Selon une étude de l’INSEE, le nombre de personnes âgées de 75 ans et plus devrait doubler en 2050 dans le Rhône. Un vieillissement de la population qui exige une adaptation de l’offre à destination de ces seniors issus du baby-boom. Explications.
Une étude de l’INSEE commanditée par le Département du Rhône confirme de manière flagrante – et même inquiétante – la dérive démographique à laquelle notre pays va devoir faire face dans les décennies à venir. Selon cette étude publiée ce mardi 4 juin (1), le nombre de personnes âgées de 75 ans et plus devrait doubler à l’horizon 2050 sur le territoire du Rhône.
En 2015, seulement un habitant sur douze était âgé de 75 ans ou plus, soit 37 700 seniors recensés dans le Rhône. Dans 35 ans, ce nombre doublerait donc en raison de l’arrivée aux grands âges des générations du baby-boom. Les seniors dépendants seraient également plus nombreux en 2050.
“Dans le contexte de croissance démographique et d’allongement de l’espérance de vie, le territoire de compétence du Conseil départemental du Rhône connaît un vieillissement de sa population, comme c’est également le cas aux niveaux régional et national (…) Ce vieillissement de la population poursuit la tendance déjà constatée depuis une vingtaine d’années “, constatent les experts de l’INSEE, soulignant que cette évolution démographique va exiger une adaptation de l’offre à destinations de ces personnes fragilisées.
Seniors, la génération du baby-boom
Un vrai défi pour les années à venir, alors que la plupart des Ehpad et autres structures dédiées aux seniors affichent complets. “L’adaptation de l’offre à destination des personnes âgées, dans les services d’aide à domicile notamment, peut générer des difficultés de recrutement de personnel, accrues dans les territoires ruraux tels que le Beaujolais“, insistent les analystes de l’INSEE.
Le nombre de seniors dans le Rhône a déjà été multiplié par 1,7 entre 1999 (22 600 seniors) et 2015. Avec cet inéluctable vieillissement de la population, la part des seniors dans l’ensemble de la population du Rhône risque d’augmenter encore plus fortement. Ils représentaient seulement 6 % de la population en 1999, 8 % en 2015, et ils devaient atteindrait 15 % d’ici à 2050. “Cette croissance serait plus marquée à partir de 2020 avec l’entrée dans cette classe d’âge des générations nombreuses du baby-boom”, soulignent Anne Reflet-Rochas et Emma Bianco, précisant que “les femmes resteraient majoritaires chez les seniors, mais la part des hommes augmenterait“.
Ainsi, alors que les femmes représentaient 61 % des seniors en 2015, elles seraient 55 % en 2050. “Cela s’explique par une convergence des espérances de vie des hommes et des femmes due au rapprochement de leurs modes de vie (type d’activité professionnelle, durée de travail, comportements à risque comme tabagisme, consommation d’alcool…)“.
De plus en plus de seniors dépendants
Autre constat inquiétant, le nombre de seniors dépendants devrait exploser dans les prochaines décennies sur le territoire du Rhône, mais aussi sur la Métropole de Lyon. En 2015, sur ce périmètre, près d’un tiers des seniors étaient en situation de dépendance. Selon l’étude de l’INSEE, ce nombre devrait augmenter très fortement à l’horizon 2050. “Le nombre de dépendants sévères connaîtrait une forte accélération vers 2030, avec l’entrée aux âges de plus forte dépendance (85 ans et plus) des générations du baby-boom, s’inquiètent les analystes de l’INSEE. Cet accroissement du nombre de personnes âgées dépendantes pose la question de leur besoin de prise en charge, à domicile comme en institution“.
Dernier enseignement de cette étude très instructive, le nombre de seniors vivant dans une institution devrait logiquement augmenter de manière significative. Aujourd’hui, seulement 12% des 75 ans et plus vivent dans un établissement proposant un hébergement médicalisé. La vie en institution augmente naturellement avec l’âge, puisqu’elle passe de 3 % chez les 75-79 ans à plus de 40 % chez les 90 ans et plus, avec une grande majorité de femmes.
D’ici à 2050, si les tendances actuelles se confirment, le nombre de seniors résidant en institution dans le Rhône augmenterait de 50 %. Un afflux qui posera inévitablement la question du financement de nouvelles structures adaptées et rendra d’autant plus pertinent la solution du maintien à domicile des personnes âgées.
(1) Cette étude s’appuie sur les projections de population réalisées par l’Insee à partir d’hypothèses sur l’évolution des trois composantes intervenant sur les variations de population : le nombre de naissances, le nombre de décès et les migrations.
A SAVOIR
Afin d’accompagner l’avancée en âge de la population, la politique en faveur des personnes âgées mise en oeuvre par le Département du Rhône vise à favoriser le maintien à domicile et à compenser la perte d’autonomie des personnes de plus de 60 ans vivant à domicile ou accueillies en établissement.
Dans le département, en 2018, l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) a été accordée pour la prise en charge des frais d’une aide à domicile (plus de 5 000 bénéficiaires), et le financement de la dépendance des personnes hébergées en établissement (environ 3 000 personnes). Les bénéficiaires de l’APA représentent 23 % des seniors de 75 ans et plus dans le Rhône.