Douleurs chroniques, mal de dos, stress, récupération sportive, sommeil… La thérapie par le (grand !) froid, en endormant les nerfs et en favorisant la circulation sanguine, fait de plus en plus d’adeptes. Les explications de Yohann Graziotin, infirmier spécialisé en cryothérapie à Lyon.
La cryothérapie, c’est quoi ?
Il s’agit d’une technique de thermothérapie consistant à exposer son corps à un froid intense sur une courte période. Le principe est simple : le choc thermique met le corps en situation de stress pour l’obliger à réagir. Différents mécanismes se mettent en place, entraînant une succession d’effets bénéfiques pour la santé et le bien-être : actions anti-inflammatoires, sécrétion d’hormones (endorphines), réduction de la circulation sanguine dans les parties douloureuses…
Quelle est l’origine de cette technique ?
Le froid, de manière localisée, est utilisé depuis la nuit des temps à des fins thérapeutiques, et pas seulement en Scandinavie. La cryothérapie dite “corps entier“ a été développée dans les années 70 par un médecin japonais pour soulager des patients souffrant de maladies inflammatoires chroniques. Il a pu mesurer les autres effets bénéfiques du froid sur ses patients. La technique a depuis été largement reprise dans le monde du sport, du fait de ses vertus sur le processus de récupération. Aujourd’hui, la pratique se démocratise.
Cryothérapie : des bénéfices sur de nombreuses pathologies
Quels sont les principaux bienfaits de la cryothérapie ?
La cryothérapie a de multiples effets bénéfiques. Elle permet de :
- Soulager les douleurs musculaires (tendinites ou contractures)
- Lutter contre le stress et les troubles du sommeil
- Agir contre la dépression (en boostant la sécrétion d’hormones, dont la dopamine qui a un rôle certain chez les personnes dépressives)
- Favoriser la récupération sportive, en provoquant une meilleure oxygénation des tissus musculaires, diminuer les courbatures et améliorer ainsi les performances, notamment sur le plan de l’endurance
- Améliorer la circulation sanguine : jambes lourdes, gonflements…
- Booster le système immunitaire
La cryothérapie peut-elle être utile en cas de pathologies chroniques ?
Bien sûr. Si son action anti-inflammatoire permet de réparer les petits bobos, elle améliore le traitement de certaines maladies inflammatoires chroniques, telles la polyarthrite rhumatoïde (articulations) ou la spondylarthrite ankylosante (bas du dos)
La cryothérapie peut être préconisée dans la prise en charge de la sclérose en plaques, en favorisant l’espacement entre deux poussées. Il reste des champs à éclaircir, mais la cryothérapie pourrait avoir un rôle sur d’autres pathologies comme la maladie de Parkinson.
La cryothérapie a-t-elle des effets curatifs ?
Son action permet de soulager les douleurs, pas de guérir. La cryothérapie vient en complément d’autres thérapies, pour contribuer à améliorer l’état général d’un patient et à favoriser son bien-être.
Cryothérapie, le mode d’emploi
Comment pratique-t-on la cryothérapie ?
Il en existe différents modes. La cryothérapie “localisée“ s’applique à l’aide d’un spray ou d’un pistolet. C’est la fameuse “bombe de froid“ que l’on voit durant les matches de foot et autres rencontres sportives. La cryothérapie du corps dite “partielle“ expose le corps du patient, mais pas sa tête, dans un caisson à l’azote ou un cryosauna. Personnellement, je préconise la cryothérapie corps entier. J’estime en effet que les effets physiologiques sont majorés lorsque la tête, qui contient des récepteurs cutanés, est également immergée. En revanche, nous n’utilisons pas d’azote dans nos chambres, mais du froid pulsé (ou ventilé). La température de la peau descend encore plus bas, ce qui accentue les effets physiologiques.
Comment se déroule une séance de cryothérapie ?
Une séance, tout d’abord, n’est pas douloureuse. Les temps d’expositions sont réduits et spécifiquement contrôlés. Lors d’une séance classique, le patient entre dans une première chambre, où il passe 30 secondes à -30° pour préparer son corps, le sécher et l’habituer.
Il entre ensuite dans une seconde chambre à -110°, où il passe entre 2 minutes et demie à 3 minutes et demie. Le temps d’exposition est adapté en fonction du profil du patient. Mais les grands sportifs peuvent rester jusqu’à 4 minutes !
Que ressent-on lors d’une séance ?
Le début peut être inconfortable, d’autant qu’il y a souvent une part d’appréhension, notamment lors de la toute première expérience. Les sensations sont généralement celles-ci : tremblements, accélération de la respiration, cœur qui bat… Puis l’organisme s’adapte et la relaxation s’instaure peu à peu. La deuxième séance est beaucoup plus simple, car le corps a appris comment dompter le froid.
La cryothérapie est-elle dangereuse ?
Quelles sont les contre-indications ?
Un bilan de santé est systématiquement réalisé avant toute prise en charge. La cryothérapie est contre-indiquée de manière absolue en cas de problème cardiaque (hypertension non traitée, infarctus du myocarde, cardiopathie ischémique…), de problèmes respiratoires récents, d’épilepsie, ainsi que pour les femmes enceintes de plus de 4 mois. Elle est également déconseillée aux personnes victimes de problèmes de thyroïde ou du syndrome de Raynaud.
Combien coûte une séance de cryothérapie ?
Cela diffère en fonction des centres, mais il faut compter une moyenne de 30 à 35€ environ. Nous proposons dans notre centre bi’NERGY une offre découverte à 25€, des séances à 32€ et des forfaits à prix dégressifs. La cryothérapie est cataloguée comme soin de confort et n’est donc pas remboursé par la Sécurité sociale. Certaines mutuelles la prennent toutefois en charge.
À SAVOIR
L’offre de cryothérapie est plutôt développée à Lyon et dans la région Auvergne-Rhône-Alpes. Le centre bi’NERGY (Lyon 3e) propose toutefois une approche inédite en combinant cryothérapie ET infrathérapie. Cette thérapie naturelle par le chaud est beaucoup moins pratiquée en France. Elle offre pourtant de nombreux bénéfices pour la santé et le bien-être. La prise en charge est adaptée en fonction des patients et de leurs besoins. Les deux thérapies étant complémentaires, un même patient peut donc bénéficier des deux pratiques.