Les difficultés aux devoirs cachent parfois un véritable trouble de l'apprentissage.
Derrière une difficulté à aller au bout des devoirs se cachent peut-être un véritable trouble, vecteur de souffrance scolaire. ©Shutterstock

Votre enfant n’arrive pas à faire ses devoirs ? L’autonomie, cela s’acquiert petit à petit, mais ce manque ne suffit pas à expliquer l’ensemble des difficultés. La fatigue et le stress sont autant de facteurs pouvant altérer la concentration et nuire à la qualité du travail. Mais votre enfant peut aussi être victime d’un véritable trouble de l’apprentissage, dont il faut savoir percevoir les signes pour mieux le prendre en charge. Les conseils de Marie Costa, coach parentale à Lyon et consultante Ma Santé, pour éviter… l’enfer des devoirs, opérer les bons changements et, surtout, détecter les troubles éventuels.

Le stress accentue le découragement

Quelles sont les raisons qui expliquent d’éventuelles difficultés aux devoirs ?

La fatigue, d’abord ! Après huit heures à se concentrer derrière son bureau, l’enfant rentre épuisé de l’école. Le rythme est souvent très soutenu entre l‘apprentissage et les activités scolaires. Et les enfants, surtout les plus jeunes, viennent vite à bout de leur capital d’attention. Le manque de temps est également générateur de stress. Tout faire dans la précipitation ne met pas dans de bonnes dispositions pour apprendre. Le stress accentue le découragement et, incidemment, le manque de confiance en soi.

Pourquoi mon enfant est-il de mauvaise humeur au moment de faire ses devoirs ?

S’il repousse ce moment, s’il préfère faire autre chose, c’est qu’il n’est pas dans de bonnes dispositions. Un enfant fatigué, confronté à la pression des parents, va traîner les pieds. Et les parents, qui veulent sa réussite, mais aussi tout simplement passer à d’autres tâches, perdent vite patience. Eux-mêmes étant fatigués, ils s’agacent, râlent, s’énervent voire punissent. L’enfant stresse, se décourage, perd confiance… C’est l’engrenage, un cercle vicieux où s’accumulent les tensions entre parents et enfants. On n’apprend pas dans les pleurs et la punition. Le vrai moteur, c’est le plaisir, l’engagement dans l’apprentissage.

Devoirs : avant de vous inquiéter, pensez aux astuces !

Avez-vous des conseils pour aider son enfant à surmonter ses difficultés ?

Il existe plusieurs petites astuces qui le placeront dans de bonnes conditions :

  • Laissez-le se détendre au retour de l’école, qu’il goûte, se repose ou bouge s’il en a besoin.
  • Fixez une heure de fin, et respectez-là : un enfant, souvent, rechigne à démarrer son travail car il ne sait pas à quel moment cela sera terminé.
  • Faites-lui confiance, rappelez-lui que ce n’est pas un travail collaboratif entre lui et vous, mais que c’est son travail à lui.
  • Montrez de l’intérêt pour son apprentissage, encouragez-le dans ses réussites, valorisez ce qu’il récite et ne critiquez pas l’école.
  • Poussez-le à l’autonomie en l’assurant de votre présence et de votre aide, mais ne faites pas à sa place.
  • Ne soyez pas dirigiste, laissez-le faire à sa manière.
  • Transformez le temps des devoirs en bon moment : plus on s’amuse, plus on apprend ! Utilisez le jeu du pendu pour l’orthographe, faites de la gym pour apprendre à compter, etc…

Comment savoir si mon enfant souffre d’un véritable trouble de l’apprentissage ?

7 à 8% des enfants présentent en effet un trouble avéré. Cela rend bien sûr les devoirs encore plus compliqués. Lorsque son enfant n’y arrive pas, même dans de bonnes dispositions et qu’il manque d’attention, il y a des signes qui peuvent alerter. Le fait de voir que le temps passé sur les devoirs est bien plus long que chez un autre enfant en est un. Mal tenir son stylo. Apprendre une poésie durant des heures pour tout oublier le lendemain… Ce n’est pas un hasard si de nombreux enfants ont été diagnostiqués pendant les confinements. Leurs parents ont en effet passé beaucoup de temps avec eux et, en faisant la classe, ont pu détecter ce que le nombre d’élèves, à l’école, cache parfois.

Troubles de l’apprentissage : “certains enfants ne peuvent plus allez à l’école”

Quels sont les principaux troubles ?

Les troubles DYS ou troubles spécifiques du langage et des apprentissages (TSLA) sont classés parmi les troubles neurodéveloppementaux et ne sont pas liés à un déficit intellectuel. Ils se caractérisent selon le trouble par de la lenteur, une orthographe défaillante, des problèmes d’élocution, des difficultés à comprendre les langages mathématiques ou à lire l’heure, une écriture lente, douloureuse, illisible… En cas de suspicion, il est essentiel de faire un bilan complet avec un neuropsychologue, qui saura prendre en compte les signes pour identifier le trouble.

Quelles sont les répercussions sur la scolarité ?

Un trouble de l’apprentissage peut se traduire par des chutes de notes, une perte des compétences acquises, du retard scolaire, une perte de confiance, du stress, de la phobie scolaire et, plus globalement une mise en échec. Les redoublements sont de moins en moins courants, mais ils éviteraient pourtant que les difficultés s’accumulent d’année en année. À tel point que certains enfants ne peuvent même plus aller à l’école.

Un enfant inattentif ou en manque d’autonomie a-t-il forcément un trouble de l’apprentissage ?

Non, bien sûr. Certains enfants manquent tout simplement de sommeil, souvent par excès d’écran, ou peuvent subir un souci familial : divorce, déménagement… On a aussi de doux rêveurs, des hauts potentiels qui s’ennuient, des TDA/H…(*) Aujourd’hui, on a tendance à trop diagnostiquer mais il ne faut surtout pas voir le trouble partout. Certains enfants mettent simplement plus de temps à acquérir leur autonomie et il faut les laisser avancer à leur rythme.

*Troubles du développement de l’attention avec ou sans hyperactivité

Le conseil (insolite !) en + de Marie Costa

« Votre enfant a du mal à se concentrer ? À mémoriser ? À garder sa bonne humeur ? Et si son cerveau manquait tout simplement d’eau ? Notre corps est composé à 60% d’eau et notre système nerveux à 80% ? Une déshydratation, même légère, affecte parfois les fonctions cognitives ».

À SAVOIR

Marie Costa, certifiée en coaching parental à Lyon, est l’auteur d’une méthode pour aider l’enfant (dès 7 ans) à acquérir des méthodes de travail efficaces. « 50 activités bienveillantes pour devenir autonome » est paru le 9 mars 2022 aux éditions Larousse (7,95€). L’ouvrage regroupe conseils et activités ludiques pour mieux aider enfant et parents à remédier aux difficultés aux devoirs.

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Ma Santé

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Journaliste expert santé / Rédacteur en chef adjoint du Groupe Ma Santé. Journaliste depuis 25 ans, Philippe Frieh a évolué dans la presse quotidienne régionale avant de rejoindre la presse magazine pour mettre son savoir-faire éditorial au service de l'un de ses domaines de prédilection, la santé, forme et bien-être. Très attaché à la rigueur éditoriale, à la pertinence de l'investigation et au respect de la langue française, il façonne des écrits aux vertus résolument préventives et pédagogiques, accessibles à tous les lecteurs.

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