Panique, hyperventilation, douleur… Les crises d’angoisse concerneraient 3% de la population adulte selon le rapport de la Haute Autorité de Santé. Survenant brutalement, ces attaques de peur panique semblent incontrôlables et démesurées. Mais quand est-il réellement ? Que cache ces crises d’angoisses ? Explications avec Marion Thélisson, psychologue clinicienne et psychothérapeute à Lyon.
Si l’anxiété est un sentiment commun face aux impondérables de la vie, certaines manifestations anxieuses semblent envahissantes. Il n’est alors plus question de capacité à s’adapter, réussir ou prospérer mais d’une souffrance panique de la vie. C’est notamment le cas des crises d’angoisse.
Trouble à priori mineur, la peur panique ne génère pas moins de douleur. Ces manifestations brutales et imprévisibles peuvent devenir fortement handicapantes. Et ce d’autant plus que les crises se répètent. Comment expliquer ces moments de panique totale ? Que faire quand cela arrive ? Retour sur les crises d’angoisse avec Marion Thélisson, psychologue clinicienne.
Une crise d’angoisse, c’est quoi ?
Les crises d’angoisse se caractérisent principalement par leur inadéquation avec l’environnement. Aucun danger réel n’est à signaler et pourtant la personne est prise d’un moment de panique. L’angoisse est alors telle que le comportement contraste foncièrement avec l’environnent avoisinant. Si la personne peut être consciente de l’absence de danger imminent de cette situation, la peur panique ne parvient pourtant pas à se dissiper.
Une attaque de panique, aussi appelée crise d’angoisse, reste heureusement une peur soudaine et intense limitée. En quelques minutes, la crise disparait d’elle-même et laisse dépourvu l’individu. Le système nerveux sympathique jusqu’alors activé dans cette réaction de peur laisse place au système parasympathique qui vient rétablir un équilibre. Mais pourquoi cette attaque de panique ?
Si la situation de danger n’est pas concrète, la peur provient bien d’une angoisse réelle, consciente ou inconsciente. Quel que soit la cause (traumatisme, consommation de drogue, phobie), la réaction de peur devient incontrôlable et laisse place à l’attaque de panique. Ainsi, palpitations cardiaques, sensation d’étouffement, vertiges, transpiration ou frissons sont les principaux symptômes notables de la crise d’angoisse.
Vaincre la peur panique et tenir la distance
Contrairement aux idées reçues, la meilleure manière de parvenir à faire face aux crises d’angoisse est de ne pas faire face ! En effet, lutter contre l’attaque de panique suppose une peur irrémédiable de celle-ci. Or, plus la peur de la crise est présente, plus elle décuple l’angoisse. Il conviendrait donc dans un premier lieu d’accepter ces moments anxiogènes, de les dédramatiser et les rendre moins impressionnants. Enfin, ne pas culpabiliser d’être vulnérable. C’est le propre de l’être humain.
Respirer profondément et doucement est une astuce banale mais efficace pour calmer la crise. Le mieux étant de se déplacer si possible dans un endroit sécurisant. Attention cependant à gonfler le ventre en inspirant et dégonfler celui-ci en expirant. Cette méthode reproduit la respiration du nourrisson apportant davantage de relaxation.
Enfin, il est important de se concentrer sur l’environnement réel et non sur sa crise. Ainsi, appliquer la technique du 5-4-3-2-1 peut constituer une bonne solution. Il s’agit de dénoter cinq éléments de la pièce que vous voyez, quatre bruits que vous pouvez entendre, trois odeurs que vous sentez, deux objets que vous aimez et un objet que vous êtes en mesure de toucher. L’important n’est pas tant de répondre à toutes ces interrogations mais de focaliser son attention sur quelque chose de concret et de réel.
En dehors des astuces applicables au moment de la crise d’angoisse, il peut être nécessaire de se tourner vers un professionnel de santé pour comprendre l’angoisse et la soigner. Thérapies, médicaments, relaxation ou encore hypnose sont des aides recommandables en cas de crises fréquentes.
Crises d’angoisse : et si c’était un trouble panique ?
Si les crises d’angoisse persistent et s’accompagnent d’anxiété permanente, il s’agit probablement d’un trouble panique. En effet, les troubles anxieux sont dès lors incessants et ne laissent pas de répit pour faire le point. Les craintes de voir une nouvelle attaque panique arriver sont omniprésentes. Ainsi, la personne anxieuse craint des conséquences néfastes de ces manifestations intempestives : peur de perdre le contrôle de soi, de perdre la raison, de faire un arrêt cardiaque…
Poser un diagnostic de trouble panique, aussi appelé trouble anxieux généralisé (TAG), est primordial. Contrairement aux crises d’angoisses qui peuvent être ponctuelles et liées à des évènements réels, le trouble panique relève d’une pathologie chronique. Parfois, des années entières sont nécessaires pour observer des améliorations significativement durables. Périodes de rémission et d’aggravation s’alternent. Sans prise en charge adaptée, le pronostic est défavorable.
En effet, le trouble panique accroit les risques d’épisodes dépressifs voire suicidaire. De même, il faut veiller à ne pas abuser de médicaments et à ne pas se réfugier dans l’alcool ou la drogue. Sortir du cercle vicieux du trouble panique est possible, mais cela demande une surveillance accrue et un suivi thérapeutique personnalisé.
À SAVOIR
Le trouble panique peut être reconnu comme une affection de longue durée (ALD). Dans ce cas, tous les soins et examens nécessaires sont pris en charge à 100 % par la Sécurité sociale.