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Selon une récente étude américaine, le vaccin contre la Covid-19 n'empêcherait pas la transmission du variant Delta pour les personnes contaminées mais éviterait les cas graves. ©Freepik

La vaccination contre la Covid-19, depuis la mise en place du pass sanitaire à la mi-juillet, semble s’accélérer en Auvergne-Rhône-Alpes. Dans la région, plus de 62% de la population a reçu une première dose. Mais au delà de l’accès aux bars, restaurants et lieux de loisirs, le vaccin est-il réellement efficace contre le variant Delta ? La vaccination est-elle la solution pour contrer la quatrième vague face à ce virus devenu “aussi contagieux que la varicelle” ? Une troisième dose de vaccin sera t-elle nécessaire ? Les réponses du Dr Morgane Bomsel, chercheuse-immunologiste au CNRS et spécialiste de la réponse immunitaire contre la Covid-19.

Dans un contexte d’augmentation importante de la transmission virale, de forte diffusion du variant Delta et de congés estivaux, la vaccination de toutes les personnes éligibles doit être fortement encouragée“, alarmait Santé Publique France, fin juillet. Mais le vaccin est-il de taille contre le variant Delta ?

La réponse est plus complexe qu’il n’y paraît. En Israël, un rebond des contaminations malgré que plus de la moitié de la population soit vaccinée, interroge. Si la vaccination permet de limiter le nombre de cas graves, les contaminations pourraient toutefois avoir du mal à être stoppées.

Le variant serait en effet “aussi contagieux que la varicelle” selon une récente étude américaine reprise par les Centres pour le Contrôle et la Prévention des Maladies, agence de santé publique de référence aux États-Unis. Les données scientifiques exposent qu’une personne infectée par le variant Delta pourrait le transmettre à huit personnes autour d’elle. Plus inquiétant encore, cette transmission serait la même que l’on soit vacciné ou non. Point positif en revanche, l’efficacité contre les formes graves ne semble pas remise en cause…

En Auvergne-Rhône-Alpes comme dans le reste de la France, la vaccination contre la Covid-19, ouvrant droit au pass sanitaire, est considérée comme la solution contre le variant Delta. Sera t-elle suffisante dans ce contexte de vacances estivales, et alors que deux territoires d’Outre-Mer ont rebasculé en confinement ? Le point avec le Docteur Morgane Bomsel, chercheuse-immunologiste au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et spécialiste de la réponse immunitaire contre la Covid-19.

Le vaccin anti Covid-19 confirme son efficacité contre les formes sévères

Les vaccins anti-Covid-19 actuels sont-ils suffisants pour contrer les effets du variant Delta ?

Les constats actuels sont plutôt rassurants. Pour le moment, les variants, notamment le Delta, ne semblent pas résister aux vaccins. Mais on pourra mesurer la réelle efficacité de la vaccination une fois que l’ensemble de la population sera vaccinée.

Actuellement, la meilleure fenêtre que nous ayons est d’observer ce qu’il se passe en Israël. Malgré les contaminations, il ne semble pas pour le moment y avoir une montée de cas graves. C’est donc encourageant. On peut aussi estimer l’efficacité du vaccin par rapport aux personnes qui développent aujourd’hui des cas graves. Ce ne sont plus les mêmes qu’aux premières vagues. La classe d’âge des cas graves et ceux amenant à une hospitalisation est plus jeune. Probablement des personnes qui ne sont pas encore vaccinées…

Pfizer, Moderna, AstraZeneca, Janssen… Quelle différence d’efficacité entre les vaccins ?

Il n’y a pas vraiment de différence. Le taux d’efficacité des différents vaccins autorisés en France contre les formes graves atteint des degrés quasi similaires. Seul Le vaccin Janssen n’atteint que 50% d’efficacité à la première et unique dose. Il serait a priori moins efficace. Mais certaines études montrent que l’injection de deux doses de Janssen permettrait d’atteindre les degrés d’efficacité des vaccins AstraZeneca voire de Pfizer et Moderna. Pour le moment, la décision est d’administrer une seule dose. Mais il vaut toutefois mieux être vacciné d’une seule dose que pas du tout.

Selon vous, la vaccination pourrait-elle stopper la quatrième vague ?

On ne peut pas s’avancer pour le moment mais peut-être, oui. Le vaccin pourrait permettre de résoudre au moins la difficulté des cas graves. Mais pour cela, il faudrait que l’ensemble de la population soit vaccinée. Cela est également important pour ne pas créer des foyers de résistance et donc empirer la situation.

Vers une combinaison des vaccins grippe et Covid-19 ?

Pour faire face au variant Delta, faut-il rendre obligatoire la vaccination ? Que diriez-vous à ceux qui craignent le vaccin ?

À mon avis, il faudrait convaincre et non obliger les personnes à mettre le vaccin. Pour ceux qui hésitent, je leur dirai qu’ils ont, pour la plupart, déjà cinq ou six vaccins dans leur corps. Et plus pour les plus jeunes. L’efficacité des vaccins contre la Covid-19 atteint les mêmes taux que les vaccins qui leur ont été administrés. En ce qui concerne les effets secondaires, ce ne sont ni plus ni moins que des effets secondaires, comme il y en a pour tous les médicaments.

Une troisième dose de vaccin sera t-elle nécessaire ? Le vaccin contre la Covid-19 pourrait-il devenir un vaccin récurrent avec un rappel annuel ?

Il est encore trop tôt pour le dire, nous n’avons pas assez de recul. Mais cela est possible, oui. En particulier pour les personnes fragiles. La question mérite d’être étudiée et je pense qu’il y aura un suivi pour prendre cette décision. Il faudrait mesurer la réponse immunitaire des personnes et voire si elle est encore suffisante ou s’il faut la renforcer.

Si un rappel s’avère utile pour certains, il serait possible de combiner les vaccins contre la grippe et contre la Covid-19, par exemple. C’est le schéma qui semble envisager. Pour les personnes ayant reçu une seule dose de vaccin de Janssen par exemple, il serait possible de combiner avec une seconde dose d’AstraZeneca car le type de réponse immunitaire est quasiment la même. On verra si cela est possible et surtout nécessaire, et comment cela pourrait s’organiser.

À SAVOIR

Malgré une hausse de la vaccination, la quatrième vague se confirme en Auvergne-Rhône-Alpes. Le taux d’incidence régional a augmenté de 136% en l’espace d’une semaine pour s’établir à plus de 175 cas pour 100 000 habitants le 29 juillet. Les départements les plus touchés sont le Rhône, la Savoie et la Haute-Savoie dont les taux d’incidence par habitant dépassent les 200/100 000. Selon les données actuelles, le virus circule majoritairement chez les sujets jeunes, âgés de 15 à 44 ans.

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