Le Conseil d’Etat a rejeté, ce vendredi 11 décembre, le recours des stations de ski contre la décision du gouvernement de fermer les remontées mécaniques durant les fêtes de fin d’année. Une décision qui désempare les principaux concernés, pourtant parés à ouvrir dans des conditions sanitaires renforcées. Explications sur les pistes des Alpes.
Le Conseil d’Etat vient de confirmer ce vendredi 11 décembre la fermeture des remontées mécaniques des stations de ski pour Noël. Un coup dur supplémentaire pour les exploitants des stations des Alpes. Ces derniers se tenaient prêts à accueillir des vacanciers en ce début de saison hivernale. D’autant plus qu’un protocole sanitaire strict avait été décidé dans l’ensemble des stations. Masques, tests, désinfection des télécabines… De quoi frustrer les acteurs du tourisme. Mais pourquoi une telle décision ?
Fermeture des stations de ski : « l’impression de s’être fait avoir »
Il y a quelques jours encore, les acteurs du tourisme hivernal étaient confiants en la possibilité d’accorder la nécessité sanitaire avec la réalité économique. « Cette décision est difficilement compréhensible, on a l’impression de s’être fait avoir », dénoncent dès lors Patrick Ricou et Yvan Chaix, de l’agence de développement des Hautes-Alpes.
« Je suis sous le choc. La situation est grave. La stupéfaction et le désarroi dominent devant cette incohérence », fulmine ainsi Chantal Carlioz, vice-présidente du conseil départemental de l’Isère en charge du tourisme.
Saison touristique hivernale retardée, la raison du pourquoi ?
Entre révolte et incompréhension, les acteurs de la montagne veulent comprendre les dessous de cette décision brutale. « Pourquoi les lieux de culte, les théâtres ou les magasins peuvent-ils ouvrir alors qu’il s’agit de lieux clos dans lesquels le virus peut se propager rapidement ? Comment expliquer qu’un domaine skiable en plein air, sur lequel les skieurs sont équipés de la tête aux pieds, puisse être fermé jusqu’à la mi-janvier ? », constate l’Annécienne Armelle Solelhac, consultante en stratégie du tourisme de montagne.
Covid et ski, conséquences et inquiétude en Auvergne Rhône-Alpes
Avec ce report de l’ouverture des stations de ski cet hiver, les acteurs du tourisme s’interrogent. Quelles seront les conséquences économiques pour les stations ? Ou encore pour les saisonniers ou jeunes pour lesquelles cette période est synonyme d’embauche ?
L’agence de développement des Hautes-Alpes considère ainsi que le gouvernement « sous-estime gravement les conséquences économiques et sociales d’un report d’ouverture en janvier ». Et ce, malgré les aides définies par l’Etat. « Jamais l’Etat ne pourra compenser à sa juste mesure le préjudice tant les stations portent l’économie ».
En effet, les acteurs du tourisme ont de quoi s’inquiéter. La perte liée au Covid l’année 2019-2020 s’est avérée de 16%. Et ce, alors même que seul mi-mars et mi-avril étaient impactés. Une période beaucoup moins fréquentée que celle de Noël. De plus, les domaines skiables représentent 120 000 emplois en France. Dont 90 000 emplois dans les seules Alpes du Nord. Qu’en sera-t-il donc de cette année inédite ?
Toutefois, comme le précise Christelle Lacombe de Savoie Mont-Blanc, « vacanciers, résidents secondaires et propriétaires pourront toujours profiter pendant les vacances de Noël et du Nouvel An d’un séjour en station, avec ou sans possibilité de skier »… Les charmes des stations alpines sont éternels !
En attendant une éventuelle réouverture espérée la semaine du 7 janvier “en fonction des conditions sanitaires“, Jean Castex a annoncé un plan d’aide de 400 millions pour tous les acteurs économiques des stations. Pas sûr que ce pactole suffise à éteindre la grogne au sommet de la montagne..
À SAVOIR
En 2019, la France se positionne à la troisième place des leaders mondiaux des stations de ski. En effet, les différents domaines français de ski représentent à eux seuls 53 millions de skieurs par jour et plus d’un milliard d’euros de recettes annuelles. Avec comme secteur le plus fréquenté les Alpes du Nord.