Stéphanie et Jérémie Gicquel se sont envolés de l’aéroport de Lyon-Saint Exupéry avec l’ambition de traverser l’Antarctique en ski sans assistance via le pôle Sud. Un parcours de 2 000 kilomètres pour un défi physique et scientifique.
Ils n’ont pas froid aux yeux… Stéphanie et Jérémie Gicquel, tous les deux âgés 32 ans, se sont lancés dans une drôle d’aventure: traverser l’Antarctique en ski, sans assistance, en passant par le pôle Sud, soit une distance de plus de 2 000 kilomètres. Croisés en salle d’embarquement de l’aéroport de Lyon-Saint Exupéry, les deux jeunes avocats – qui se sont rencontrés sur les bancs d’une école de commerce – partagent depuis longtemps une passion pour les régions polaires qui les a déjà conduits en expédition au Groenland, au Spitzberg, à ski, à la voile, à pied. Leur prochaine étape, l’Antarctique, est à la fois le continent le plus froid (température moyenne annuelle de -53°C), le plus sec (moins de précipitations qu’au Sahara), et le plus élevé de la planète (2500 m d’altitude en moyenne). Un continent immense, grand comme vingt fois la France. Un continent blanc recouvert d’une couche de glace d’une épaisseur moyenne de 1,6 kilomètres.
Résister au grand froid
Bref, c’est un véritable défi qu’entendent relever les deux jeunes aventuriers qui se sont astreint à un intense programme de préparation physique pour préparer leurs organismes à ce trajet réfrigérant. “Nous préparons l’expédition depuis 4 ans,d’abord pour collecter des informations puis pour nous préparer physiquement, avec un gros travail de renforcement du dos pour tracter la pulka (ndlr: traîneau à neige) et de certains muscles spécifiques très sollicités à skis“, confie Stéphanie Gicquel. Ils ont récemment participé, en avril 2013, au marathon du pôle Nord, soit 42,195 kilomètres par -30° C, sur l’eau, gelée, de l’océan Arctique, autour du pôle Nord géographique. “Nous sommes tous les deux trailers et ultratrailers”, précise Jérémie Gicquel, qui insiste sur la dimension humaine de ce challenge qu’ils espèrent boucler en deux moins de deux mois et demis. “La résistance au grand froid, avec des températures moyennes oscillant entre -20 et -30 degrés, avec un ressenti supérieur à -50 degrés en fonction du vent, est un élément déterminant. Il faudra notamment adapter notre alimentation, sachant que l’on devrait brûler jusqu’à 6 000 calories par jour, skis aux pieds“.
Le jeune couple s’est envolé de Lyon en direction de Punta Arenas, au Chili, où ils finaliseront leur préparation avant d’embarquer pour l’Antarctique.
Le départ de l’expédition ACROSS ANTARCTICA 2014 est prévu pour le 9 novembre, mais ce sont les conditions météos qui détermineront la date effective où ils pourront mettre le pied sur la glace en Antarctique. Il leur faudra alors environ, selon leurs projections, soixante-dix jours pour rallier la côte opposée du continent en passant par le pôle Sud, où se trouve la base scientifique américaine Amundsen-Scott.
Soigner son alimentation
Sur place, ils devront faire face au froid – les températures pouvant descendre jusqu’à -50°C à cette période de l’année – aux vents catabatiques, aux sastrugis, aux crevasses, progresser sur un plateau à haute altitude (entre 2500 et 3000 mètres), et tracter une pulka dans laquelle ils porteront équipements, rations alimentaires, tente, outils de communication et autres matériels de sécurité indispensables à leur expédition.
Depuis que Roald Amundsen a rejoint pour la première fois le Pôle Sud en 1911, seule une poignée d’aventuriers ont réussi à traverser l’Antarctique en passant par le pôle Sud, principalement en kite-ski. Nombreux sont ceux qui ont tenté la traversée mais ont été contraints d’abandonner. En atteignant leur objectif, Stéphanie & Jérémie seront les premiers Français et le premier couple à traverser l’Antarctique en ski, mais aussi les premiers au monde à accomplir la “route” qu’ils ont choisie en ski.
Une dimension scientifique et caritative
Un défi logistique, physique et mental, qui présente aussi un volet scientifique et pédagogique. L’expédition ACROSS ANTARCTICA 2014 sera en effet suivie par les élèves de classes de sixième et de seconde de quelques établissements scolaires, et constituera pour eux un outil d’apprentissage supplémentaire.
Stéphanie et Jérémie collecterons, pendant l’expédition, des données qui seront transmises aux élèves, afin qu’ils puissent les analyser avec leur professeur en mettant en œuvre les méthodes scientifiques et expérimentales enseignées. Ces données seront relatives au froid, au climat, à l’environnement, et encore à l’effort physique et à la santé. L’objectif est de sensibiliser les jeunes au caractère unique des régions polaires et aux valeurs que Stéphanie et Jérémie souhaitent porter dans le cadre de ce projet : dépassement de soi, solidarité, partage.
Stéphanie et Jérémie soutiennent l’association Petits Princes, créée en 1987, qui a pour vocation de réaliser les rêves d’enfants gravement malades. Cette dimension solidaire est un des principaux objectifs de l’expédition. Parce qu’ils concrétisent un de leurs rêves dans le cadre de cette expédition, le jeune couple souhaite, par l’intermédiaire de l’Association Petits Princes, donner la possibilté à des enfants de réaliser eux aussi leurs rêves. Les deux aventuriers ont ouvert une page de collecte de dons reversés intégralement à l’Association Petits Princes, construite sur un mode participatif. le but ? Offrir des contreparties symboliques aux donateurs, en lien avec l’expédition, pour que chaque donateur puisse participer “virtuellement” à l’expédition, ainsi que cela est décrit sur la page de collecte.
L’aventure, dont le coût est estimé à près de 250 000 euros, fera par la suite l’objet d’une exposition photos, notamment au sein de l’aéroport de Lyon-Saint Exupery.