En hiver, le froid se traduit chez certains par le retour de la maladie de Raynaud. Ce trouble chronique de la circulation sanguine donne aux doigts et aux orteils une couleur blanchâtre, voire bleue. Le plus souvent bénigne, cette pathologie présente toutefois une forme secondaire beaucoup plus grave. Les explications du Dr Grégory Roucher, médecin généraliste à Caluire-et-Cuire (Rhône).
Le bout des doigts blancs puis bleus, une sensation d’engourdissement, des fourmillements… Ces symptômes caractérisent la maladie de Raynaud. Découverte en 1862 par le médecin français Maurice Raynaud, cette pathologie, liée à une mauvaise circulation sanguine et que l’on distingue bien d’une gelure, touche environ 6 % de la population française.
C’est quoi, cette maladie des doigts bleus ?
Le syndrome de Raynaud est un trouble de la circulation du sang touchant essentiellement les doigts mais aussi plusieurs autres extrémités du corps, c’est-à-dire les orteils, le nez et les oreilles. Les vaisseaux sanguins se contractent temporairement et privent les extrémités de l’apport en sang et en oxygène.
Ce phénomène se déclenche généralement par une exposition au froid et plus rarement en cas de stress émotionnel. Les femmes sont plus touchées que les hommes, tout comme les personnes possédant un proche affecté par cette maladie.
On distingue deux formes de la maladie de Raynaud, la forme dite « primitive » et la forme dite « secondaire » :
- La forme primitive est la plus fréquente. Elle représente plus 80 % des cas. En général, les symptômes sont assez légers. Cette forme primaire apparaît le plus souvent entre 15 et 25 ans. La plupart du temps, cette maladie disparaît d’elle-même après quelques années. La cause de la forme primitive de la maladie de Raynaud n’est pas connue : on dit ainsi qu’elle est idiopathique. Cette forme de la maladie n’est pas grave mais à un impact réel sur la qualité de vie.
- La forme secondaire, appelée aussi le « phénomène de Raynaud secondaire », est beaucoup plus rare mais aussi plus grave. Elle touche en général les personnes âgées de plus de 40 ans. Elle peut être causée par une maladie sous-jacente (notamment auto-immune comme le lupus ou la sclérodermie systémique), par la prise de certains médicaments, par le tabac mais encore par des maladies du sang. Cette forme secondaire, se déclenchant sans une exposition au froid, peut entrainer des complications, comme l’apparition d’ulcères sur les doigts.
Maladie de Raynaud : quels sont les signes ?
Une crise de la maladie de Raynaud peut durer quelques minutes voire quelques heures. Les symptômes se répartissent en trois phases consécutives :
- La première phase est la phase ischémique de vasoconstriction. Les doigts deviennent blancs et froids car la circulation sanguine diminue dans les artères. De plus, il y a souvent également un engourdissement et une perte de la sensibilité.
- La deuxième phase est la phase d’asphyxie. Les doigts ne sont plus approvisionnés en oxygène et deviennent très douloureux.
- Enfin la dernière phase est la phase de récupération. Les doigts se réchauffent et se tuméfient. Le sang revient progressivement et les doigts deviennent rouges. Des fourmillements, des pulsations et une légère enflure peuvent parfois être ressenti.
Peut-on traiter la maladie de Raynaud ?
Il n’existe pas de traitements ou de médicaments permettant de guérir le syndrome de Raynaud. Néanmoins, il est possible de diminuer la fréquence des crises et leurs intensités. Il faut ainsi :
- Éviter les changements brutaux de température et l’exposition au froid.
- Arrêter de fumer.
- Se réchauffer les mains et les pieds et bien se couvrir.
- Prendre de la vitamine D, qui favorise la cicatrisation.
- Éviter les médicaments qui pourraient aggraver ce phénomène.
- Prendre des inhibiteurs calciques. Ces médicaments sont prescrits par le médecin seulement l’hiver et sont destinés aux personnes touchées par la maladie de Raynaud dans les cas les plus graves.
À SAVOIR
Pour diagnostiquer la maladie des doigts bleus, un examen clinique est réalisé. Il peut-être complété par des examens d’imagerie médicale (le doppler qui explore le flux sanguin) et des analyses biologiques (bilan sanguin).