cardiaque
© Pexels

L’infarctus ne concerne pas que des hommes d’âge mûr. Annabelle, une mère de famille en a fait l’amère expérience à l’été 2015. En pleine reconstruction, cette Annécienne (Haute-Savoie) tire la sonnette d’alarme, en témoignant de la difficulté d’établir un diagnostic lorsque l’on est une femme.

Des moments critiques qui ont transformé votre existence : une crise personnelle et une crise cardiaque

Dans quelles circonstances votre vie a-t-elle basculé ?

C’était au début de l’été 2015. Je traversais une période difficile, suite à une opération de la tyroïde en 2013, plusieurs deuils, un stress énorme lié à mon travail et s’étant soldé en burn out… J’étais très fatiguée, j’avais mal au ventre, aux jambes et je me suis rendu plusieurs fois aux urgences pour comprendre ce que j’avais. Un soir, quelques jours après une grosse soirée et au lendemain d’une traversée du lac d’Annecy en paddle, je suis allée chez des amis à Aix-les-Bains. J’avais très mal à l’épaule, et j’ai subitement eu du mal à respirer. C’est passé, mais le lendemain matin, au moment de repartir pour Annecy, j’ai compris que quelque chose n’allait pas et je suis retourné aux urgences.

Quand avez-vous compris qu’il s’agissait d’une crise cardiaque ?

J’ai vécu un scénario cauchemar : après quelques examens, on m’a détecté un infarctus, mais il était trop tard. J’ai été transféré d’urgence par le Samu à l’hôpital de Chambéry, où j’ai subi une coronographie. Aujourd’hui, j’ai un quart de mon cœur qui est nécrosé, définitivement.

Réaprendre à marcher, courir, respirer après l’infractus

Comment s’est déroulée votre prise en charge ?

A l’hôpital de Chambéry, on m’a rapidement annoncé qu’il faudrait m’opérer, du fait d’une complication fréquente en cas d’infarctus du myocarde, l’insuffisance mitrale. Il s’agit d’un dysfonctionnement de la valve mitrale, qui ne se règle que par l’intermédiaire d’une intervention chirurgicale. J’ai été orientée vers l’hôpital cardiologique de Lyon, dans le service du professeur Jean-François Obadia, qui m’a opérée le 28 juin.

Comment avez-vous vécu cette opération ?

C’est quelque chose de très difficile à gérer émotionnellement. Quand on part pour le bloc, on ne sait pas si l’on va se réveiller. On a arrêté mon cœur durant deux heures, ce qui est impressionnant. Mais je sais aussi que c’était ma dernière chance avant une greffe de cœur. Après, ma nouvelle valve n’a que 10 à 15 ans de durée de vie avant de s’émietter. Je serais alors à nouveau opérée.

Comment vous sentez-vous depuis l’opération ?

J’ai eu de terribles douleurs au dos, avec l’impression d’être paralysée. Il a fallu que je réapprenne à marcher, à courir, à respirer. J’ai intégré un centre de rééducation cardiaque, où j’ai côtoyé de nombreuses personnes dans ma situation. Je me bats tous les jours, je me fixe des objectifs : je fais 10 kilomètres de marche ou 25 kilomètres de vélo par jour en salle. Et j’ai même refait du paddle ! Après un infarctus, on peut reprendre une vie normale, mais dans mon cas ce sont les conséquences de la complication qui ont rendu mon quotidien difficile.

Crise cardiaque, ma vie ne sera plus jamais la même

Qu’est-ce qui a changé dans votre vie ?

J’étais fumeuse, j’ai totalement arrêté. On sait que le tabac est un facteur de risque important, tout comme le stress. J’ai travaillé dans la banque durant 17 ans et j’avais le projet de monter ma propre entreprise lorsque j’ai eu ma crise cardiaque. J’ai donc repris mes études pour mener à bien mon projet, dans l’accompagnement d’handicapés mentaux. Je veux me rendre utile.

Comment voyez-vous l’avenir ?

Aujourd’hui je vais bien, je respire, je suis heureuse d’être en vie et je la vois différemment. Mais elle ne sera plus jamais la même. Mon muscle ne se reconstruira pas, il faut que j’apprenne à vivre avec cela. J’aurais toute ma vie des médicaments à prendre et je ne pourrais jamais me déplacer sans eux, ni sans ma carte de groupe sanguin.

Pensez-vous que vous auriez pu bénéficier d’une meilleure prise en charge ?

Je pense que si j’étais allée directement aux urgences le soir où je n’arrivais plus à respirer, plutôt que d’attendre le lendemain matin, j’aurais pu être prise en charge à temps. Mais je n’imaginais pas une seconde qu’il s’agissait d’une crise cardiaque ! Avant, pour moi, un infarctus, c’est pour les anciens et je ne pensais qu’il y avait autant de décès liés à cela. Et surtout que cela pouvait m’arriver à moi, une femme jeune. Voilà pourquoi il est essentiel d’en parler.
Lire également: les femmes, victimes oubliées de l’infarctus

A SAVOIR

Selon une étude de l’Institut National de Veille Sanitaire, les hospitalisations pour infarctus des femmes de 45 à 54 ans ont progressé de 4,8% par an entre 2009 et 2013. Touchées de plus en plus jeunes, elles sont souvent victimes d’erreurs ou de retards de diagnostics, du fait d’idées reçues et d’une méconnaissance dont les conséquences peuvent être fatales.
Plus d’informations sur le site de l’OMS

2 Commentaires

  1. S’il s’agit d’une crise qui ne survient qu’une seule fois, on peut se rendre aux urgences par quelque moyen que ce soit. Mais si jamais ladite crise revient d’une manière sporadique, l’idéal est de, hormis les mesures que l’on prend déjà, se faire transporter par un quelconque véhicule sanitaire.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici