Soutenue financièrement par la Fondation des HCL, une équipe du CHU Lyon-Sud développe une solution ultra-innovante à destination des patients diabétiques : la semelle en impression 3D. Le principe : standardiser la réalisation d’orthèses plantaires pour réduire les coûts du traitement et, incidemment, assurer une meilleure prévention des risques de plaies, véritable fléau des malades du diabète qui se traduit par plusieurs milliers d’amputations par an. Les explications du Dr Julien Vouillarmet, du service d’Endocrinologie Diabète à l’hôpital Lyon-Sud.
Le nombre de patients atteints de diabète ne cesse de progresser en France. Près de 4 millions, selon l’Assurance maladie. Cette augmentation, conséquence directe de la sédentarité, du manque d’activité physique, de la mauvaise alimentation et du surpoids, rend toujours plus complexe la prise en charge des patients diabétiques et le traitement de leurs complications.
C’est notamment le cas du ‘’pied diabétique’’. Les pieds sont l’une des zones les plus sensibles des malades du diabète, du fait principalement d’une atteinte progressive des nerfs et des artères, conjuguée à une perte de sensibilité. Ce double effet favorise la formation de lésions. Le risque de plaies est donc bien plus élevé que pour le reste de la population et les conséquences souvent fatales, comme l’explique le Dr Julien Vouillarmet, responsable du projet ‘’POC 3D PEDIAB’’. Cette étude, portée par le service d’Endocrinologie Diabète Nutrition de l’hôpital Lyon-Sud, vise à standardiser la fabrication d’orthèses plantaires en recourant à la technologie 3D.
Nous sommes face à un véritable enjeu de santé publique.
Le ‘’pied diabétique’’ est-il une pathologie courante ?
Il y a 4 millions de personnes diabétiques en France. On estime que 15% des diabétiques vont ainsi développer des plaies au niveau des points d’hyperappui de la plante du pied. C’est d’ailleurs devenu, du fait de la diminution des maladies cardiaques chez les diabétiques, la cause principale d’hospitalisation pour complication de diabète aujourd’hui. Nous sommes face à un véritable enjeu de santé publique.
Pourquoi ces plaies ne doivent-elles pas être prises à la légère ?
Les plaies favorisent l’action de bactéries susceptibles de déclencher des infections sévères. Avec à la clé la mise en place de traitements antibiotiques lourds et, dans les cas les plus graves, des amputations d’orteils voire même du pied. Cette issue n’est pas rare : sur les 10 à 15 000 amputations réalisées chaque année en France, la moitié sont dues au diabète. Autre conséquence redoutable, des artères qui se bouchent, avec là aussi des conséquences néfastes. Non, ces plaies ne doivent pas être prises à la légère, surtout lorsque l’on sait que 30% des patients les plus fragiles récidivent ou décèdent dans l’année. Et que 50 à 60% des gens vont ‘’refaire’’ une plaie dans les trois ans.
Diabète : quand la perte de sensibilité favorise les plaies
Quels sont les signes d’alerte ?
Le souci, dans le cas des diabétiques, est que ces plaies s‘accompagnent d’une perte de sensibilité progressive. Cette neuropathie est elle-même un facteur de plaie, car elle enlève la protection de la douleur, susceptible de donner l’alerte. Lorsque la voûte plantaire s’affaisse, la pression très importante sur les points d’appuis entraîne la formation de cors aux pieds. Ces derniers provoquent des douleurs intenses en temps normal, mais un diabétique, du fait de sa perte de sensibilité, ne va rien sentir, ce qui va amplifier le mal. D’où l’importance d’agir avant qu’il ne soit trop tard.
Quel est le rôle des semelles thérapeutiques dans la prévention des plaies ?
Les semelles permettent d’éviter les plaies en atténuant les points d’hyperpression. Ces orthèses plantaires sont réalisées sur mesure, à partir d’un moulage du pied. Elles ont une durée de vie d’environ un an. Mais elles ne sont pas toujours réalisées dans les règles de l’art. D’abord parce que la réduction des points d’hyperpression ne fait pas partie du cahier des charges de leur réalisation. Cette dernière, en outre, a un coût. Sur un prix moyen de 130€, la Sécurité sociale rembourse une base de 27€. Si certaines mutuelles complètent en partie, le reste à charge reste très élevé. Ce qui est un autre frein à la prévention.
Semelles 3D : une réponse thérapeutique… et économique !
En quoi la réalisation de semelles 3D serait-elle une réponse efficace ?
Le projet POC 3D PEDIAB, développé en lien avec une startup lyonnaise, 3D Fab, vise à homogénéiser les pratiques, à standardiser le procédé de fabrication de ces semelles 3D en silicone, pour que le modèle puisse être développé en masse. Les intérêts sont doubles. La technologie 3D favorise tout d’abord une adaptation plus fine au pied de chaque patient et au degré d’hyperpression. La numérisation du procédé et sa standardisation permettent ensuite de réduire le temps de fabrication des orthèses thérapeutiques. Et, incidemment, de une réduction nette de leur coût.
À quelle échéance pensez-vous voir aboutir ce projet ?
Nous sommes prêts ! Nous en sommes aux phases réglementaires et tout n’est pas simple à mettre en place. Mais nous avons bon espoir de pouvoir lancer l’étude en septembre prochain. Cette phase d’étude clinique portant sur trente patients durera trois mois. Nous serons donc en mesure de livrer début 2023 les réponses sur la fiabilité du modèle d’impression 3D d’orthèses plantaires pour nos patients diabétiques.
À SAVOIR
L’innovation est au cœur du dispositif de collecte de fonds déployé par la Fondation des Hospices Civils de Lyon. L’objectif est clair : donner les moyens d’aboutir aux actions qui permettent d’offrir de meilleures réponses en matière de santé. Pour donner, connectez-vous sur le site web de la Fondation !