Alors que la France se rapproche du triste seuil des 100 000 victimes de la Covid-19, la barre des 10 000 décès hospitaliers a été franchie dans région Auvergne-Rhône-Alpes. Mais cette troisième vague ne touche pas de la même façon les territoires. Dans le département du Rhône, le plus affecté, des disparités sont notables même à l’échelle des communes. Zoom sur la situation sanitaire au coeur des agglomérations auverhonalpines.
En Auvergne-Rhône-Alpes, 10 075 décès liés à la Covid-19 ont été recensés à l’hôpital depuis le début de l’épidémie. Un chiffre déjà glaçant auquel s’ajoutent les décès survenus en établissements de services sociaux et médico-sociaux (environ 5 500), ou encore ceux à domicile, qui restent sous-estimés. Des chiffres qui placent Auvergne-Rhône-Alpes au second rang des régions les plus touchées par la surmortalité cette année, après l’Île-de-France. Soit un nombre de décès entre mars 2020 et mars 2021, supérieur de 19% par rapport à l’année précédente selon l’INSEE.
Le Rhône reste le département de la région dans lequel la situation sanitaire est la plus critique. Au total, sur mars 2021, plus de 1440 personnes ont succombé à la Covid-19 dans les établissements hospitaliers et médico-sociaux rhodaniens. Un chiffre amené à s’aggraver. Les effets tant espérés du troisième confinement, mis en place depuis bientôt 15 jours le département rhodanien et sa Métropole lyonnaise, ne sont toujours pas ressentis. Les taux d’incidence grimpent sur le territoire (près de 550/100 000 habitants au 3 avril) tandis que les hôpitaux suffoquent.
Rhône : la saturation des lits guette les hôpitaux

Près de 500 patients sont actuellement pris en charge dans les seuls établissements des Hospices Civils de Lyon. Dans leurs services de réanimation, dont les capacités ne cessent de s’étendre, la courbe de nouveaux patients s’envole (voir ci-dessous).
Les 213 lits actuellement ouverts sont majoritairement occupés (+ de 60%) par les victimes de la Covid-19. Avec un taux d’occupation de plus de 95%, c’est une véritable épée de Damoclès pour les services de réanimation des HCL.
“La progression de la présence de patients atteints de Covid-19 en hospitalisation conventionnelle et encore plus en réanimation se poursuit, malgré les efforts des établissements quant à l’armement de lits complémentaires”, détaille l’Agence régionale de Santé. Dès ce mardi, l’ARS appelle à la déprogrammation des activités chirurgicales non urgentes pour les patients, à hauteur de 50%. Cela concerne également l’activité de chirurgie ambulatoire. Ces déprogrammations, qui ont déjà eu des répercutions non négligeables pour certains patients, devraient s’appliquer pour une durée minimale de 15 jours.
Covid-19 : les communes rurales durement touchées en Auvergne-Rhône-Alpes
Mais les grandes agglomérations ne sont pas les seules à être infectées par la Covid-19. Dans le reste de la région, la situation est disparate au sein même des départements. D’une agglomération à l’autre, les habitants ne sont en effet pas touchés de la même façon par le virus. Des disparités difficilement explicables.
À l’échelle des communes, contrairement à ce que l’on pourrait croire, les taux d’incidence les plus élevés se trouvent en grande partie en zones rurales. Des villages de moins de 200 habitants sont en effet plus durement touchés que de grandes communes. Dans certaines zones montagnardes très peu peuplées, les taux d’incidence du virus explosent.
Dans la commune de Saint-Cyr-Le Châtoux, dans le Rhône, le taux d’incidence fait partie des plus élevés de la région. Soit plus de 1000 cas pour 100 000 habitants pour cette commune de moins de 150 habitants.
Un taux nettement supérieur à des communes bien plus peuplées ou certains arrondissements de Lyon (comme le 7e ou le 8e) de plus de 80 000 habitants. Des secteurs où le taux d’incidence se situe entre 500 et 1000 cas/100 000 hbts.
Des villages sous l’emprise de la Covid-19
Voici ci-dessous le “palmarès” des communes rurales d’Auvergne-Rhône-Alpes où le taux d’incidence de la Covid-19 dépasse les 1000 cas pour 100 000 habitants.
- La Ségalassière dans le Cantal, 127 habitants
- Saint Cyr-le-Châtoux dans le Rhône, moins de 150 habitants
- Tortezais dans l’Allier, 177 habitants
- Curnier dans la Drôme, 177 habitants
- La Montagne en Isère, moins de 265 habitants
- Le Crozet dans la Loire, moins de 300 habitants
- Saint-Bonnet-des-Quarts dans la Loire, 322 habitants
- Saint-Privas d’Allier dans la Haute-Loire, petit village de 423 habitants
- Neaux dans la Loire, 488 habitants
- Saoû dans la Drôme, 570 habitants
Les réflexes moins présents des gestes barrières et du port de protections sanitaires pourraient être une piste d’explication. En effet, le danger sanitaire des rames de métro bondés aux heures de pointes est facile à concevoir. Mais les contacts mêmes peu fréquents entre des villageois d’une commune rurale peuvent également suffire à la propagation du virus. L’occasion de rappeler l’importance du respect des gestes barrières. Avec, en premier lieu, la distanciation sociale, la plus efficace pour se prémunir de la Covid-19.
À SAVOIR
À l’échelle régionale, le taux d’incidence en Auvergne-Rhône-Alpes est de 354,3/ 100 000 habitants au 3 avril 2021. Ce taux se situe au dessous de la moyenne nationale, soit 381 cas/ 100 000 habitants.