Une éclaircie se ferait-elle sur le front de l’épidémie de Covid-19 ? C’est en tout cas l’avis de certains experts, alors même que les contaminations continuent d’augmenter en Auvergne-Rhône-Alpes comme dans le reste de la France. Mais la tension hospitalière se stabilise, une décrue semble s’amorcer d’ici à la fin janvier et cette cinquième vague pourrait même être “la dernière”, selon le virologue lyonnais Bruno Lina. À l’heure d’un regain d’optimisme, le point sur une situation sanitaire qui reste encore très tendue dans la région.
“On a des raisons d’être optimistes aujourd’hui“. La déclaration du porte-parole du gouvernement Gabriel Attal, en ce mardi 18 janvier, confirme le sentiment qui règne dans les rangs des épidémiologistes. Après un démarrage des plus incertains, l’année 2022 pourrait en effet bien être celle de la sortie de crise, selon les spécialistes.
La vertigineuse et inquiétante hausse des contaminations aurait atteint son pic, laissant augurer un reflux de la vague épidémique actuelle. Mais en attendant que cette tendance se confirme, les chiffres de ces derniers jours restent très élevés. Il faudra donc faire preuve de patience avant l’embellie espérée.
Des taux de contaminations encore très élevés
S’ils semblent augmenter moins rapidement, les chiffres liés à la crise de la Covid-19 restent alarmants. En Auvergne-Rhône-Alpes, deuxième région la plus touchée du pays après l’Île-de-France, le taux d’incidence culmine toujours à des sommets inégalés jusqu’ici, avec près de 3350 cas pour 100 000 habitants la semaine du 14 janvier.
Le constat est valable pour tous les départements auverhonalpins, où les records de contaminations ne cessent d’être battus. Dans le Rhône et sa Métropole lyonnaise, les 4020 cas pour 100 000 habitants ont même été dépassés. Une première depuis la crise de la Covid-19.
Chez les enfants de l’école primaire, où le protocole sanitaire a été allégé, les chiffres continuent d’exploser. Le Rhône est le département où le virus circule le plus chez les 6-11 ans, avec plus de 7220 cas pour 100 000 habitants !
L’heure n’est donc pas encore à l’allègement des mesures sanitaires, loin de là. Il faudra en effet attendre encore quelques semaines pour espérer de nouvelles règles moins contraignantes… et moins discordantes. En témoigne le port du masque à l’extérieur qui, après avoir été suspendu à Paris, y redevient obligatoire, comme dans de nombreuses villes, y compris ville de Lyon et Villeurbanne.
Covid-19 : moins de cas graves dans les hôpitaux, mais…
Du côté des services hospitaliers, en première ligne depuis le début de la crise sanitaire, l’heure est également à l’optimisme. Malgré une contagiosité dix fois plus importante que la souche initiale, le variant Omicron de la Covid-19 apparaît clairement comme moins dangereux. Bien que les taux d’incidence soient plus élevés que jamais, la tension hospitalière reste stable (voir courbe ci-dessous).
“Dans le milieu hospitalier nous avons actuellement une transition entre la part des patients contaminés part le variant Delta et l’Omicron. Alors que le Delta a entraîné une augmentation des séjours en réanimation importante, nous sommes actuellement dans une phase de stabilisation liée à ce virus Omicron qui semble moins délétère sur les conséquences en réanimation“, confirme à la presse, le Pr Jean-Yves Graal, directeur de l’Agence régionale de santé (ARS) d’Auvergne-Rhône-Alpes.
La situation reste encore tendue dans les hôpitaux lyonnais
Actuellement, 3405 personnes sont hospitalisées pour Covid-19 dans la région. Selon les chiffres de Santé Publique France, 25% d’entre elles sont prises en charge dans le seul département du Rhône. Actuellement 841 patients y sont hospitalisés, dont 171 en réanimation.
Dans la Métropole lyonnaise, les Hospices Civils de Lyon prennent en chargent plus de 990 patients Covid dans leurs services. Soit près de 10% de plus que la semaine précédente. Au total dans les services de réanimation de leur établissements, 132 personnes atteintes de Covid-19 luttent encore entre la vie et la mort. Les services déjà quasiment saturés pourraient avoir du mal à affronter une nouvelle vague d’admissions.
ll existe pourtant un décalage entre les contaminations et les conséquences dans les services hospitaliers. Une augmentation du nombre d’hospitalisations est donc encore à craindre pour les prochains jours.
La cinquième vague sera-t-elle “la dernière ” ?
Malgré des chiffres qui font froid dans le dos, l’espoir est donc permis en cette mi-janvier. Selon le virologue lyonnais Bruno Lina, interrogé par LCI, la Covid-19 pourrait bien devenir, dès la fin de cette cinquième vague, un virus saisonnier.
“Cette vague présente tous les éléments qui font penser que c’est la dernière. Jusqu’à présent, nous avons subi des vagues qui sont les conséquences de l’émergence pandémique du virus. J’espère que nous entrons dans une logique de circulation saisonnière du virus et qu’Omicron a permis cette bascule”, estime le virologue, membre du Conseil scientifique.
Si la vaccination contre la Covid-19 est une arme de lutte efficace, l’immunité collective acquise au fur et à mesure des contaminations en est une autre. Un combo vraisemblablement gagnant qui permettrait à l’organisme d’être plus résistant aux nouveaux variants de ce virus. Il est donc “probable que nous ayons tous acquis une forme d’immunité, par la vaccination, l’infection ou les deux”, confirme le Pr Lina.
Malgré de bons espoirs pour cette fin du mois, les scénarios des précédentes vagues lors des deux dernières années, incitent toutefois à la prudence. Notamment en cas d’émergence d’un nouveau variant plus résistant…
À SAVOIR
Dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, les taux d’incidence continuent pour le moment à grimper dans tous les départements. Ils atteignent 3996 cas/100 000 habitants en Savoie, 3955/100 000 en Haute-Savoie ; 3610/100 000 en Isère ou encore 3547/100 000 dans la Loire et sa métropole de Saint-Etienne. Ces chiffres montent à 3154/100 000 dans l’Ain. 2754/100 000 en Haute-Loire. 2604/100 000 dans la Drôme. 2330/100 000 en Ardèche. 2172/100 000 au puy-de-Dôme. 1780/100 000 dans l’Allier. Et 1622 dans le Cantal.