Une pharmacie menacée de fermeture en Auvergne-Rhône-Alpes.
La région Auvergne-Rhône-Alpes a enregistré un nombre record de fermetures de pharmacies en 2023 ©E.Vautenin

En 2023, la région Auvergne-Rhône-Alpes a enregistré la fermeture de 31 pharmacies, contre une vingtaine en moyenne sur les sept dernières années. Un record inquiétant qui a incité l’URPS Pharmaciens AuRA à tirer la sonnette d’alarme. Les explications d’Olivier Rozaire, président de l’URPS Pharmaciens Auvergne-Rhône-Alpes.

L’URPS Pharmaciens a lancé une grande campagne médiatique pour alerter sur la fermeture de pharmacies. Est-ce un phénomène régional ou national ?

C’est un phénomène national qui a été mis en exergue en Auvergne-Rhône-Alpes, suite à une étude menée en 2023 par l’URPS et l’ORS (Observatoire Régional de la Santé) sur la disparition des pharmacies sur le territoire. Jusqu’alors, ce phénomène ne se voyait pas trop avec, en moyenne, une vingtaine de fermeture par an.

Mais en 2023, cette spirale négative s’est emballée avec 31 disparitions d’officines en Auvergne-Rhône-Alpes et un passage sous la barre des 20 000 officines au niveau national. La fermeture de pharmacies isolées a incité des élus locaux à réagir et faire part de leur préoccupation. Un motif d’inquiétude d’autant plus justifié que, dans les communes de moins de 2 500 habitants, il n’est pas possible de rouvrir une pharmacie fermée.

Peut-on anticiper la fragilité éventuelle d’une pharmacie ?

Dans un premier temps, l’étude menée en Auvergne-Rhône-Alpes a cherché à identifier toutes les officines répondant à certains critères (voir « à savoir ») qui jouent un rôle majeur pour le maintien de l’offre de soins, analyser leur situation et leur éventuel état de fragilité.

Résultat, on a ainsi identifié 80 officines répondant à ces critères en Auvergne-Rhône-Alpes et plus d’une cinquantaine sont considérées comme fragiles. Des pharmacies qui, si elles fermaient, mettraient en grande difficulté plus de 100 000 patients mais aussi tous les professionnels de santé de leur environnement. Pour éviter une épidémie de fermetures, nous avons alerté les pouvoirs publics. Depuis deux ans, le ministère nous dit travailler sur un texte afin d’identifier les territoires fragiles. Mais on ne voit toujours rien venir…

Pourquoi ces fermetures mettent-elles en danger notre système de santé ?

Parce qu’elles constituent une menace pour l’équité d’accès aux soins de nos concitoyens. Ce désastre économique est aussi une bombe à retardement de santé publique qui met en péril l’accès aux produits de santé pour les usagers et le continuum de leur suivi.

Par ailleurs, depuis quelques années, le partage de compétences a donné de nouvelles prérogatives au pharmacien (vaccination, prescription d’antibiotiques…). Si des officines ferment, ce sera autant de services en moins pour la population. Or, on a besoin de tous les acteurs pour combler les lacunes de notre système de santé. Sinon, on va encore aggraver l’engorgement des services d’urgences avec, à la clé, des errances et des impasses diagnostiques parfois dramatiques.

Quelles sont les solutions préconisées ?

D’une part, identifier les officines qui structurent le territoire et assurent l’accès aux soins.

D’autre part, accompagner ces officines financièrement et leur offrir un modèle économique qui facilite leur transmission. Par ailleurs, il faut trouver des mesures incitatives (rémunération, logement…) pour faire venir les étudiants et jeunes pharmaciens dans les zones en danger, avec la perspective de les sédentariser. En fait, c’est la même problématique que pour les médecins.

Enfin, nous préconisons d’augmenter le numerus clausus des étudiants en pharmacie.

À SAVOIR

Pour mener à bien leur étude en Auvergne-Rhône-Alpes, l’URPS Pharmaciens AuRA et l’Observatoire Régional de la Santé ont cherché à identifier les officines en danger en retenant deux critères principaux. D’une part, être la seule pharmacie de la commune. D’autre part, se situer à plus de quinze minutes de la pharmacie la plus proche.

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Enfant des radios locales, aujourd'hui homme de médias, il fait partager son expertise de la santé sur les supports print, web et TV du groupe Ma Santé AuRA.

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