Le refus de la carte vitale n’a pour l’instant pas produit d’effets spectaculaires dans les services de l’assurance-maladie. L’administration constate juste une baisse “réelle mais modérée” des télétransmissions. De quoi aborder sereinement les prochaines semaines, même si se profile une nouvelle fermeture des cabinets, le 5 février prochain.
Menacés d’être ensevelis sous la paperasse, les services de l’assurance-maladie ont dressé un premier bilan plutôt rassurant du nouveau mot d’ordre lancé les syndicats de médecins pour infléchir la position de la ministre de la Santé, Marisol Touraine. Dans le cadre de leur volonté d’entamer une “guérilla” avant l’étude de la future loi Santé par le parlement, les médecins libéraux avaient notamment annoncé leur intention de refuser la carte vitale – avec l’accord de leurs patients – afin d’encombrer les services de la CPAM de feuilles de soin. Or, après une dizaine de jours de grève administrative, la direction de l’assurance-maladie a fait savoir que l’impact de ce mouvement de grogne était “réel mais modéré“. En d’autres termes, l’intention des praticiens de remplacer les transmissions électroniques, via la carte vitale, par l’envoi de formulaires papier n’a pas engendré de dysfonctionnements majeurs. Du moins pour l’instant.
En fait, l’appel à la grève administrative des médecins a surtout été entendu lors des premiers jours du mouvement. Le 5 janvier, première journée de la “guérilla” administrative, le nombre de feuilles télétransmises à l’assurance-maladie a chuté de plus de 17%. La baisse la plus spectaculaire a été enregistrée le lendemain, 6 janvier, journée “sans cabinet” pour les généralistes et les spécialistes. Ce jour-là, le nombre de feuilles de soins télétransmises a dégringolé de près de 30% selon la Caisse nationale de l’assurance maladie des travailleurs salariés (CNAMTS).
Un mouvement qui s’essoufle
Par la suite, cette grève administrative a eu tendance à s’essouffler, les télétransmissions ne diminuant que de 8,7% entre le mercredi 7 et le mardi 13 janvier par rapport à 2014. Sur l’ensemble de la période citée en référence (du 5 au 13 janvier), la baisse du nombre de feuilles de soin électroniques émises se limite à moins de 12% par rapport à l’an dernier. Un impact relativement faible, d’autant que les épidémies de grippe et de gastro-entérite font rage, multipliant les consultations chez les médecins généralistes. Malgré tout, à ce stade du mouvement, l’assurance-maladie se montre prudente sur d’éventuelles incidences de la “guérilla” administrative pour les patients, s’estimant pour l’instant incapable de mesurer “l’impact potentiel sur les délais de traitement au détriment des assurés“. Les médecins, de leur côté, ont annoncé leur intention de poursuivre leur mouvement, voire de le durcir dans les semaines à venir. Le syndicat des médecins généralistes, MG France, a ainsi appelé ses adhérents à une nouvelle journée de mobilisation, le jeudi 5 février, pour stigmatiser “l’absence de réponses concrètes à leurs revendications“. De nombreux cabinets devraient donc rester fermés ce jour là….
A savoir
La grève des médecins généralistes et libéraux est motivée par le projet de loi Santé étudié en avril au Parlement. Ce texte soutenu par Marisol Touraine, ministre de la Santé, prévoit notamment la généralisation du tiers payant, mesure destinée à dispenser tous les patients d’avance de frais. Autres points de discorde entre le gouvernement et les syndicats de praticiens, le transfert de compétence de certains actes médicaux (notamment les vaccins) vers des acteurs paramédicaux (en particulier les pharmaciens) et le renforcement des pouvoirs des Agences Régionales de Santé (ARS). Les praticiens réclament aussi une revalorisation de la consultation. Selon une récente enquête parue dans le JDD, 58% des Français soutiennent la grève des médecins libéraux français.