La campagne de vaccination contre la grippe, débutée en octobre, s’achèvera en janvier 2016. Après l’épidémie de l’hiver dernier, les autorités sanitaires espèrent un meilleur taux de couverture vaccinal en France. Les explications de Bruno Lina, responsable du centre de référence sur la grippe à Lyon.
La campagne de vaccination contre la grippe, débutée le lundi 12 octobre 2015, se terminera le 31 janvier 2016. Alors que près de 10 millions de Français ont reçu ou vont recevoir un bon de l’assurance maladie pour se faire vacciner gratuitement, Bruno Lina, Professeur de virologie, chef de service du laboratoire de virologie HCL, directeur du Centre National de Référence sur la grippe et de l’unité de recherche VirPath à l’Université Claude Bernard Lyon1, met l’accent sur l’importance de la vaccination contre la grippe, notamment pour les populations à risques.
L’hiver dernier, le vaccin contre la grippe a été d’une moindre efficacité. Pourquoi ?
Parce que le virus a muté, comme lors de l’hiver 1995/1996. Lorsque l’on prépare un vaccin contre la grippe, les virus entrant dans la composition vaccinale doivent être le plus proche possible de ceux qui seront à l’origine de l’épidémie. Si c’est le cas, le vaccin est très efficace. En revanche, si un des virus circulant a muté entretemps, ces mutations vont entrainer l’apparition d’un virus « variant » pour lequel la protection vaccinale sera moins bonne. L’hiver dernier, le virus mutant apparu en octobre a été très différent du virus utilisé dans la composition vaccinale. A la clé, une efficacité globale de l’ordre de 30%, bien inférieure aux 60 à 70% constatés les années précédentes. Qui dit faible efficacité vaccinale, dit taux de mortalité plus élevé. La surmortalité durant la dernière épidémie de grippe a été supérieure à 18 000 personnes contre 15 000 décès de plus lors de la grande canicule. On n’a pas le droit de rester les bras ballants devant ce que j’appelle le “fléau familier”. Ces chiffres sont hallucinants !
La grippe tue chaque année
Cela remet-il en cause la nécessité de se faire vacciner contre la grippe ?
Non. Je le répète, l’épidémie de l’hiver dernier a été exceptionnelle en raison de la mutation d’un virus particulièrement agressif. En moyenne, on constate ce phénomène une fois tous les vingt ans. Habituellement, le vaccin est efficace et performant. Lorsque le vaccin est moins efficace du fait de l’apparition de ces mutants, il assure toujours une certaine protection des personnes vaccinées. Enfin, l’épidémie 2014/2015 a rappelé que la grippe n’était pas une pathologie bénigne. Certains considèrent qu’il ne s’agit pas d’une maladie grave. Or, la grippe tue chaque hiver, notamment dans les rangs des populations à risques.
Quelles sont ces « populations à risques » ?
Les personnes âgées de plus de 65 ans, celles souffrant de maladies cardio-vasculaires ou de maladies chroniques, les femmes enceintes… Ces groupes à risques sont actuellement insuffisamment vaccinés, leur taux de vaccination étant à peine supérieur à 50%. Cela induit plus de personnes fragiles contaminées et donc un taux de mortalité plus élevé. C’est d’autant plus regrettable que, pour toutes ces « populations à risques », l’assurance maladie prend en charge le vaccin à 100% et que le vaccin, très bien toléré, ne présente pas d’effets secondaires.
Ne pas se faire vacciner, c’est aussi de l’égoisme
L’hiver dernier, l’essentiel des décès induits par la grippe ont été enregistrés chez les seniors…
Il faut effectivement insister sur l’importance de se faire vacciner chez les seniors. Ils représentent un groupe à risques très important. Il faut leur faire prendre qu’après 65 ans, on doit se donner tous les moyens de rester en bonne santé. En France, chacun a un rôle à jouer dans la chaîne de protection collective. Ceux qui décident de ne pas se faire vacciner sont des égoïstes qui mettent en danger la vie des autres. N’oublions pas aussi que la première cause d’entrée en dépendance des personnes âgées, c’est la grippe. A 85 ans, on ne récupère pas d’une grippe comme à 25 ans !
On a le sentiment que le phénomène de mutation des virus, notamment de la grippe, s’accélère avec le temps. Est-ce le cas ?
Les medias ont un effet grossissant car on parle généralement de ce qui ne marche pas, rarement des trains qui arrivent à l’heure ! Cela dit, même si le virus a muté l’hiver dernier, les gens ont aussi tendance à baisser un peu la garde. La moindre efficacité du vaccin a rappelé que la vaccination avait ses limites et que la lutte contre les maladies infectieuses était l’affaire de chacun. Notre planète est de plus en plus peuplée, ce qui se traduit par toujours plus de personnes contaminées et donc une circulation du virus accélérée. Quelques précautions simples permettraient de ralentir cette propagation de la maladie. Il y a donc un gros travail d’éducation à faire dans notre pays.
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A savoir
Lors de l’hiver 2014/2015, la mutation du virus de la grippe a engendré une surmortalité de 18 300 décès en France selon l’Institut de veille sanitaire (InVS), soit dix fois plus qu’une année classique Par comparaison, la canicule n’avait induit “que” 15 000 décès supplémentaires. Un bilan dramatique, d’une ampleur exceptionnelle, qui a notamment frappé les personnes les plus fragiles, en l’occurrence les personnes âgées. Par ailleurs, 1 558 patients ayant contracté la grippe (dont 74 % avaient une pathologie chronique et 69 % n’étaient pas vaccinés) ont été admis en réanimation.
Bonjour , madame ,monsieur ,
Tout à fait sérieusement : je me suis fais vacciner ce matin à domicile par une infirmière, et je n’ai absolument RIEN SENTI ni de l’aiguille ni du liquide à tel point que je questionne sur la réalisation de l’acte en lui même ! Comment savoir ? merci de me répondre. Cordialement , Gérard