Une femme sur dix souffre d’endométriose en France. Cette maladie reste pourtant méconnue du grand public comme d’une partie des professionnels de santé, ce qui contribue trop souvent à transformer la quête du diagnostic en parcours du combattant. Et c’est bien parce qu’une prise en charge précoce permet justement de minimiser les effets et les symptômes de l’endométriose que les Hospices Civils de Lyon (HCL) ont souhaité lutter contre cette errance diagnostique en déployant trois hôpitaux de jour dédiés à cette pathologie, au sein des centres hospitaliers de la Croix-Rousse, de Lyon-Sud et de l’Hôpital Femme Mère Enfant.
Maladie gynécologique longtemps ignorée, l’endométriose concerne pourtant 10% de la population féminine. Les symptômes les plus courants, des douleurs pelviennes chroniques aux troubles urinaires et digestifs en passant par l’infertilité, handicapent grandement la vie des patientes.
Endométriose : un diagnostic compliqué à établir
La recherche de diagnostic de l’endométriose est un parcours difficile pour la majorité des patientes. Les symptômes de l’endométriose, tels que les douleurs pelviennes, les règles abondantes et douloureuses, et les problèmes de fertilité qui peuvent en découler, peuvent être attribués à d’autres affections gynécologiques. Ce qui peut donc contribuer à retarder le diagnostic.
De plus, la connaissance autour de l’endométriose reste globalement encore insuffisante chez les professionnels de santé non spécialisés, ce qui tend parfois à renforcer cette errance diagnostique.
« Quand j’ai entendu parler de l’endométriose sur les réseaux sociaux il y a 4 ans, je me suis renseignée sur le sujet, puis je suis allée consulter », témoigne Laurianne, une patiente suivie à l’HFME de Lyon-Bron. « On m’a d’abord dit que je ne souffrais pas d’endométriose, que c’était sûrement autre chose… Puis qu’en fait j’en souffrais peut-être. On m’a alors prescrit un traitement destiné à atenuer les symptômes, ce qui n’a malheureusement pas été le cas. J’ai fini par abandonner, jusqu’à cette année, où j’ai enfin pu être en charge et diagnostiquée officiellement de l’endométriose. »
Plusieurs méthodes de diagnostic sont disponibles, notamment l’échographie, l’IRM, et l’histoire clinique détaillée de la patiente. Malgré ces outils, il peut nénamoins être difficile de confirmer avec certitude la présence d’endométriose.
Un diagnostic précoce, pourtant, est très important. Il permet aux patientes d’accéder à des options de traitement plus rapidement. Plus tôt l’endométriose est identifiée, plus les chances de prévenir des complications futures, telles que l’infertilité et les douleurs chroniques, sont élevées.
HCL : des hôpitaux en pointe dans la lutte contre l’endométriose
Les Hospices Civils de Lyon (HCL) ont ouvert trois hôpitaux de jour consacrés à l’endométriose. L’objectif ? Réduire le temps de cette errance diagnostique et proposer aux patientes de la région Auvergne-Rhône-Alpes un lieu unique de consultation.
Désormais, les patientes adressées par un prescripteur dans l’un des trois sites (l’Hôpital Femme Mère Enfant, l’hôpital de la Croix-Rousse et l’hôpital Lyon-Sud), pourront bénéficier d’une prise en charge complète en une seule journée, au lieu de plusieurs mois ou années dans un parcours de diagnostic traditionnel.
Dans un premier temps, les patientes y bénéficient d’une évaluation exhaustive de leur pathologie. Comme l’explique le Dr Sophie Warembourg, gynécologue à la Croix-Rousse, l’objectif du reste de la journée est alors d’offrir « une dimension diagnostique, une prise en compte du projet de fertilité éventuel, une dimension préopératoire si nécessaire ainsi qu’une prise en charge globale avec soins de support ».
Pour ce faire, de nombreux professionnels des services médicaux et paramédicaux sont mobilisés, entre gynécologues, échographistes, radiologues, médecins spécialistes en fertilité, chirurgiens digestifs, urologues, kinésithérapeutes, diététiciens, psychologues, infirmières de coordination… Ainsi, « la collaboration entre tous ces professionnels permet aux patientes d’accéder en un temps record aux expertises diagnostiques et thérapeutiques des Hospices Civils de Lyon », souligne le Pr Pierre-Adrien Bolze, chef de service adjoint du service de chirurgie gynécologique de l’hôpital Lyon-Sud. Pour l’instant, les trois hôpitaux de jour ont l’ambition d’accueillir une dizaine de patientes par semaine, puis d’augmenter le rythme au fil du temps.
Cette synergie entre les professionnels de santé concernés par la problématique de l’endométriose va également favoriser les échanges et une meilleure connaissance de la pathologie. Et de permettre ainsi d’améliorer encore la prise en charge de cette pathologie complexe.
Un projet audacieux et inédit, qui marque une avancée considérable dans la lutte contre l’errance médicale pour l’endométriose.
Découvrez en images la présentation de ce nouveau service des HCL à Lyon.
À SAVOIR
La cause exacte de l’endométriose reste inconnue, bien que plusieurs théories aient été avancées. Parmi les hypothèses, certaines suggèrent que des facteurs génétiques, hormonaux, immunitaires ou environnementaux pourraient contribuer au développement de cette maladie. Cela rend le diagnostic et la gestion de l’endométriose plus complexes, car il n’existe pas de solution unique pour traiter cette condition. Les chercheurs continuent d’étudier l’endométriose pour mieux comprendre ses origines et développer des traitements plus efficaces.
