leur activité. Même en cas d’aggravation de la situation sanitaire, à utiliser le dépistage grâce aux tests antigéniques distribués par l’URPS et à se faire vacciner dans les centres de vaccination.
(1) Sondage réalisé entre le 1er et le 15 décembre auprès d’un panel de 4 500 dentistes.
À SAVOIR
L’URPS Chirurgiens-Dentistes Auvergne Rhône-Alpes représente aujourd’hui plus de 5 500 praticiens répartis sur les douze départements de la région et la Métropole de Lyon. Les membres de l’Union Régionale CD ARA sont tous des professionnels de santé. Ils exercent à titre libéral dans le régime conventionnel (article R.4031-14 du Code de la santé publique). L’URPS CD ARA est l’interlocuteur de la profession libérale auprès de L’AGENCE RÉGIONALE DE SANTÉ AUVERGNE-RHÔNE-ALPES.