L’épidémie de Covid-19 a révélé au monde entier toute l’importance de la problématique des traitements de l’air intérieur contre les virus respiratoires infectieux. Mais alors que la demande s’accélère, une autre question se pose : celle de l’efficacité de ces dispositifs d’épuration de l’air installés dans les écoles, les hôpitaux ou encore les Ehpad. La seule réponse actuelle provient de Lyon et d’un laboratoire hautement sécurisé, où une technologie unique en Europe a été développée pour évaluer les performances des modèles de traitement de l’air.
La lutte contre le Covid-19 et les autres virus infectieux s’est dotée d’une nouvelle arme. Cet outil, un laboratoire indépendant capable de juger et d’homologuer la qualité des dispositifs de traitement de l’air intérieur, vient répondre à une demande de plus en plus forte.
“Il y a trois grandes stratégies de lutte contre les virus respiratoire infectieux”, témoigne le Dr Manuel Rosa Calatrava, directeur de recherche à l’Inserm et du laboratoire VirPath à l’Université Lyon I. “Les vaccins, mais les virus mutent, les molécules antivirales, mais il y en a très peu sur le marché, et la prévention. Cette dernière se traduit à travers les mesures barrières et, face à leurs limites, le traitement de l’air destiné à faire baisser la quantité de pathogènes en dessous du seuil favorisant la contagion”.
La Région Auvergne-Rhône-Alpes, en équipant l’intégralité des lycées dont elle assure la gestion, a choisi de jouer la carte du traitement de l’air intérieur. Comme de nombreux autres services publics, industriels ou collectivités. Mais ces dispositifs de traitement de l’air ont aujourd’hui un défaut : facile d’accès, leur efficacité ne souffre d’aucune homologation, faute de normes standardisées et, surtout, d’organismes capables d’en établir une évaluation.
Des expérimentations en conditions réelles de contamination
VirexpR, laboratoire-conseil indépendant, est né à Lyon en janvier 2022 pour répondre à cette demande. “Nous (lire A SAVOIR) avons été sollicités fin 2020 par la Région pour expérimenter les systèmes de traitements destinés à leurs établissements scolaires”, explique sa co-fondatrice Anaïs Proust.
Une démarche qui s’est concrétisée par le déploiement d’un premier dispositif, en début d’année, puis à partir d’octobre 2022 d’un “banc d’essais” opérationnel de 20 m3 au cœur du centre d’innovation Lyon Biopôle, à Gerland. Dans ce laboratoire de sécurité biologique, les conditions d’une contamination de l’air intérieur sont reconstituées en réel. Avec un objectif : évaluer la fiabilité des systèmes d’épuration, d’une part, et établir des modalités d’installation optimales en fonction de la configuration des lieux et d’une série d’autres paramètres (hydrométrie, températures, etc.)
Contre le Covid-19, mais pas seulement
“C’est inédit, personne n’a engagé une telle démarche en Europe, voire dans le monde”, souligne le Dr Calatrava. Le marché, pourtant, est immense, des salles de classe aux Ehpad en passant par les cabinets médicaux, les rames de train ou encore les hôpitaux.
“Notre ambition est de devenir un pôle de référence internationale dans la gestion des pollutions environnementales, notamment microbiologiques et virologiques, de la qualité de l’air intérieur dans des espaces confinés”, appuie Anaïs Proust. L’autre objectif est de proposer les futurs standards internationaux qui encadreront “les modes de déploiement et de fonctionnement in situ des dispositifs de traitement d’air et de protection respiratoire contre les virus respiratoires émergents et ré-émergents”, précise le Dr Calatrava.
L’enjeu sanitaire est de taille. Nul n’ignore en effet qu’il y aura, à l’avenir, de plus en plus d’épidémies du type de celle du SARS-CoV-2. Mais il y a d’autres virus que le Covid-19, touchant aussi bien les humains que les animaux. La problématique de la qualité de l’air intérieur n’en est donc très certainement qu’à sa genèse. Avec à la clé une somme de défis dont une partie seront relevés depuis Lyon, pôle de recherche et de santé à l’envergure toujours plus internationale.
A SAVOIR
VirexpR est un laboratoire indépendant issu du laboratoire de recherche académique VirPath et de sa plate-forme de recherche technologique VirNext. C’est cette plate-forme qui a mis en œuvre en 2021 les premières études européennes d’évaluations expérimentales d’épurateurs d’air, avec le soutien financier de la Région Auvergne-Rhône-Alpes.