L’endométriose, pathologie méconnue, concerne pourtant une femme sur dix. Anne-Sophie Godefroy, gynécologue spécialiste à Villeurbanne, rappelle toute l’importance d’un dépistage précoce de cette maladie douloureuse, qui commence enfin à faire l’objet de campagnes de dépistage.
Qu’est-ce-que l’endométriose ?
L’endométriose est une pathologie gynécologique. L’endomètre est le tissu qui tapisse l’utérus. Chez la femme atteinte d’endométriose, des implants d’endomètre peuvent se greffer en dehors de l’utérus comme au niveau des ovaires, des trompes, du péritoine, de la vessie ou du tube digestif au moment des règles. Elle provoque alors des lésions et parfois des kystes ovariens, dont les conséquences peuvent nuire à la santé et à la fertilité de la femme.
Quels sont les symptômes ?
L’endométriose peut tout d’abord rester asymptomatique : les douleurs ne sont pas systématiques. Dans 50 % des cas, la femme subit malheureusement des dysménorrhées d’intensité variable, c’est-à-dire qu’elle ressent des douleurs lors de la période menstruelle. Les patientes peuvent aussi être victimes de dyspareunies : elles souffrent durant leurs rapports sexuels. Peuvent également s’ajouter des troubles au niveau du système digestif : diarrhées, constipation, sang dans les selles, mais également des difficultés à uriner. Parmi les femmes victimes d’endométriose, 30 à 40 % souffrent d’infertilité partielle ou totale. Il n’y a en revanche aucun risque et aucune répercussion pour l’enfant à naître : une fois enceinte, la future maman peut suivre une grossesse normale.
Endométriose, surveillez votre corps !

Combien de temps entre la survenue de la maladie et son diagnostic ?
Il faut en moyenne 6 à 10 ans pour diagnostiquer une endométriose. En cas de symptômes, ne perdez pas de temps et allez consulter un spécialiste ! Comme beaucoup de pathologies, plus l’endométriose est prise en charge tôt, plus vous avez de chances de réduire ses conséquences. Effectivement, rares sont les femmes qui se font dépister dès l’adolescence. Dans 50 % des cas, l’âge de dépistage de cette maladie est environ à 30 ans, âge auquel beaucoup de femmes souhaitent avoir un enfant.
Comment se passe l’examen de dépistage de l’endométriose ?
Généralement, l’endométriose est détectée lors d’un examen ayant un autre motif que celui de son dépistage : souhait de grossesse, examen gynécologique classique… Pour dépister cette maladie, il faut réaliser une échographie pelvienne et/ou une IRM.
Existe-t-il des traitements efficaces ?
Il existe différents types de traitement en fonction du désir ou non de grossesse de la femme victime d’endométriose. Si la patiente ne souhaite pas avoir d’enfant, alors un traitement est mis en place avec pour objectif une aménorrhée, c’est-à-dire provoquer l’absence de règles. Si malgré ce traitement, la femme présente toujours des symptômes, il faudra envisager une chirurgie par des gynécologues expérimentés assistés d’urologues et/ ou de chirurgiens digestifs en fonction de la complexité du geste opératoire.
Et en cas de future grossesse ?
Il faudra alors mettre en place une prise en charge en aide médicale à la procréation adaptée au stade d’évolution de la maladie : le premier stade, où la maladie est minime, le deuxième, légère, le troisième, modérée et enfin le quatrième où l’endométriose est sévère avec une atteinte digestive. En cas d’endométriose sévère, une prise en charge active type fécondation in vitro sera proposée en première intention.
Endométriose et perturbateurs endocriniens
Peut-on guérir de cette maladie ?
Malheureusement, aucun traitement n’a encore permis la guérison de cette maladie. Cependant, plus la maladie est diagnostiquée tôt, plus l’évolution de l’endométriose est limitée.
Quelles sont les causes de cette maladie ?
Elles sont malheureusement encore inconnues. Le facteur ethnique joue un rôle certain : on a ainsi constaté une proportion plus importante de femmes touchées dans la population asiatique. Parmi les facteurs de risque qui ont été identifiés figure le tabagisme. Une prédisposition génétique est également mise en avant.
Peut-on faire un lien entre l’endométriose et les perturbateurs endocriniens ?
Certaines études démontrent qu’il existe un lien entre l’endométriose et les perturbateurs endocriniens. Effectivement, ces composés pourraient agir sur notre système hormonal, et particulièrement sur nos fonctions reproductrices. Le bisphénol A ou les dioxines, qui entraînent une hyperoestrogénie, sont présents dans notre alimentation. Il existerait également un lien entre l’endométriose et l’exposition aux phtalates, présents dans les tampons hygiéniques. Cependant, rien n’est encore réellement prouvé.
Endométriose et prévention en Auvergne-Rhône-Alpes
L’endométriose est-elle une priorité pour la recherche ?
Grâce à sa médiatisation, la recherche commence à s’intéresser peu à peu à l’endométriose, même si cette dernière n’est pas encore reconnue comme une maladie en tant que telle. Ces dernières années, six projets de recherche clinique ont été dédiés à l’endométriose à hauteur de 50 000 euros.
Parle-t-on plus facilement de cette maladie qu’autrefois?
Depuis janvier 2018, face à la médiatisation de cette maladie, la Haute Autorité de Santé publique et le Collège national des gynécologues et obstétriciens français se sont engagés à permettre aux malades de bénéficier d’un meilleur parcours de soin. La prise en charge de cette maladie est faite par une équipe pluridisciplinaire : radiologues spécialisés, psychologues, chirurgiens… Par ailleurs, la médiatisation de cette maladie a permis aux malades de s’investir dans le combat contre l’endométriose. Des associations se font de plus en plus nombreuses et ces femmes en deviennent les interlocutrices.
Les campagnes de prévention sont-elles assez développées dans la région Auvergne-Rhône-Alpes ?
Auvergne-Rhône-Alpes manque cruellement de campagnes de prévention. Elles sont beaucoup plus développées dans certaines régions comme en Pays de Loire, par exemple. Effectivement, aucune campagne n’a été prévue pour 2018, ce qui peut constituer un handicap. Des rencontres accessibles avec des professionnels permettraient d’informer les femmes, de les rassurer mais aussi de les associer à la cause. Cette absence d’échanges reste un vide à combler.
Retrouvez la liste de tous les gynécologues et spécialistes de l’endométriose de votre ville ou de votre quartier sur www.https://www.conseil-national.medecin.fr
A SAVOIR
L’endométriose fut longtemps considérée comme une affection honteuse. Pourtant, cette maladie a été diagnostiquée dès 1860 par le docteur autrichien Karel Rokitansky, médecin pathologiste. Aujourd’hui encore, de nombreuses femmes ignorent l’existence de cette maladie, alors même qu’elles en sont atteintes.