Femme subissant un infractus de myocarde
La femme est la victime trop souvent oubliée de la crise cardiaque, injustement qualifiée de maladie d'homme.

Première cause de mortalité chez la femme, la crise cardiaque reste pourtant pour beaucoup une maladie d’homme. Une idée reçue presque criminelle, expliquent les cardiologues Hélène Thibault et Eric Bonnefoy-Cudraz de l’Hôpital Louis Pradel à Lyon.

Crises cardiaques en France : statistiques, facteurs de risque et prise en charge

Sur les 213 crises cardiaques mortelles recensées chaque jour en France en 2016, combien de victimes sont des femmes ?


Ce que l’on peut dire, c’est qu’environ une femme sur trois décède d’une cause cardiovasculaire, ce qui est bien plus que ce que l’on imagine. Contrairement aux idées reçues, la première cause de mortalité chez la femme n’est pas le cancer du sein, mais les maladies cardiovasculaires. Une étude a démontré qu’en 2013, 74680 femmes décédaient d’une maladie cardiovasculaire. Pour donner un ordre d’idée, dans la même étude, 11681 mouraient d’un cancer du sein. Parmi ces pathologies cardiovasculaires, l’infarctus du myocarde, la crise cardiaque en langage courant, est la plus fréquente.

Une prise en charge rapide améliore-t-elle les chances de survie ?


Un infarctus du myocarde résulte d’une artère qui se bouche dans le cœur. Il est essentiel d’agir vite, car si l’on attend trop longtemps, les cellules musculaires se nécrosent entièrement et le muscle cesse de fonctionner, induisant une insuffisance cardiaque. Il faut donc ouvrir l’artère coronaire bouchée dans les premières heures de la crise.

Infractus : la femme n’est pas l’égale de l’homme

Comment identifier une crise cardiaque ?


Le symptôme le plus courant, surtout chez les hommes, est une intense douleur thoracique irradiant jusqu’à la mâchoire. Il faut toujours appeler le 15 devant une douleur thoracique à type d’oppression, de brûlure qui irradie dans les bras, le cou, la mâchoire. Dès la suspicion, on a recours à un électrocardiogramme pour confirmer le diagnostic. Si c’est le cas, le patient est conduit directement par le SAMU du lieu de prise en charge, directement en salle de coronographie sans passer par les urgences.

Pourquoi un infarctus est-il plus difficile à détecter chez la femme?


Principalement parce que les premiers signes censés alerter ne sont pas assez bien pris en compte. Du fait d’idées reçues tenaces, les femmes sont encore sous représentées dans les études cliniques, et les diagnostics, formatés par cette médecine ‘’sexuée’’, sont parfois erronés. Une étude en 2003 a ainsi démontré que 43% des femmes victimes d’infarctus n’avaient pas de douleurs de poitrine typiques. Il faut donc savoir détecter des signes d’alertes moins connus, tels que l’épuisement, l’essoufflement, des nausées. Et c’est là tout le problème : du fait d’erreurs ou de retards de diagnostic, de nombreuses femmes sont prises en charge ‘’hors délais’’.

Que faut-il faire pour réduire cette inégalité ?


Il est important de poursuivre les efforts de prévention, qui permettent grâce à une identification précoce des symptômes et donc à une prise en charge plus rapide des victimes, de faire baisser le nombre de cas mortels. C’est une politique qui commence à porter ses fruits, notamment chez les victimes de plus de 65 ans. En revanche, on a constaté entre 2002 et 2013 une augmentation de 25% du nombre d’infarctus chez les femmes plus jeunes.

Des femmes jeunes touchées par la crise cardiaque

Comment explique-t-on cette recrudescence des cas chez la femme de moins de 65 ans ?


Cette hausse est due à l’augmentation des facteurs de risque chez la femme. Aujourd’hui, une femme sur quatre est fumeuse et l’on sait que le tabagisme est l’un des facteurs de risque les plus importants : 70% des femmes victimes d’infarctus avant 50 ans sont fumeuses. Parmi les autres facteurs importants figurent le stress, le diabète, l’obésité, l’hypertension, la sédentarité sachant que le cumul de ces facteurs augmente notablement le risque.

Comment faire pour inverser la tendance et réduire ce risque ?


La première chose à faire est de stopper les conduites à risque, d’agir sur les comportements addictifs comme le cannabis ou l’alcool, de promouvoir l’activité physique, une alimentation équilibrée, moins de stress… Ensuite, multiplier les campagnes pour informer les jeunes femmes qu’elles font partie de la population à risque, mais aussi favoriser le développement de recherches spécifiques centrés sur la femme. Et rappeler enfin qu’en cas de symptômes, le mieux est d’appeler le 15. Il vaut mieux appeler pour rien que consulter trop tard !
Plus d’informations sur le site de l’OMS
Retrouvez la liste de tous les cardiologues de votre ville ou de votre quartier sur www.conseil-national.medecin.fr

A SAVOIR

On compte environ 120 000 infarctus du myocarde par an en France, pour 18 000 décès. Environ 10 % des victimes décèdent dans l’heure qui suit et le taux de mortalité à un an est de 15 %. L’infarctus du myocarde, déclenché par une occlusion d’une artère coronaire alimentant le cœur en sang, est dû à une nécrose partielle ou totale du muscle cardiaque (ou myocarde).

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Journaliste expert santé / Rédacteur en chef adjoint du Groupe Ma Santé. Journaliste depuis 25 ans, Philippe Frieh a évolué dans la presse quotidienne régionale avant de rejoindre la presse magazine pour mettre son savoir-faire éditorial au service de l'un de ses domaines de prédilection, la santé, forme et bien-être. Très attaché à la rigueur éditoriale, à la pertinence de l'investigation et au respect de la langue française, il façonne des écrits aux vertus résolument préventives et pédagogiques, accessibles à tous les lecteurs.

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