Gestes barrières oubliés, tests en bernes, règles d’isolement levées… Le pays vit désormais comme si l’épidémie de Covid-19 était un lointain souvenir. Or, la hausse récente des cas depuis l’été 2023 et le nombre de contaminations quotidiennes rappellent que le virus n’a pas disparu de la circulation. Ce regain de l’épidémie du coronavirus est-il réel ? Le Covid-19 s’inscrit-il dans un phénomène de saisonnalité ? Est-il moins dangereux qu’il y a trois ans ? Éléments de réponse avec le concours du Pr Bruno Lina, virologue aux Hospices Civils de Lyon.
Cet été 2023 a été marqué par un retour au premier plan de l’épidémie de Covid-19, avec l’arrivée des nouveaux sous-variants d’Omicron Eris et Pirola, remarqués pour leur niveau de contagiosité. La hausse des cas positifs au Covid-19 et la campagne de vaccination avancée de plusieurs semaines le prouvent, la vague épidémique inquiète les autorités sanitaires. On fait le point.
Vovid-19 : les contaminations toujours en hausse
Le taux d’incidence correspond au nombre de cas positif au Covid-19 pour 100 000 habitants. Si ce taux reste très faible en France, en comparaison avec les seuils spectaculaires des années 2020 à 2022, il a toutefois augmenté selon Santé publique France de plus de 50% en France entre le 3 septembre et le 1er octobre.
Depuis la fin des vacances d’été, ce n’est plus la Provence-Alpes-Côte d’Azur mais le Grand-Est qui est désormais la région la plus touchée par la hausse des contaminations. La Meurthe-et-Moselle affichait notamment un taux de 87 cas positifs au Covid-19 pour 100 000 habitants.
Ces données, basées sur les tests effectués en laboratoire, ne concernent ni les auto-tests, ni les personnes asymptomatiques. Santé Publique France précise que ces taux ne reflètent pas précisément la situation réelle. Il y a donc fort à parier que la circulation du virus soit sous-estimée par rapport à la réalité.
Le Covid-19 est-il devenu moins dangereux ?
Si le Covid-19 continue d’inquiéter, la population semble clairement être passé à autre chose. Certains affirment même que l’inquiétude et les mesures barrières semblent aujourd’hui illusoires.
Pourtant, le Covid-19 n’a cessé d’évoluer et de se développer en différents variants. Son impact est toutefois moins important qu’il y a trois ans. Alors qu’en 2020 personne n’était immunisé contre le virus, la majorité de la population a aujourd’hui été contaminée, vaccinée ou les deux combinées. Cette immunité dite « collective » permet de réduire les formes graves du virus et donc les cas de mortalité. En avril 2020, Santé publique France relevait en moyenne 500 décès de patients positifs au Covid-19 à l’hôpital par jour. Contre 11 par jour, en juin 2023…
L’analyse de risque faite par l’OMS indique que nous sommes clairement entrés dans une saisonnalité de la circulation du virus. Selon le Pr Bruno Lina, virologue à Lyon, « il s’agit d’un phénomène normal. Ce dont on parle aujourd’hui sur le Covid-19 sera redit l’année prochaine. »
La campagne de vaccination a été avancée
Initialement, la campagne de vaccination contre le Covid-19 devait commencer le 17 octobre, en même temps que celle contre la grippe. Dans le contexte actuel de vague épidémique, les autorités sanitaires ont pris la décision de l’avancer de deux semaines. Une mesure judicieuse, selon le Pr Lina : « le vaccin est adapté aux nouveaux variants d’Omicron. Même si les vaccinations ne sont pas efficaces à 100%, elles permettent de réduire les risques de formes graves de manière très significative. »
Les spécialistes, en tout cas, continuent d’insister sur un point : les séniors ne sont pas les seuls personnes à risques. Les femmes enceintes, patients souffrants de pathologies cardiaques, vasculaires, les personnes diabétiques et autres patients immuno-déprimés doivent maintenir leur vigilance… Et si la vaccination est fortement recommandée pour toute la population, elle l’est tout particulièrement pour les personnes susceptibles de développer une forme grave.
À SAVOIR
Selon Santé Publique France, la santé mentale des jeunes français se dégrade de plus en plus depuis la pandémie. Pour les personnes de 18 à 24 ans, les passages aux urgences pour troubles de l’humeur, idées et gestes suicidaires « ont fortement augmenté en 2021 puis 2022, pour rester depuis à un niveau élevé ».