Alors que l’épidémie de bronchiolite bat déjà son plein, le Covid-19 gagne du terrain, suivi de près par la grippe, en phase pré-épidémique dans plusieurs régions françaises. Les virus de l’hiver ont pris leurs quartiers, comme chaque année, avec une circulation simultanée qui va forcément avoir un impact sur l’hôpital. En Auvergne-Rhône-Alpes, l’ARS et Santé publique France ont rappelé les règles de base pour contrer les virus. En première ligne ? Un appel à la vaccination, notamment des publics les plus fragiles. Une protection pour soi-même, mais aussi pour minimiser une forte tension hospitalière, à l’aube des fêtes de fin d’année. Le port du masque revient également sur le devant de la scène, comme en Savoie, où il redeviendra obligatoire dès le mercredi 13 décembre dans les hôpitaux d’Aix-les-Bains et de Chambéry.
“Nous sommes face à une cocirculation de plusieurs virus respiratoires, très active pour la bronchiolite, modérée pour le Covid-19 et débutante pour la grippe”. Le décor est planté, et les chiffres de Santé publique France confirment que les principaux virus de l’hiver ne sont pas en retard dans le pays, et plus particulièrement en Auvergne-Rhône-Alpes.
Les craintes, c’est désormais récurrent, portent sur la capacité de l’hôpital à absorber le flux de malades. Si Lyon et les autres grandes villes d’Auvergne-Rhône-Alpes semblent relativement bien armées, ce n’est pas le cas de tous les territoires, en cette période où le système de soins français, miné par une crise sans précédent, n’a jamais paru si fragile.
Bronchiolite : deux fois plus de passage aux urgences
Pour l’instant, ce sont les petites victimes de la bronchiolite qui affluent aux urgences. L’épidémie sévit pour la deuxième semaine consécutive, ce qui se traduit cette semaine, selon Christine Saura, responsable de la cellule régionale de Sante publique France, “par plus de 800 passages aux urgences d’enfants de moins de deux ans, soit le double de la semaine précédente”.
246 bébés ont d’ailleurs été hospitalisés après leur passage aux urgences, ce qui représente plus de 80% des hospitalisations d’enfants de moins de deux ans en Auvergne-Rhône-Alpes. Et si un vaccin développé par Sanofi est désormais disponible, il est encore un peu tôt pour mesurer l’impact de ce fameux Beyfortus® sur l’épidémie de bronchiolite.
Covid-19 : troisième semaine de hausse du nombre de cas
Comme PACA, le Grand-Est et dans une moindre mesure la Bourgogne-Franche-Comté, Auvergne-Rhône-Alpes fait partie des régions françaises où l’épidémie de Covid-19 progresse le plus rapidement. “La circulation du virus du SARS-CoV-2 est en augmentation dans la région pour la troisième semaine consécutive. Et si cette hausse reste modérée, elle est plus marquée que les semaines précédentes”, analyse Santé publique France.
Durant la semaine du 20 au 26 novembre, 3647 infections au Covid-19 ont ainsi été recensées dans la région. Une tendance qui s’applique à tous les départements d’Auvergne-Rhône-Alpes, l’Isère et la Haute-Savoie étant les plus touchés.
Grippe : Auvergne-Rhône-Alpes déjà en phase pré-épidémique
Côté grippe, les voyants sont désormais à l’orange. “Auvergne-Rhône-Alpes, comme l’Île-de-France et PACA, est passée en phase pré-épidémique, à peu près au même moment que l’an dernier“, confirme Christine Saura, la responsable de la cellule régionale de Santé publique France. Les dernières régions en date à être entrées en phase épidémique sont la Bourgogne-Franche-Comté, le Centre-Val de Loire, et le Grand Est. À titre d’exemple, les appels à SOS Médecin pour symptômes grippaux (378 la semaine dernière) ont doublé par rapport à la semaine précédente. Et les urgences ont constaté une hausse moyenne de 20% des passages pour les mêmes motifs.
Épidémies de l’hiver : gestes barrières et vaccination en berne
Tout l’enjeu, pour l’Agence Régionale de Santé, est de remobiliser la population pour atténuer la circulation des virus et empêcher l’engorgement des services hospitaliers. D’abord en rappelant l’importance des gestes barrières (lire À SAVOIR), tombés aux oubliettes. “Dans les transports en commun, on ne voit plus grand monde porter un masque, mais on y entend beaucoup tousser et se moucher!”, regrette le Dr Bruno Morel, responsable de la veille sanitaire à l’ARS Auvergne-Rhône-Alpes.
Le port du masque pourrait d’ailleurs bien redevenir la norme. Et notamment dans les centres hospitaliers. En Savoie, le CH Métropole Savoie a ainsi annoncé ce vendredi 8 décembre que à compter du “mercredi 13 décembre 2023, pour protéger les patients fragiles et éviter les épidémies au sein de l’hôpital, le port du masque sera obligatoire dans tous les services d’hospitalisation du CHMS : hôpitaux de Chambéry et Aix-les-Bains, maternité Eveillon, Soins médicaux et de réadaptation (SMR) de l’Hôtel Dieu. Cette mesure s’applique aussi aux visites aux résidents des EHPAD du CHMS, à Chambéry et Aix-les-Bains”.
Mais c’est surtout en matière de vaccination que les autorités sanitaires régionales soulignent un laisser-aller. “Les taux de vaccinations restent très en dessous des objectifs”, confirme le Dr Morel. Concernant la grippe, les pharmaciens font déjà état d’une baisse flagrante de la vente de vaccins dans leurs officines. Côté Covid-19 (390 000 vaccinés en Auvergne-Rhône-Alpes), certains départements sont particulièrement à la traîne, à l’image de l’Ardèche, du Cantal et de la Haute-Loire.
Grippe et Covid-19 : où se faire vacciner ?
L’accès à la vaccination na pourtant jamais été aussi facile. Le site www.sante.fr recense tous les lieux où se faire vacciner et la prise de rendez-vous se fait sans difficulté sur les différentes plates-formes de réservations médicales.
Le gouvernement a élargi l’acte vaccinal, jusqu’ici réservé aux seuls médecins, à d’autres professionnels de santé. Les pharmaciens, les infirmiers mais également les sage-femmes sont ainsi habilités à vacciner. La campagne de vaccination ouverte le 17 octobre préconise également une double injection simultanée, contre la grippe et le Covid-19 : “le même jour, au même endroit, un dans chaque bras”, précise le Dr Morel, qui conclut : “il est nécessaire et encore temps de se faire vacciner, d’autant que l’on compte une quinzaine de jours avant la pleine efficacité du vaccin”.
À SAVOIR
Incontournables il y a trois ans, les gestes barrières ont disparu de nos réflexes. Les autorités sanitaires rappellent toutefois toute l’importance d’un lavage régulier des mains, de l’aération des locaux, de l’éternuement dans le coude et des mouchoirs à usage unique. Le port du masque pour toute personne présentant des symptômes est également fortement recommandé.