Les spermatozoïdes, une denrée trop rare chez les donneurs
Pour le couple, le don de sperme permet de remédier aux problèmes de stérilité masculine ©DR

Les donneurs de sperme sont encore trop rares, la démarche étant toujours tabou dans l’esprit de certains. Le Pr Jean-François Guérin, responsable du CECOS de Lyon, nous expose la démarche à suivre pour les volontaires.

Quels sont les critères pour devenir donneur ?

Pr Guerin : Pour pouvoir donner son sperme, un homme doit avoir entre 18 et 45 ans.  Ce dernier subit un examen génétique, et répond aussi à une enquête génétique menée par un médecin du CECOS ou un généticien relié au centre. Le médecin va chercher à savoir s’il y a des antécédents dans la famille : des maladies génétiques qui auraient touché plusieurs membres de la famille. S’il s’agit de pathologies sévères, cela peut être un motif de refus. Enfin, sont également exclus les hommes qui ne viennent pas pour des motivations altruistes, même si ces cas sont extrêmement rares.
Autre critère : jusqu’à maintenant, le donneur devait avoir eu au moins un enfant même s’il ne vivait pas ou plus en couple. Mais un décret sorti début janvier autorise les hommes qui n’ont jamais eu d’enfants à devenir donneurs. C’est d’ailleurs la même chose pour les femmes et le don d’ovocytes.
Enfin, l’anonymat et la gratuité sont les deux grands principes de base qui régissent le don de sperme.

 Quels sont les besoins en France ?  

Nous rencontrons le même problème depuis toujours : nous avons de vraies difficultés à trouver des donneurs. Le don de sperme demeure encore un sujet quelque peu tabou. Une femme donne plus facilement ses ovocytes alors que cela est bien plus compliqué d’un point de vue médical.

Don de sperme, trop peu de volontaires

Concrètement, combien de donneurs avez-vous sur un centre comme Lyon ?

Nous avons une quinzaine de donneurs au maximum chaque année (sur une vingtaine qui se sont présentés et dont certains ont dû être écartés pour des raisons génétiques ou une faible qualité de sperme). Nous aurions besoin qu’une quarantaine d’hommes se présentent pour pouvoir exploiter environ une trentaine de dons. Cela ne semble pas énorme et pourtant, la différence serait très importante et permettrait de réduire les délais d’attente.

Quelles sont les démarches à entreprendre lorsque l’on désire donner son sperme ? 

Il faut tout d’abord téléphoner au numéro vert 0 800 541 541, ou au CECOS le plus proche de chez soi pour prendre un rendez-vous (CECOS de LYON : 04 7211 66 66) Après l’enquête génétique exposée ci-dessus et une prise de sang pour un examen des chromosomes, on demande au donneur de venir 4 ou 5 fois pour donner son sperme et ainsi constituer un certain stock de paillettes. Même s’il ne vient que trois fois, c’est déjà bien. Le processus n’est vraiment pas compliqué et les équipes font en sorte de s’adapter aux horaires du donneur. 

Le tabou de la masturbation

A t-on une idée des profils de ceux qui donnent ?

Certains viennent parce qu’ils ont vu des affiches, d’autres parce qu’ils connaissent quelqu’un dans leur famille qui a eu besoin d’un don de sperme mais qui a dû patienter longtemps. 

Quels sont encore les freins qui expliquent le si faible nombre de donneurs ?

Les conjointes peuvent faciliter la démarche parce que le mari de l’une de leurs amies est stérile, mais elles peuvent aussi exprimer certaines réticences. Il peut parfois y avoir cette idée que leur mari va « faire des enfants inconnus à une inconnue ». Dans l’imaginaire collectif, le don de sperme est plus sexualisé du fait qu’il s’obtient par masturbation. Il y a aussi moins de solidarité masculine que féminine par rapport au don d’ovocytes. La démarche étant très simple, les réticences viennent encore de fantasmes psychologiques.

A SAVOIR

En 2013, les CECOS fêtaient leurs 40 ans. On estime qu’environ 50 000 Français de moins de 40 ont été conçus grâce à un don de sperme.

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Journaliste indépendante depuis 2013, Paulina Jonquières d'Oriola s'est longtemps spécialisée dans la rédaction d'articles santé : psycho, sexualité, santé animale... Une fine plume au service de l'info santé !

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