Tic tac... Face à l'horloge qui tourne, quelques conseils d'expert pour accroître ses chances de concevoir un enfant... sans stress. ©Shutterstock

Alimentation, hygiène de vie, date des rapports… en matière de conception, il existe un très grand nombre d’idées reçues. Pour démêler le vrai du faux, nous avons convoqué l’expertise du Pr Pascale Hoffmann, Cheffe du département de gynécologie obstétrique et d’assistance médicale à la procréation du CHU de Grenoble.

Il faut avoir des rapports tous les jours

Faux : En théorie, tous les deux trois jours serait amplement suffisant puisque le spermatozoïde a une durée de vie de plusieurs jours. Mais l’idéal reste de ne pas se fixer d’impératifs tout en gardant une régularité: il faut avoir des rapports avant tout lorsque l’on en a envie, car quand le rapport se passe bien, cela augmente les chances de concevoir.

Il faut cibler les rapports juste avant l’ovulation

Vrai et faux : Il est important d’avoir des rapports la veille ou l’avant-veille de l’ovulation, mais il est aussi nécessaire de ne pas rester de nombreux jours sans rapports car les spermatozoïdes ont besoin de circuler. Si les spermatozoïdes passent vingt jours « embouteillés » dans les voies excrétrices, ils auront une moins bonne maturation et diminution de leur capacité de fécondation.

 

Fertilité, l’âge en question

Il est conseillé d’avoir son premier enfant avant 30 ans quand on est une femme

Vrai : Effectivement, si les conditions amoureuses et sociales sont réunies, c’est conseillé. A partir de 34 ans, on constate une diminution de la réserve ovarienne, ce qui signifie que le stock d’ovocytes diminue rapidement.  Aussi, nos ovules ont de moins en moins de potentiel au fil des années. Il y a donc à la fois un problème de quantité et de qualité. Toutefois, on observe que l’âge moyen des femmes pour leur première grossesse ne cesse d’augmenter, il ne faut donc pas paniquer quand on passe la barre des 30 ans.

Il n’existe pas de date de péremption pour les hommes

Faux : Certes, les hommes produisent des spermatozoïdes toute leur vie, mais leurs cellules reproductrices vieillissent. A partir de 45 ans, on observe une augmentation du risque d’anomalies chromosomiques. Les scientifiques s’interrogent aussi sur le lien entre l’augmentation des troubles du spectre autistique chez l’enfant pour les pères âgés de plus de 55 ans.

 

Fertilité, alimentation et ovulation

Il faut arrêter la pilule plusieurs mois avant d’espérer avoir un bébé

Vrai et faux : Il n’y a rien à attendre, l’ovulation viendra quand elle viendra ! En revanche, lorsque les règles ne reviennent pas au bout de 3 mois et qu’il n’y a pas de grossesse, il faut consulter.

Plus on a des cycles réguliers, plus on a de chances de tomber enceinte

Vrai : C’est effectivement plutôt vrai, mais si tel n’est pas le cas, il faut essayer de comprendre d’où provient l’irrégularité des cycles. Parfois, c’est simplement que la thyroïde ne marche pas suffisamment. En régulant le cycle d’un point de vue hormonal, on peut réussir à retrouver un cycle régulier.

L’alimentation peut jouer un vrai rôle dans notre fertilité

Vrai : Vous connaissez l’adage : il ne faut pas manger deux fois plus quand on est enceinte mais deux fois mieux ? Et bien il en va de même durant la période de conception. On recommande ainsi les aliments à Indice Glycémique bas, les produits laitiers entiers et les Oméga-3, ainsi que les vitamines. En fait, tout ce qui aura été consommé quatre mois avant le début de la grossesse va jouer un rôle, notamment sur l’implantation et la formation du placenta.

Mieux vaut manger bio

Vrai : Manger bio demeure l’idéal si cela est possible. Toutefois, toutes les bourses ne le permettent pas. Il convient alors de diminuer au maximum les perturbateurs endocriniens possiblement présents dans l’alimentation en évitant les plats industriels, le réchauffage de plats dans des contenants en plastique (à cause des phtalates), ou encore en épluchant ses fruits et légumes. Nous n’avons pas encore de preuves solides, mais il se pourrait qu’il existe un lien entre les perturbateurs endocriniens et l’augmentation des risques de fausse couche.

