Même scénario que l’hiver précédent, l’épidémie repart de plus belle en France depuis plusieurs semaines. Les taux d’incidence explosent dans la majeure partie des territoires alors que la couverture vaccinale atteint pourtant des sommets. Près de 8 personnes sur 10 sont complètement vaccinées. Grand espoir de sortie de crise, le vaccin contre la Covid-19 n’est-il donc pas un allié de taille contre l’épidémie ? Comment expliquer des chiffres aussi importants que ceux de l’année dernière malgré la vaccination ? Les réponses du Pr Philippe Vanhems, épidémiologiste aux HCL (Lyon).
Sur le pied de guerre depuis deux ans, le personnel soignant craint de nouveau d’être submergé à l’approche des fêtes de fin d’année à cause de la Covid-19… Pourtant, il y a quelques mois, la vaccination de la population semblait être la solution de sortie de crise. En mars dernier, Olivier Véran, ministre de la Santé, l’évoquait même pour “novembre ou décembre prochains, au coeur de l’automne ou à l’approche de l’hiver, s’il n’y a pas eu de nouveaux variants (…), parce que nous aurons suffisamment vacciné”. Mais alors qu’il pensait à l’époque “confiner le Covid dans les livres d’histoire et refaire la fête” à cette période de l’année, c’est finalement tout le contraire qui se produit.
Alors que les adultes s’apprêtent à recevoir une nouvelle dose de rappel après une vaccination complète contre la Covid-19, l’épidémie repart quant à elle de plus belle avec une cinquième vague. Les taux d’incidence atteignent des records dans certains territoires comme l’Ardèche qui atteint le plus fort taux de contaminations de France avec près de 900 cas pour 100 000 habitants. Comment expliquer de tels chiffres malgré la vaccination ? Explications avec le Pr Philippe Vanhems, responsable de l’unité d’hygiène, d’épidémiologie et de prévention des Hospices Civils Lyon.
Les explications sont multiples. On peut évoquer d’une part le contexte climatique. La hausse des températures et l’humidité font que les virus respiratoires sont amenés à se diffuser de manière plus importante. D’autre part, on remarque une diminution importante des mesures barrières, suite à une certaine lassitude de la population. Le fait que la population soit vaccinée peut impliquer chez certains une perception de protection. Ce qui fait qu’ils peuvent appliquer, de manière moins rigoureuse, ces mesures de prévention. Enfin, la propagation du virus varie chez certaines tranches d’âge de population, en fonction de leur couverture vaccinale.
” L’objectif initial de la vaccination est d’éviter les cas sévères “
Pourquoi y-a-t-il autant de cas alors que la majorité de la population est désormais vaccinée ?
La vaccination a été initialement proposée pour éviter les cas sévères tels que les hospitalisations en réanimation. Les études autour de l’utilisation du vaccin et de son efficacité n’étaient pas conduites pour évaluer sa capacité à empêcher la transmission. Ce point est apparu dans un second temps dans les recherches, en Israël par exemple. Mais l’objectif initial de la vaccination est d’éviter les cas sévères.
La solution pour mettre un terme à cette situation sanitaire passe-t-elle par un traitement adéquat ?
Il s’agit d’une des pistes de recherches importantes. Un certain nombre d’études ont déjà été réalisées en ce sens. Sur les anticorps monoclonaux par exemple ou d’autres molécules antivirales. Néanmoins, concernant les traitements, on a plus de mal à traiter les virus que les bactéries. Il est vrai que si l’on pouvait proposer des molécules pas très chères, accessibles, sans effets secondaires, que l’on pourrait prescrire facilement contre la Covid-19, cela serait un élément important dans la capacité de contrôle de l’épidémie. Notamment si celles-ci traitent à la fois les malades et empêchent la transmission du virus.
Covid-19 : “ce virus va rester parmi nous”
Ce virus va rester parmi nous, comme d’autres virus respiratoires. En fonction de son incidence dans la population, on pourra être amené à proposer un certain nombre de mesures. Peut-être pas toujours aussi restrictives que celles du confinement, mais permettant d’inciter les populations à se protéger. Ces mesures barrières, et ce pass sanitaire qui renvoient peut-être à une image contraignante, permettent, finalement, de proposer une vie relativement normale.
À SAVOIR
le taux d’incidence en Auvergne-Rhône-Alpes est le plus important de France. Avec près de 600 cas pour 100 000 habitants. Il dépasse de loin la moyenne régionale, fixée à 448 /100 000, selon les chiffres du 8 décembre 2021 de Santé publique France.