Parents, enseignants et spécialistes sont les premiers à pouvoir repérer des difficultés d’apprentissage d’un enfant. Simple retard, trouble spécifique ou non, trouble persistant… la nature des problèmes d’apprentissage chez l’enfant doit être évaluée précisément au cours d’un dépistage.
Dépistage scolaire : trouble de l’apprentissage
Les troubles de l’apprentissage sont souvent dépistés lors de la visite médicale obligatoire que tous les enfants scolarisés passent au cours de la sixième année. Un examen spécifique servant à détecter les facteurs prédisposants à la dyslexie permet notamment de repérer les enfants atteints d’un trouble spécifique du langage oral (éventuellement déjà mis en évidence à l’examen de 4 ans) ou ceux à risque.
« Parmi les signes qui doivent amener à consulter, il faut retenir l’absence ou le retard d’acquisition du langage » , prévient Nicole Astréoud, orthophoniste à Lyon. Un enfant qui n’associe pas deux mots à 2 ans et demi, ne comprend pas les ordres simples, prononce moins de 20 mots et ne fait pas de phrases à 3 ans (sujet, verbe, complément avec articles)… doit être montré à un spécialiste. Idem en cas de déformations importantes de la parole, de difficultés d’apprentissage de la lecture, de l’orthographe, du calcul ou de l’écriture.
Un bilan orthophonique pour dépister les problèmes d’apprentissage de l’enfant
Une fois le trouble repéré par les parents, les enseignants ou les psychologues, un diagnostic individuel peut être fait au sein de l’école par les médecins de l’Education nationale ou les professionnels spécialisés de ville (médecin de l’enfant, orthophoniste…). « Le bilan orthophonique est un examen qui permet l’évaluation et le diagnostic d’une pathologie du langage oral ou écrit », explique l’orthophoniste.
Il commence par un entretien qui amène à connaître l’histoire de l’enfant (antécédents médicaux, étapes de son développement, cursus scolaire, motif de la consultation…). Ensuite, on évalue ses compétences et ses déficits dans différents domaines à l’aide de tests standardisés. L’interprétation des résultats obtenus permet de poser un diagnostic et de proposer ou non une rééducation orthophonique. Un bilan dure en moyenne de 1 h 30 à 2 heures et se déroule en une ou plusieurs séances. Parfois, des examens complémentaires sont envisager pour préciser le diagnostic et éliminer d’autres atteintes (bilan auditif, visuel, orthoptique, psychomoteur, psychologique, neuropsychologique…).
Il se pratique chez des spécialistes ou auprès d’une équipe pluridisciplinaire dans un Centre de référence pour troubles des apprentissages chez l’enfant.
« Le bilan permet non seulement de dépister les troubles d’apprentissage, mais également de rassurer l’enfant qui ne doit pas se sentir fautif et les parents qui ne savent pas comment l’aider », précise Nicole Astréoud. Il permet surtout de définir les stratégies de rééducation chez l’enfant.
Prévention des troubles de l’apprentissage en Rhône-Alpes en milieu scolaire
Outre le bilan orthophonique, les enseignants disposent d’outils spécifiques mis au point en Rhône-Alpes, à Grenoble. « Dans les années 90, nous avons réalisé les premiers outils d’entraînement de la conscience phonologique (habileté à manipuler les unités sonores de la langue) qui font désormais partie des programmes de l’Education nationale », commente le docteur Michel Zorman, médecin de l’Education nationale et directeur du laboratoire Cogni-Sciences à l’Institut universitaire de formation des maîtres (IUFM) de Grenoble. Son équipe a mis au point un outil de dépistage à la disposition des médecins de santé scolaire au niveau national. Baptisé Bilan de santé évaluation du développement pour la scolarité 5 à 6 ans, il comprend des entraînements phonologiques pour l’enfant de 5 à 7 ans.
Cette même équipe a également développé un outil de dépistage et de diagnostic des dyslexiques (Odedys) dès le CE1. «Actuellement, nous sommes en train de tester un outil d’entraînement à la fluence de lecture pour améliorer la vitesse de lecture des dyslexiques par un entraînement de relecture de textes.
Et nous évaluons aussi un apprentissage de la lecture au CP selon les travaux de chercheurs sur le sujet avec un entraînement quatre fois par jour des enfants en difficulté», ajoute ce médecin qui travaille également au Centre de référence des troubles d’apprentissages du CHU de Grenoble.
Anne-Laure Guiot