93 patients en soins intensifs. A Lyon et dans la région, les derniers chiffres font craindre une seconde vague du coronavirus. Une aggravation de la situation confirmée par les Hospices Civils de Lyon lors d’une conférence de presse. Stocks de matériel, déprogrammation d’activités chirurgicales, ouverture de lits de réanimation… Face à cette menace, les hôpitaux lyonnais se sont mis en capacité d’absorber un afflux massif de malades du Covid-19. Avec un impératif : assurer le maintien de la prise en charge des patients non-Covid pour ne pas reproduire la rupture de soins constatée au printemps.
Les hôpitaux, à Lyon comme dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, sont en état d’alerte. L’épidémie de Covid-19 connaît un inquiétant rebond, et les indicateurs dessinent très clairement le spectre d’une seconde vague. Mercredi soir, il y avait 93 personnes en réanimation dans les centres hospitaliers de la région. “La situation est sérieuse, mais maîtrisée”, a annoncé mardi 15 septembre le directeur des Hospices Civils de Lyon, Raymond Le Moign.
La situation peut rapidement dégénérer à Lyon
Ainsi, les hospitalisations pour Covid-19, tout comme les admissions en services de soins intensifs, sont chaque jour plus nombreuses. “Depuis le 31 août, on observe une hausse de 155% de patients hospitalisés pour motifs de Covid-19”. Avec 30 patients en réanimation ce mardi 15 septembre, les hôpitaux publics lyonnais sont encore loin de la saturation du printemps dernier. “Les chiffres actuels n’ont rien à voir avec ceux de la première vague”, confirme l’infectiologue Bruno Lina. “Mais nous sommes sur une dynamique qui peut devenir exponentielle et qui peut exiger un recours à des lits d’hospitalisation très élevé”, prévient-il.
“La tendance est similaire à celle que l’on observait en mars”, note le Pr Jean-Christophe Richard, chef du service de médecine intensive et réanimation. Les voyants sont au rouge, et notamment dans le Rhône, avec Lyon en épicentre. Comme le démontrent les situations de Bordeaux et de Marseille, où les taux d’incidence explosent et où des mesures drastiques sont prises, “c’est bien au niveau des métropoles que se joue la gestion de la crise”, selon Raymond Le Moign. Le Rhône, avec un taux d’incidence de 169/100 000, n’est pas au niveau de la Gironde, des Bouches-du-Rhône et de la Guadeloupe (260/100 000). Mais il est largement supérieur à la moyenne nationale (70/100 000).
Les hôpitaux de Lyon haussent leur capacité d’accueil
Cette perspective ne laisse que peu de part au doute. Les Hospices Civils de Lyon se préparent donc au rebond épidémique. La cellule de crise vouée à coordonner la gestion de la crise dans les différents hôpitaux (Croix-Rousse, Lyon-Sud, Édouard-Herriot, Lyon-Est mais aussi les plus petites unités) a été réactivée. Les stocks de matériel ont été réapprovisionnés pour soutenir une tension d’au moins “dix semaines”.
Les capacités d’accueil, surtout, ont été dimensionnées. Priorité, faire face à un afflux soudain de malades. Le nombre de lits disponibles en réanimation est passé de 139 à 199. Les liens avec les établissements privés de l’agglomération lyonnaise ont été renoués pour anticiper de futures saturations. “Il nous faut se préparer à une augmentation des prises en charge, qui ne peut se faire qu’au prix d’une réorganisation de notre activité”, témoigne le Pr Olivier Claris, président de la commission médicale d’établissement des HCL.
Enjeu pour les hôpitaux de Lyon : assurer la continuité des soins hors Covid
Au premier rang de cette réorganisation, la déprogrammation de certaines activités chirurgicales. Fruit de l’expérience acquise durant la première vague, les HCL veulent à tout prix éviter “une déprogrammation massive”. Comme l’indique Raymond Le Moign, “le contexte est différent. On a appris. On sait qu’on ne pourra pas interrompre l’activité comme en mars. L’enjeu majeur est de maintenir la prise en charge des patients non Covid et de garantir la continuité des soins”. Jusqu’à quel point ? “Nous nous adapterons en fonction de l’évolution de l’épidémie”, note le Pr Claris. “En cas d’afflux massif, on modulera et on intensifiera la déprogrammation des autres activités”.
Mieux armés du fait de l’expérience printanière, les hôpitaux veulent optimiser la prise en charge des patients. “Nous serons en mesure de mieux sélectionner les malades nécessitant une prise en charge hospitalière et ceux pouvant rentrer à la maison”, indique le Pr Florence Ader, du service des maladies infectieuses et tropicales. L’âge moyen des malades admis en réanimation n’a pas évolué entre la première vague et le rebond de septembre. Il tourne autour de 65 ans. Il s’agit toujours plutôt d’hommes (69% au printemps, 56% aujourd’hui). La durée des hospitalisations, en revanche, a diminué, passant de 16 jours en moyenne au printemps, à 8 jours ces dernières semaines.
Regain de la mortalité: “le virus est le même qu’au printemps”
Autre phénomène observé, une mortalité moindre (7% actuellement, contre 25% durant la première vague). Si certains s’en réjouissent, il ne s’agirait que d’un leurre, selon le Pr Bruno Lina.“Le virus est le même qu’au printemps, il n’est pas moins virulent. La première vague a d’abord atteint les plus fragiles. Là, la dynamique d’infection est partie d’une population jeune, avant de toucher par effet de tâche les autres tranches d’âge. Les plus fragiles commencent à être atteints. On risque donc de voir réapparaître une certaine mortalité”. C’est ce que redoute toute l’Europe, pour les mois d’octobre et de novembre…
À SAVOIR
Les Hospices Civils de Lyon assurent actuellement 1600 tests de dépistage du Covid-19 par jour. Cette capacité va passer à 1800 tests d’ici dix jours, et à 2500 tests au moins d’ici à mi-octobre. 3500 tests ont été pratiqués sur les professionnels des HCL depuis le 3 août, avec un taux de positivité de 7,8%. À l’aéroport Lyon-Saint Exupéry, ce taux s’élève à 3,5%, sur les 15 588 tests réalisés depuis le 1er août au sortir des avions. Pour rappel, les Hospices Civils de Lyon mettent à disposition du public un centre de dépistage ouvert 7 jours sur 7 de 8h à 18h45 à l’hôpital de la Croix-Rousse.
Il est urgent de changer de stratégie sanitaire face à la Covid19.
Des scientifiques professionnels de santé critiquent la dérive de la politique sanitaire du gouvernement français, elle conduit à une interprétations erronée des statistiques et à des mesures disproportionnées, et demandent que l’on évalue les connaissances réelles afin de définir démocratiquement une stratégie sanitaire. Etant censurés ils ont adressé à la Cour Pénale Internationale une pétition pour se faire entendre, pétition qui fait ressortir un grand nombre de délits et de crimes dans la gestion de cette épidémie
Lire aussi l’appel du Dr Louis Fouché, médecin anesthésiste réanimateur pour le “collectif soignant pour une politique saniotaire covid19 juste et éclairée et proportionnée.