C’est une pathologie très fréquente, loin d’être réservée aux seules femmes âgées, mais qui reste le plus souvent taboue. Par pudeur, voire par honte, un tiers des femmes gênées par des fuites urinaires n’osent même pas en parler à leur médecin. Pourtant, il existe des solutions efficaces et très variées pour rester au sec. Rééducation périnéale, perte de poids, dispositifs médicaux, chirurgie, traitements médicamenteux, injection de botox: Ma Santé fait le point, avec le concours du Dr Caroline Thuillier, urologue au CHU de Grenoble (Isère).
Les fuites urinaires peuvent empoisonner votre vie à tout moment. Vous êtes en train de courir, de rire, de porter un carton, ou tout simplement, d’éternuer… Et voilà quelques gouttes d’urine qui s’échappent, malgré vous. Si le problème n’est pas grave, il peut être très gênant, et perturber les relations avec les autres, le sommeil et la vie sexuelle.
Pour en sortir, un seul réflexe à avoir : en parler. D’abord à son médecin traitant, qui pourra, si besoin, orienter vers un(e) urologue. Ce dernier pourra déterminer le type d’incontinence dont vous souffrez. Cette étape du diagnostic est cruciale, puisque les traitements diffèrent selon le type de fuites.
« L’incontinence à l’effort survient quand on tousse, lorsque l’on fait du sport, qu’on porte une charge lourde… », explique le Dr Caroline Thuillier, chirurgien urologue au CHU de Grenoble. L’effort augmente la pression exercée sur les muscles du plancher pelvien, qui ne jouent plus correctement leur rôle. « L’incontinence par impériosité, elle, se reconnaît par une envie extrêmement soudaine de faire pipi. » À tel point que la personne n’a souvent pas le temps d’arriver aux toilettes. « Enfin, l’incontinence mixte est une combinaison des deux. »
Fuites urinaires : toutes les femmes sont concernées
On pense souvent que seules les femmes âgées sont concernées. C’est totalement faux ! Même si l’âge augmente considérablement le risque, car la vessie, comme les autres organes, vieillit, et que le périnée s’affaiblit avec les années, le problème est loin d’être rare chez les femmes jeunes.
Pour s’en protéger le plus longtemps possible, il faut lutter contre les facteurs favorisants, comme le surpoids et l’obésité. « Perdre 10% de son poids diminue, voire fait disparaître, les fuites urinaires », précise le Dr Thuillier. La constipation chronique est aussi à combattre, car les poussées répétées abîment le périnée. « Les fumeuses ont tout intérêt à arrêter. » En effet, le tabac fait tousser, or la toux chronique est un facteur favorisant. Autre conseil : limiter la consommation de thé et de café, des excitants de la vessie.
La rééducation périnéale : premier recours aux fuites urinaires
Enfin, il est hautement recommandé de consulter un kiné ou une sage-femme spécialisés pour apprendre à mieux utiliser son périnée après un accouchement. La rééducation périnéale permet, manuellement ou avec une sonde de stimulation électrique, d’apprendre en quelques séances à contracter son périnée. Pour les femmes ménopausées, un traitement oestrogénique local (crème ou ovules) peut diminuer les fuites.
« Dès qu’on est gêné, il faut consulter », insiste le Dr Thuillier. Car de nombreux traitements existent, que le médecin choisira en fonction de la gêne de sa patiente, et de son type d’incontinence. « Avant une sortie sportive, on peut utiliser Diveen®. » Il s’agit d’un dispositif médical -une sorte d’anneau souple- qui s’insère dans le vagin, comme un tampon.
« Si cela ne suffit pas, on pourra poser une bandelette sous l’urètre, pour le soutenir, et empêcher ainsi les fuites. » Elle est posée en faisant une petite incision dans le vagin. « C’est une chirurgie qui se fait en ambulatoire. Les résultats sont excellents, et se maintiennent dans le temps. » D’autres traitements existent, notamment « des agents de comblement dans l’urètre, des ballons installés sous la vessie, voire même la pose d’un sphincter artificiel. » Celui-ci simule le fonctionnement normal du sphincter. « Quand elle a envie de faire pipi, la patiente appuie sur une pompe. »
Médicaments, stimulations électriques et même injections de botox !
« Les médicaments anticholinergiques marchent très bien chez certaines. » Ils aident à calmer l’hypersensibilité de la vessie. Ils sont souvent donnés pour une durée de trois mois. Mais ils ont des effets secondaires : sécheresse de la bouche, vision trouble, fatigue ou difficultés à uriner.
Autre possibilité, « une stimulation électrique posée à la cheville. C’est un traitement mini invasif, qui se fait à la maison : une séance de vingt minutes chaque jour ». Cette stimulation du nerf tibial diminue l’hypersensibilité de la vessie. Comme pour les rides, « des injections de botox dans la vessie vont permettre de la paralyser temporairement. Ça marche très bien, mais il faut refaire des injections tous les 6 à 12 mois. »
Enfin, il existe aussi un pacemaker pour la vessie. Des électrodes reliées à un boîtier placé sous la peau, dans le bas du dos, stimulent le nerf sacré qui commande la vessie. « C’est aussi réversible. » Bref, de nombreuses solutions existent. Vous trouverez probablement celle qui vous convient… à condition d’oser en parler !
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À SAVOIR
Le stop pipi ? Une très mauvaise idée ! Interrompre la miction avant que la vessie ne soit complètement vide est contre-productif. Non seulement cela ne va pas muscler le périnée, mais cela risque de favoriser les infections.