Stress et tabac, les ennemis de la fertilité

Il faut continuer à faire du sport

Vrai : Il ne faut pas changer son mode de vie. Si on faisait du sport jusqu’ici, on continue ! En revanche, faire du sport demande d’avoir des apports suffisants en termes de sommeil et d’alimentation pour ne pas tomber en dette énergétique. En effet, le corps dispose de mécanismes de contrôle au niveau de l’hypothalamus et de de l’hypophyse. L’ovulation ne peut intervenir que lorsque le corps n’est pas en état de privation. Chez les hommes, on observe aussi que la fertilité diminue en période de fort entraînement comme pour un marathon par exemple. Les hommes disposent eux-aussi du même mécanisme de régulation, ce qui est peu connu.

Le stress a un effet délétère sur la fertilité

Vrai : Il n’y a pas vraiment d’études qui le prouvent chez l’homme, mais on sait que cela est vrai chez les animaux. Par exemple, une femelle babouine que l’on change de cage deux fois par semaine ovulera moins bien. Cependant, certaines femmes arrivent à bien ovuler malgré des vies très chargées, mais c’est parce qu’à un moment, elles parviennent à compenser leur stress pour ne pas tomber en dette énergétique.

Il n’est pas grave de fumer tant que l’on n’est pas enceinte 

Faux : Fumer abîme beaucoup de choses dans notre corps, et surtout les vaisseaux. Cela va aussi endommager les cellules qui entourent l’ovule. On a démontré que les femmes qui fument ont un moindre taux d’œstrogènes au moment de l’ovulation. De plus, l’implantation de l’embryon peut être gênée chez les femmes qui fument ou ont longtemps fumé. Quant aux hommes, le tabac a aussi des effets sur leur fertilité.

 

Infertilité et obésité

Il n’est plus possible de concevoir après la ménopause

Vrai : Les traitements pour faire des FIV ne fonctionnent effectivement pas après la ménopause, puisqu’il n’y a plus de stock d’ovule. Ainsi, la plupart des grossesses que l’on voit chez les stars après 45 ans résultent probablement de l’utilisation d’ovules qui ne sont pas les leurs.

Être en surpoids n’est pas gênant pour concevoir

Vrai et faux : En fait, tout dépend du type de surpoids. L’obésité périphérique (au niveau du bas du corps) n’est pas gênante car le métabolisme de l’individu est sain. Ce qui est plus embêtant, c’est l’obésité centrale (au niveau du ventre), qui résulte d’un trouble de la glycémie, avec augmentation de la tension ou du taux de cholestérol. Généralement, ces patientes ovulent plutôt  irrégulièrement. Les femmes en surpoids qui ont des cycles normaux ont de grandes chances d’avoir un métabolisme sain.  Chez les hommes, le surpoids peut également être problématique car cela peut perturber la commande de la spermatogénèse ou encore augmenter la chaleur au niveau des testicules, avec répercussion sur  les spermatozoïdes.

Seules les femmes doivent prendre des suppléments prégestationnels

Vrai et faux : Il n’y a aucune preuve en dehors de l’acide folique pour les femmes qui en manquent, qu’il faille une supplémentation. L’acide folique permet de prévenir les risques d’anomalie du système nerveux. Il y a aussi probablement un lien entre vitamines et anti-oxydants et spermatozoïdes, mais les études sont encore discordantes. De manière générale, nous conseillons aux femmes et hommes que nous suivons d’avoir une alimentation équilibrée, avec cinq fruits et légumes par jour. Il serait dommage de ne pas jouer là dessus en priorité, et de se contenter de prendre des cocktails vitaminiques préparés.

Retrouvez la liste de tous les gynécologues et spécialistes de la fertilité du couple sur www.conseil-national.medecin.fr

 

A SAVOIR

Nous savons déjà que la cigarette nuit grandement à la fertilité des hommes et des femmes, et notamment, pour celles-ci, à l’implantation de l’embryon. Une étude suédoise de l’université de Lund est allée plus loin en révélant que les hommes dont les pères fumaient pendant leur propre conception avaient 50% de spermatozoïdes en moins que ceux dont le géniteur était non fumeur, peu importe l’exposition de la mère à la nicotine. De nouveaux travaux menés auprès de 104 hommes âgés de 17 à 20 ans qui doivent encore être étayés par d’autres publications.

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